Imaginez refaire la même dissertation tous les ans. Imaginez le même devoir à réaliser à 365 jours d'intervalle. C'est ce qu'on demande aux gens de Milestone et aux autres qui doivent rendre compte des évolutions avec le devoir précédent. Pour MotoGP 20, il n'y aura pas de confinement, la sortie est confirmée. Mais est-ce que le jeu est contaminé par la paresse des suites à répétition ?
Milestone décline le deux-roues à toutes les sauces. Dans la boue avec les Monster Energy Supercross, sur des routes plus ouvertes avec la série Ride (qui a très bien évolué) ou sur piste avec son vaisseau amiral, j'ai nommé MotoGP. MotoGP, ou l'équivalent deux-roues de la série des F1. Tout comme les Formula One, MotoGP doit proposer de la nouveauté. L'année dernière, c'était une nouvelle IA avec ANNA, cette année Milestone vous propose de devenir un peu plus manager que d'habitude.
Directeur des ressources humaines
La gestion de Carrière gagne des paramètres humains supplémentaires, puisqu'il faut à la fois gérer les aspects techniques du développement de vos machines et les contrats liés à votre carrière. Ainsi, vous devez choisir votre agent afin qu'il négocie au mieux vos contrats et vous déniche de juteux revenus. Bien entendu ses compétences sont directement liées à son salaire et si vous gérez mal votre budget il ira voir ailleurs sans états d'âme. A ce propos, il peut d'ailleurs être intéressant d'économiser de suite votre argent en le licenciant dès que vous avez obtenu ce que vous vouliez... En 10 semaines un contrat est négocié et vous pouvez ainsi mettre plus de sous dans votre équipe.
Car l'équipe a besoin de personnel et d'ingénieurs pour développer la moto dans quatre grands compartiments ; le moteur, le châssis, l'aérodynamique, l'électronique et fabriquer également de nouvelles pièces. Chaque domaine comporte son propre arbre de développement. Le staff technique n'est pas extensible, à vous d'orienter les priorités et d'organiser également vos essais pour faire progresser la machine.
Les essais inter-saison et les objectifs à atteindre pendant les essais de course vous octroient autant de points de développement que vos performances sont élevées. De quoi vous motiver à passer du temps sur la piste. En revanche, ces objectifs manquent de variété car il s'agit toujours de rester le plus possible sur la trajectoire idéale, réaliser cinq tours sous en un temps défini ou réaliser deux tours rapides.
La gestion d'équipe apporte un peu plus de profondeur au jeu, mais ne s'inscrit toujours pas dans un univers vivant. Il n'y a pas d'histoires entre les pilotes, il ne se passe pas grand chose qui anime les paddocks. L'intégration de ces modules s'est faite par dessus ce qui existait déjà. A tel point que les animations d'entrée aux stands sont strictement identiques ainsi que les commentaires en voix off. Ce que vous avez gagné, ce sont des menus en plus.
Complet et précis
En termes de contenu, MotoGP 20 reste la référence. Vous y trouverez toutes les équipes et tous les pilotes des catégories contemporaines, mais aussi historiques. MotoGP, Moto 2, Moto3, MotoGP historique (moteurs quatre temps), et 500cc en deux temps. Le contenu historique n'est pas intégralement accessible d'emblée, il faut tout d'abord réussir les épreuves du même nom pour débloquer à la fois les écuries et les pilotes. Le niveau de difficulté max est d'ailleurs particulièrement relevé et risque de vous donner quelques cheveux blancs. On note au passage que les motos électriques sont passées aux oubliettes.
Les tracés sont à l'avenant. Les vingt circuit officiels sont présents, ainsi que deux circuits historiques avec Laguna Seca et Donington, Park.
Milestone dispose depuis quelques années d'une expertise pour la modélisation des motos et on retrouve une grande précision dans l'attitude des pilotes. Un Rossi complètement couché sur la piste par exemple, avec des sorties de pieds spectaculaires sur les freinages. Vous-même pouvez personnaliser l'attitude de votre pilote en empruntant le style que vous souhaitez. Le souci du détail est appréciable en mode photo ou en profitant des ralentis, ce qui vous laisse l'occasion de relever une foule de petits détails. Par exemple le freinage à deux doigts en entrée de courbe ou le passage des vitesses en accord avec le rapport enclenché. Vous noterez aussi que malheureusement, les abords de piste sont en confinement... Il ne se passe pas grand chose dès qu'on quitte l'asphalte.
