Joué pendant quelques dizaines de minutes à la Gamescom cette année, Need for Speed Heat avait fait l'unanimité. L'unanimité pour dire qu'il était vraiment... mal barré. Aucune sensation de vitesse, une prise en main complètement aux fraises (pour tout le monde, ce qui est rare) et des graphismes peu engageants. Sans compter l'IA totalement dépassée. Il semble que c'est la démo du salon allemand qui ait été bâclée. Le jeu, heureusement n'est pas aussi catastrophique.
On ne compte plus les itérations de Need for Speed. Depuis que la licence existe elle a connu le meilleur et le pire. Hot Pursuit par exemple a occupé les amateurs de courses-poursuites endiablées avec succès. Payback au contraire, s'est enlisé dans ses travers de nanar non assumé. Où se situe ce Heat ?
Palm City, plate city
L'environnement de NFS Heat est archi-connu. La ville de Palm City est un archétype façon Los Angeles d'une ville de la côte ouest américaine. Si elle est vaste, elle ne brille pas par son originalité. On retrouve une série d'éléments connus qui cochent toutes les cases des classiques du genre ; Des plages, des zones montagneuses, un circuit en ovale, des autoroutes, des routes plus petites et également de quoi faire un peu de tout terrain.
Vous avez donc largement de quoi utiliser toute la palette de vos talents, que vous aimiez frôler les 300 Km/H, enchaîner les virages serrés façon gymkhana ou vous envoler sur des tremplins à des hauteurs indécentes. C'est donc complet, mais sans aucune originalité. Les bâtiments sont d'architecture assez simple, les rues sont vides de passants et seules quelques voitures parcourent les routes de Palm City pour y mettre un peu d'animation. Étrangement, elles apparaissent à intervalle très régulier lorsque vous êtes en mode hors la loi pendant les courses de nuit.
Le monde de Heat est un peu vide et sans âme. On commence déjà à se dire que les cases du cahier des charge NFS ont été cochées, sans forcément penser d'abord à créer un univers cohérent. On est à 100 lieues d'une ville aussi riche que dans un GTA par exemple.
Pilote le jour, hors-la-loi la nuit
La ville propose cependant une ambiance plus typée la nuit grâce à un système d'éclairage très agréable. Le moteur maison (Frostbite) s'en sort très bien et rend hommage aux divers effets graphiques que peuvent provoquer les déclenchements de nitro, les dérapages et les néons installés sous les bas de caisse. C'est joli, presque trop parfois en frôlant quelques soucis de lisibilité. L'effet coup de pied aux fesses de la nitro est cependant timide.
Mais la nuit n'est pas qu'un changement d'ambiance dans Heat. Les rythmes circadiens sont prétextes à habiller une progression qui s'articule à la fois autour du gain d'argent et de réputation. Dans les deux cas, vous pouvez gagner quelques deniers ou augmenter votre réputation. Dans les deux cas vous pouvez provoquer des poursuites avec la police. Mais le jour vous propose beaucoup plus de courses "légales" pour gonfler votre compte en banque, alors que la nuit fait grimper votre réputation en flèche avec des courses de rues traquées par la police.
Le jour, vous faites donc des réserves pour acheter de nouvelles pièces et d'autres voitures, la nuit vous allez progresser en niveaux de réputation (en fait de l'expérience), pour débloquer de nouveaux éléments et de nouvelles voitures à acheter. Ce sont des systèmes classiques, mais avec une mise en scène intelligemment intégrée à l'univers NFS.
En fil rouge de ces journées ou de ces nuits se développe une histoire autour de la progression du pilote que vous incarnez et de ses nouveaux et ses nouvelles amies. Le scénario vous marquera autant que les dialogues d'un Fast & Furious, mais peu importe. On se diverti, on ne demande pas de développements philosophiques.
