Slightly Mad studios s'était fait un nom et son rachat par Codemasters laissait supposer que le jeu de course allait évoluer favorablement. Il semble plutôt aujourd'hui qu'il s'agissait de récupérer une équipe talentueuse pour développer de nouveaux projets, ou améliorer les séries existantes... Et de "tuer" Project CARS tel que nous l'avons connu. Explications.

Le projet pas CARS

A la lecture de l'introduction et du titre, vous avez sans doute déjà compris que quelque chose ne va pas. Tuons de suite le suspens, Project CARS tel que vous l'avez connu n'existe plus. Les voitures ne changent plus d'état (en dehors de quelques rayures esthétiques), que ce soit pour la gestion des dégâts ou les parties d'usure. Les pneus restent neufs, l'essence est infinie et il n'y a donc plus aucune raison de passer aux stands et de gérer une quelconque stratégie. De toute manière, même en avançant bien dans le jeu, les durées de course ne sont pas compatibles.

Entre les voitures et les types de transmission, pas de changement non plus. Que vous soyez au volant d'une antique et vénérable GT40 ou d'une Renault Clio, c'est pareil. Peu importe que vous ayez 600 Cv sous le capot, que ce soit une propulsion ou une traction, cela se conduit peu ou prou de la même manière. Un sacré hiatus, puisque le fait d'avoir une voiture évolutive et "vivante" était précisément un gros point fort de la série.

C'est d'autant plus regrettable que la liste des voitures est suffisamment éclectique pour satisfaire la plupart des amateurs de jolies carrosseries avec un peu plus de 200 modèles au compteur. Ce qui achève de démontrer que le réalisme et la cohérence ne sont plus de mise, c'est aussi les mélanges contre nature des épreuves proposées.

Incohérent

Le mode Carrière vous pousse à optimiser les manoeuvres faisant gagner de l'expérience pour évoluer en niveau et toujours débloquer de nouvelles épreuves. Un fonctionnement éculé avec des courses contre la montre en paquets sur routes ouvertes ou circuits fermés. Lancez une épreuve et vous allez vous retrouver avec des américaines sur des courses réservées aux japonaises, des voitures historiques avec des hypercars... En définitive, cela ne change rien au jeu lui-même, mais pour les pilotes qui veulent faire des liens, il y a de quoi s'arracher les cheveux.

Le sentiment de traitement au rabais se révèle aussi au niveau des circuits. On retrouve bien certains tracés classiques, mais tout semble s'être passé comme s'il avait fallu tailler dans le vif pour économiser les frais de licence des circuits. Des coupes franches partiellement compensées par de jolies créations originales (sur route ouverte notamment) et des copies à peine voilées de véritables tracés.

Seule originalité dans une carrière très linaire et sans aucune trame scénaristique : les épreuves de régularité (garder les mêmes temps avec un régulateur de vitesse), ou de ciblage qui demandent au pilote de dégommer... des cibles réparties sur la piste. Si vous en doutiez encore, vous ne jouez plus vraiment à Project CARS.

La question est vite répondue

Ok, ce n'est plus Project CARS. Mais est-ce que c'est tout de même un bon jeu de voitures ? Techniquement non. Le moteur graphique n'a pas évolué, ça aliase, ça "poppe", ça bave et ça bugge même en affichage lorsque les conditions météo sont un peu compliquées. Le tout semble très artificiel et provoque une sensation de malaise. Les vues de conduite sont moins nombreuses (plus de vue casque) et la vue tableau de bord peut même être qualifiée de moche dans certaines voitures.

Manette en mains, c'est bien mieux. Alors que c'était un point d'achoppement pour les deux premiers volets, on sent ici qu'un travail particulier a été effectué pour le rendre jouable à la manette. Si vous voulez sacrifier encore (un peu plus) la qualité graphique sur l'autel de la fluidité, c'est possible (il y a une option pour ça). La conduite est agréable et les courses en paquet sympathiques, même avec une IA moyenne. Il faudra relever la difficulté réglée de base bien en dessous du niveau moyen des joueurs de titres de course.

"Bon les gars, il faut nous sortir un PC3 avec un budget minimum et pour l'année prochaine. On a déjà une licence arcade avec DiRT, s'agirait de pas lui faire de l'ombre (d'ailleurs virez-nous le rallye-cross au passage)." C'est d'assez mauvaise foi, mais c'est peut-être ce qu'ont entendu les gens de SMS. Project CARS 3 ne mérite pas son nom et reste un jeu de bagnoles trop moyen pour sortir du lot.