En revanche, sur la piste il y a du neuf tant sur le plan cosmétique que mécanique. Les dégâts sont maintenant visibles et leurs conséquences peuvent peser lourd sur une séance. Si les performances semblent n'être que légèrement impactées, vous perdez un temps considérable à réparer aux stands. Une séance de qualifications peut ainsi être totalement ruinée par une touchette. Sans mentionner bien entendu les conséquences d'une chute.
Par dessus le contenu officiel, vous avez tout le loisir de personnaliser totalement votre pilote et votre écurie dans les moindres détails. Casque, combinaison, moto, gants, bottes, absolument tout y passe.
T'inquiètes, je gère
Sur la piste cela se passe aussi bien qu'en 2019 avec une retouche plus qu'intéressante concernant le moteur. Mais restons pour le moment sur les bases et les acquis. Grâce à des aides et aux paramètres de difficulté personnalisables, MotoGP 20 est un jeu très accessible et à la fois très pointu. Il saura donner satisfaction à ceux qui veulent juste un jeu de course et aux autres qui cherchent à obtenir une simulation plus ardue à maîtriser. A ce titre, la difficulté est par exemple réglée à 40% par défaut. Pour un joueur habitué, il faut de suite la remonter aux alentours de 80 à 90% afin d'avoir un challenge intéressant.
Les vieux réflexes reviennent vite, le plaisir de conduite également : on freine comme des gorets en ligne (quitte à soulever l'arrière), on relâche un peu en entrée de courbe, on joue avec la poignée pour modifier le rayon de braquage et on ré-accélère progressivement en redressant la moto en sortie de virage. Une fois que vous aurez compris l'IA qui n'est pas plus intelligente que l'année dernière (la difficulté change surtout ses points de freinage beaucoup trop précoces en mode facile), les courses en paquet deviennent plutôt intéressantes. D'autant qu'il faut mieux gérer son engin.
En plus du contrôle de traction, de l'anti wheelling et du réglage de friction pour la décélération de la moto, il faut maintenant jouer avec la cartographie du moteur. Si les trois premiers paramètres sont fonction de votre style de conduite et risquent peu de varier pendant une course, jouer avec la cartographie moteur et donc sa puissance va forcément avoir une influence sur la consommation. Plus vous sortez de watts, plus vous consommez de jus. Bien sûr, il faut garder de quoi terminer la course, mais aussi avoir la puissance nécessaire pour passer devant.
D'autant que le comportement de la moto change évidemment en cours de route. En brûlant du carburant, elle s'allège et entre plus vite en courbe. Les gommes s'usent cependant et votre rayon de virage augmente. A vous d'ajuster vos trajectoires pour toujours chopper l'apex et ne pas non plus perdre l'arrière, de plus en plus joueur au fil des tours. Rester sur le fil du rasoir est toujours aussi grisant, quelle que soit la vue de conduite que vous choisirez.
Pareil en mieux
Est-ce qu'une année de développement justifie les changements principaux qui caractérisent cette itération 2020 ? On peut se poser la question du point de vue de l'utilisateur qui n'a aucune idée de ce que cela peut impliquer en termes d'heures de travail.
Mais MotoGP 20 n'est pas moins bon que son prédécesseur qui était déjà excellent. Ces changements justifient-ils qu'on passe à nouveau à la caisse pour se mettre à jour ? La réponse est mitigée. Les habitués des add-on sur PC auront vite fait de revendiquer que cela aurait simplement pu faire l'objet de patchs successifs pour en arriver là. Les fans de MotoGP et les utilisateurs consoles ne se poseront pas la question longtemps.
D'autant que le plaisir de conduite et de gestion des courses sur des durées de 100% est délectable. Surtout lorsqu'on peut moduler légèrement le comportement de la moto et réellement gérer la course. Si vous aimez la moto, c'est oui sans hésiter. Si vous vouliez juste un jeu de course moto, restez sur l'édition 2019.
Il reste un dernier paramètre qui n'a malheureusement pas pu être évalué en profondeur pendant cet essai et qui méritait quelques ajustements ; le jeu en ligne. Ce sera le contrôle continu pour Milestone en 2020 afin de valider que MotoGP 2020 est bien apte à réunir les pilotes virtuels dans de bonnes conditions sur les pistes du loisir et de l'eSport.