Paie ta caisse
Vous le savez maintenant, il faut jongler entre les jours et les nuits pour progresser et garnir son garage. Cette progression est cependant lente, car vous ne faites jamais les deux en même temps et vous aurez vite compris qu'il faut dépenser un maximum d'argent le jour pour ne pas le perdre la nuit, si vous vous faites arrêter par la marée chaussée. La réputation elle, est acquise quoi qu'il arrive. Il ne faut donc pas être pressé de collectionner les voitures et vous concentrer sur les diverses pièces qui pourront modifier votre engin en fonction des épreuves qui vous attendent (beaucoup plus économique que d'acheter d'autres voitures).
Un large éventail de pièces sont en effet disponibles à la fois pour augmenter les performances et pour changer le comportement de la voiture. Par exemple en la tunant pour le drift ou pour le grip piste ou route. Chaque médaille a son revers, mais globalement, vous choisissez entre efficacité et esbroufe. Inutile d'avoir une caisse qui aime la boue et les dérapages, si vous allez faire une course sur un ovale. Inutile également d'en augmenter l'appui aérodynamique qui est réglable à la volée (ce qui est plutôt sympa comme possibilité).
A vous donc de préparer la meilleure configuration pour compléter les activités annexes qui allongent artificiellement la durée de vie mais cochent ici encore des cases obligatoires dans le cahier des charges de la course à monde ouvert ; Courses chronométries, concours de drift, saut en longueur, radars pour vitesse maximale...
Quoi qu'il en soit, vous devrez composer avec une prise en main pour le moins particulière. A la Gamescom, elle était catastrophique. Le point de perte d'adhérence était situé dans une zone morte très réduite. La voiture décrochait ainsi d'un seul coup et raccrochait de la même manière. Quasiment incontrôlable. C'est maintenant beaucoup mieux avec des trajectoires de drift contrôlables et deux techniques possibles pour déclencher la glisse. Soit en relâchant l'accélérateur et en l'enfonçant à nouveau à fond (par défaut et cela colle au vrai drift), soit en mettant un coup de frein pendant le virage. La conduite n'est pas réaliste (c'est un NFS !), mais elle peut être très technique et donner l'occasion de jolis challenges en ligne.
La classe à Dallas, dans le coup pour ton crew
L'ambiance générale est bigarrée et, nous l'avons vu, magnifiée la nuit. La musique défonce les basses et vous êtes au royaume de la Jacky Touch. Chacun ses goûts et pour les combler, vous aurez également accès à des éléments cosmétiques. Ailerons, jupes, pare chocs, optiques... Des pièces aux noms des grandes marques, tout comme les fringues que votre avatar peut porter.
Tout cela pour avoir la classe dans le crew (l'équipe) que vous pouvez créer/intégrer. NFS Heat pousse les joueurs à jouer en ligne et à se défier les uns les autres pour gagner encore plus de rep ou de cash. Indéniablement, ce sera un des aspects qui pourraient casser la monotonie du jeu et augmenter sa durée de vie. Rouler avec ses potes en bande a une toute autre saveur que d'enchaîner les courses de manière répétitive et mécanique. Surtout lorsque vous pouvez jouer avec l'IA de la police qu'on finit par tromper assez facilement avec l'expérience.
C'est ce que vous attend si vous prévoyez de longues heures de jeu sur NFS Heat. Les missions principales et annexes du jeu sont quelques bouffées d'oxygène et vous n'aurez pas trop de farming à faire pour les compléter (elles ne se débloquent qu'après un certain niveau de Rep). A moins que vous soyez fan de collectionnite pour récupérer tous les tags de la ville, détruire tous les panneaux publicitaire, ou encore collectionner les flamands roses en néons.
Need for Speed Heat s'en sort finalement plutôt bien grâce à un travail sérieux, pour produire un résultat classique. Il nous a fait très peur à la Gamescom et se révèle finalement être un bon jeu de course en monde ouvert. L'investissement sur le temps de jeu est conséquent, mais n'espérez pas vivre une aventure marquante. Bon Dieu, laissez-nous jouer aux gendarmes et aux voleurs d'emblée la prochaine fois ! La Police n'est pas directement jouable dans cet opus ! Il aurait été tellement plus intéressant de vivre une aventure sous deux éclairages différents au lieu d'opposer la liberté des Crews et la corruption de la police de Palm City !