Vous connaissez le picross ? Mais si, vous savez bien, ces espèces de grilles qui une fois noircies forment vaguement une image. Moins répandu dans les chaumières européennes que le sudoku, le picross s'est depuis longtemps fait un chemin sur nos consoles favorites, grâce d'abord à un certain plombier moustachu au milieu des années 90. Connu avant tout pour ses jeux flash puis pour le portage du délirant Hatoful Boyfriend, le studio Mediatonic fait le choix surprenant de marier picross et visual novel dans leur nouvelle production saupoudrée d'enquête policière : Murder by Numbers. Faites chauffer vos méninges !
Alors qu'elle vient de se faire renvoyer de la série dans laquelle elle tenait l'un des rôles principaux, Honor Mizrahi se retrouve mêlée à une sordide affaire criminelle. Et quand la malheureuse victime n'est autre que le showrunner qui l'a licenciée, toutes les suspicions se portent sur elle...
Paroles d'Honor
Nous faisant évoluer dans l'Hollywood des années 90, l'intrigue suit donc les pérégrinations d'Honor, qui sera amenée par la force des choses à délaisser son métier d'actrice pour enquêter sur différents meurtres. Elle sera épaulée par l'irascible détective Cross et surtout par le robot SCOUT, sorte de tube cathodique flottant qu'elle aura rencontré le jour de son renvoi. C'est au fur et à mesure de la résolution des énigmes qu'ils apprendront à se connaître ; cela leur permettra également de dénouer des conflits personnels liés à leurs passés respectifs.
Si la très belle relation qu'entretiennent Honor et SCOUT est au coeur de l'intrigue, le reste du casting n'est pas en reste : qu'il s'agisse de l'insupportable Becky, de l'acariâtre mère d'Honor, de l'exubérante drag queen Fran ou de l'intraitable avocat Ray, tous les personnages jouent leur partition, sans jamais verser dans le cliché. Murder by Numbers jouit en effet d'une écriture subtile et aborde des sujets matures comme la question du genre ou la perte d'un parent, tout en distillant par ailleurs des répliques savoureuses et drôles - souvent grâce à SCOUT. Répliques d'ailleurs uniquement en anglais, hélas.
Visual novel oblige, on passe le plus clair de son temps à voir défiler les illustrations de personnages qui, si elles auraient mérité de présenter plus de facettes pour chacun d'eux (quatre ou cinq seulement, y compris pour Honor), bénéficient du très bon coup de crayon d'Hato Moa, déjà aux fourneaux sur le sus-nommé Hatoful Boyfriend. Le titre ne propose aucun doublage et les bruitages qui accompagnent les réactions des personnages sont grossiers et assez inadaptés à la situation. Enfin, notons la participation de Masakazu Sugimori (Viewtiful Joe, Phoenix Wright) qui livre ici une bande-son entraînante et qui ne lasse jamais, ce qui est un exploit vu la récurrence des morceaux.
Tomber sur un picross
Pour rappeler un peu plus en détails le principe du picross, il s'agit de grilles de taille variable (de 5x5 à 20x15 dans le jeu) dans lesquelles chaque ligne/colonne dispose de cases qui doivent être noircies en fonction des indications numérales fournies, en respectant au moins un espace de séparation entre chacune et en suivant l'ordre donné. Pour nous aider, le jeu nous invite à mettre une croix sur les cases dont on est sûr qu'elles ne peuvent être noircies. Il faut donc faire appel à certaines règles de logique en fonction des différents emplacements disponibles, règles rappelées lors d'un court tutoriel au début du jeu. Celui-ci nous propose également d'isoler les lignes/colonnes qui peuvent complétées sur le moment, ce qui n'est vraiment pas du luxe sur certaines grilles.
Dans le cadre de l'intrigue, un picross doit être résolu quand SCOUT scanne un espace donné et essaye d'identifier l'objet trouvé lui permettant d'avancer dans l'enquête en cours. On regrettera que cette phase de scan soit très simpliste puisqu'il suffit de balayer l'écran pour dénicher l'objet. Concernant les picross eux-mêmes, on aurait souhaité davantage de diversité dans l'approche, puisque la seule variation proposée consiste à résoudre des 5x5 dans un court laps de temps.
Chaque picross résolu permet d'obtenir des points qui sont fonction de votre utilisation ou non des cheats mis à disposition à savoir le remplissage aléatoire de cinq cases et la vérification des cases erronées. Le score évoluant, la note du joueur progresse également, pouvant passer de F à S, ce qui donne accès à des picross supplémentaires. Le fait de résoudre tous les picross liés à chaque affaire du jeu (quatre, pour quatre notes différentes donc) débloque l'accès à des souvenirs de SCOUT. En tout et pour tout, il faut compter sur 20 à 25 heures de jeu pour résoudre les quatre affaires de la trame principale, sans compter la dizaine de plus pour achever les 69 picross optionnels.