The Wonderful 101 a beau avoir "l'Unimorphisation" pour mot d'ordre, l'oeuvre d'Hideki Kamiya tend à diviser (voir notre TEST). D'aucuns y voient un coup de génie passé inaperçu à cause de son exclusivité Wii U, tandis que d'autres la considèrent comme une expérience trop extravagante, même de la part de PlatinumGames. Après une campagne Kickstarter éclair un tantinet fumeuse, cette version Remastered vise donc à mettre tout le monde d'accord.
A première vue, rien n'a changé, hormis le retrait de la pancarte Nintendo dans l'intro, les temps de chargements raccourcis, quelques ralentissements sur station d'accueil, et un rendu logiquement plus fin sur l'écran de la Switch, grâce à sa résolution supérieure à celui du GamePad. Néanmoins le défi se situait plutôt du côté de l'ergonomie, en raison d'un concept pensé pour la tristement fameuse console de salon. Son écran intégré servait éventuellement à présenter certains passages selon deux points de vue distincts, et à la gestion des troupes la majeure partie du temps. Une seconde fenêtre forcément affichable en simultané sur l'unique écran dorénavant, avec l'option de la déplacer, la réduire, l'agrandir, la positionner à côté, ou modifier sa transparence. Ce compromis ne s'avère guère pratique, surtout que la dalle tactile permet également de tracer la Wonder Ligne, de sorte que l'on privilégie l'usage alternatif du stick droit pour ces manipulations, réactivité et lisibilité obligent. Car ce beat'em all débordant d'idées repose sur une gestion du timing exigeante, déjà perturbée par le positionnement toujours problématique de la caméra et la vue isométrique, sans parler de la multitude de situations certes complètement ahurissantes, mais pas évidentes à appréhender de prime abord. Pourtant le bradage des techniques essentielles dans la boutique souligne une volonté de faciliter l'accès à cette super production de combo, des efforts hélas insuffisants pour convaincre un plus grand public.
A l'instar d'une partition orchestrale, The Wonderful 101 Remastered demande un déchiffrage, puis maintes répétitions - en témoigne cette légère remasterisation - avant d'être assimilé. Et ce n'est qu'une fois cette étape franchie, en l'occurrence le périple achevé, que le plaisir arrive, révélant ainsi sa grandeur. Une telle jubilation amène à pardonner, sinon oublier toutes les errances de ce jeu démentiel, hyperactif et véritablement unique, cependant réservé aux "happy viewtiful".