Sur le papier, Liberated avait tout pour plaire : lutter contre la surveillance généralisée de la société en feuilletant avec frénésie les pages d'un comic book en noir et blanc, voilà qui s'annonçait comme une bonne idée, taillée pour la transportable Switch. Malheureusement, derrière le pitch, il y a un jeu... sans idée. L'aventure plus ou moins textuelle d'Atomic Wolf enchaîne à ce point les poncifs qu'on se demande parfois s'il ne vaudrait pas mieux en rire. L'intrigue ô combien cliché nous plonge d'abord dans ans la peau d'Igo, fils du Ministre de l'Intérieur local, qui tente par tous les moyens de dissimuler son identité numérique, pour garder une infime part de liberté. Mais après une descente musclée, notre héros se retrouve obligé de prêter main forte à un groupe de résistants, les Liberated, une sorte d'Anonymous de seconde zone, qui ne parvient à s'exprimer qu'à travers des répliques qu'on jurerait sorties des pires nanars des années 1990.
La lecture de leurs aventures monochromes traîne, au propre comme au figuré, puisqu'il faut parfois une double page pour faire avancer une action poussive, qui ne profite que trop rarement du cadrage offert par le support pour dynamiser sa narration. Les cases s'enchaînent, et cèdent la place à des phases d'action, assez rigides, qui restent au diapason en enfilant également de nombreuses perles. Les protagonistes de l'aventure font surtout preuve d'une grande rigidité, dans leurs déplacements comme dans le maniement des armes à feu, qui permettent de flinguer à tout va le personnel de surveillance de toute une base, quand bien même la mission aurait été décrite comme pacifiste. Si de rares efforts de mise en scène apparaissent de temps à autre (lors de phases de conduite), ils dévoilent avant tout un moteur d'un autre âge, toussotant pour trois fois rien, et qui peine malgré tout à faire tourner correctement ses cinématiques bien vilaines. On croit rêver.
Mais non : au fur et à mesure de ses « issues », Liberated nous amène sans cesse à nous demander s'il parviendra enfin à proposer quelque chose de bien ficelé, d'agréable, voire même de tolérable... en vain. La valse des clichés ne semble jamais vouloir s'arrêter, et l'on finit par se demander s'il ne vaudrait pas mieux ouvrir un vieux comic book, ou relancer un Gunman Clive des familles plutôt que d'espérer voir le bout de ce mauvais numéro. Une chose est sûre : les amateurs du genre auront toutes les raisons du monde de se tourner vers la version PC, qui semble techniquement s'en sortir bien mieux que cette version Switch clairement aux fraises, pour rester poli.