The Surge 2 a commencé à envahir les étals de revendeurs de jeu vidéo sur PS4, Xbox One et PC, et nous avons passé énormément de temps dessus pour vous dire ce qu'on pense de cet énième clone de Dark Souls. A-t-il suffisamment d'arguments pour se faire remarquer parmi la masse et une concurrence agressive qui sort au même moment ?
Pour les allemands de Deck 13 interactive, c'est l'heure de vérité. The Surge 2 est le troisième jeu du studio à exploiter le filon Dark Souls, avec plus ou moins de succès jusqu'ici. Le premier, Lords of the Fallen, n'a pas soulevé les foules, sauf quand il a été offert avec l'abonnement PS+. Le deuxième, The Surge, était plus encourageant. Il transposait une formule plutôt dark fantasy dans ses fondations dans dans un univers futuriste cyberpunk et avec des sensations plutôt viscérales, mais il se perdait alors, dans tous les sens du terme, dans un level design hasardeux, labyrinthique et où tout se ressemblait. The Surge 2 saura-t-il corriger tout ses défauts pour présenter une copie qui en vaille la peine ? La réponse tout de suite.
La Poussée 2
The Surge 2 commence dans la prison de Jericho City, où l'on se réveille, amnésique, après un crash d'avion et un passage dans un éditeur de héros, homme ou femme, plutôt succinct, avec peu d'éléments différents, et pour la plupart androgynes. Une fois sorti de notre geôle, qui sert de tutoriel avec des panneaux sur les murs et des épreuves pratiques, il est temps de découvrir la ville, avec des décors plutôt variés en opposition à ceux du premier épisode ! La cité occupe le plus de terrain, mais avec différents degrés de déglingue et/ou de futurisme, ce qui permet d'identifier assez facilement les différentes parties de la carte. On pourra même aussi trouver une forêt et des canyons assez denses, de quoi vous donner quelques sueurs froides.
Niveau narration, on reste sur quelques chose d'assez basique et dépouillé, avec quelques discussions à choix multiples avec les PNJ, au comportement parfois très fourbe, mais aussi via de nombreux logs audio et des échos du passé, sortes de fantômes figés dans le temps qui nous racontent une histoire. Quelques scripts des familles sont aussi de la partie, on trouvera aussi des références à l'original, via quelques personnages et des textes en français ; la qualité des doublages anglais est assez variable, notamment en ce qui concerne les voix annexes des mobs qui se baladent sur la carte, pas toujours justes.
Attention chérie, ça va trancher
Alors bien évidement, de par son statut de Souls-like, The Surge 2 va emprunter bon nombre de concepts à son maître, dont une difficulté qui peut sembler rédhibitoire au premier abord et aux moins téméraires. En effet, le jeu est ultra punitif envers le moindre excès de confiance, en plus de se révéler déjà bien traître et super rapide. L'eau est aussi définitive que dans Nioh, et les chutes sont bien violentes aussi : certaines sont mortelles, d'autres non... L'exploration s'articule ici aussi autour des stations médicales, qui servent de refuges, permettent de passer des niveaux en échange de l'expérience chèrement acquise, mais aussi de stocker son précieux pour plus tard si jamais on n'en a pas assez. La mort reste toujours très amère, et potentiellement catastrophique, puisque si l'on passe l'arme à gauche, il faudra revenir sur le lieu de son trépas pour récupérer son butin. Et si on passe encore une fois dans l'au-delà, c'est fini. On a tout perdu. Procédé assez vicieux, dans The Surge 2, on dispose d'un temps limité pour parvenir à ses fins après un premier échec. Mais cela offre d'autres avantages : notre boule d'XP redonne de la vie tant qu'on reste dans son périmètre... On peut donc mourir exprès contre un boss pour lâcher l'item au centre de l'arène, puis farmer quelques mobs pour augmenter la taille du chronomètre jusqu'à 5 minutes, avant d' aller affronter à nouveau ce gros méchant avec une béquille plus que salvatrice ! Attention tout de même à ne pas mourir à nouveau avant d'avoir pu la ramasser...
Pour ce qui est de la fiole de soins, elle possède un nombre très limité d'utilisations. Pour la recharger, il faudra passer à l'offensive : C'est en portant des coups que l'on remplit sa batterie, qui peut ensuite servir à se soigner. Si on se débrouille bien, on peut avoir accès à des soins réguliers, même pendant un combat de boss. La batterie sert aussi dans un autre aspect du gameplay : L'amputation de membres adverses ! En effet, pour looter une arme, il faut couper un bras, et pour un bout d'armure ou un implant, le membre en question. Le choix de la zone se fait avec un bon vieux lock des familles, et il faudra farmer un même bout de corps pour pouvoir améliorer l'existant. Les animations de coup fatal se révèlent plutôt stylées, en fonction de l'arme et du membre choisis. Quelques armes bien spectaculaires sont au programme, et on aura de quoi faire niveau variété. Une mécanique d'attaque en rythme, propre à chacune, existe pour permettre à ceux qui maîtrisent le tempo et leurs nerfs de consommer moins d'endurance.
Dark Surge
Pour émousser nos lames, on retrouve un bestiaire d'ennemis humanoïdes plutôt variés, avec des patterns qui se répètent en fonction de la zone, et quelques extraterrestres bien énervés. Les mid boss sont plus que dangereux, et les boss, redoutables. Les combats contre les gros se déroulent en plusieurs phases, d'abord gentilles avant de faire parler la vraie poudre. On passe pas mal de temps à apprendre leurs attaques, à repérer les failles, et on meurt un certain nombre de fois en le faisant ! Jouer safe reste bien évidemment assez efficace dans la plupart des situations, mais un accident est si vite arrivé. Les stakhanovistes du challenge seront aussi ravis d'apprendre qu'un NG+ viendra leur rendre l'aventure encore plus redoutable. Clairement, question jouabilité, combats et challenges, avec toutes ses petites subtilités, The Surge 2 se montre plus que séduisant.
L'aspect RPG s'avère un poil plus basique, avec des mécaniques classiques et simples. Au moment de passer un niveau, on choisit parmi trois améliorations : plus de vie, d'endurance ou de batterie. L'équipement ne possède pas de problème de poids, mais une jauge de consommation de puissance qui correspond au niveau du héros, et sert à alimenter une armure ou un implant. Autant dire qu'on ne pourra pas tout équiper dès le début du jeu ! Et surtout pas les implants, qui octroient des buffs parfois déterminants, et se montrent même surprenants, comme celui qui sert à améliorer le HUD en montrant la vie des mobs en mode NieR Automata ! Le loot est assez restreint et les améliorations plutôt simplistes : il suffit de farmer un membre pour trouver son bonheur rapidement, mais la montée reste très limitée. Les ennemis passent un niveau à chaque zone, et il faut être bien téméraire pour s'aventurer un peu trop loin dès le début. Mais cela induit forcément aussi une progression au final plutôt linéaire. On reste donc sur quelque chose de très classique et simple niveau RPG, qui montre assez vite ses limites tout en faisant le job de façon efficace.
Yarnam City
Il n'y a pas que dans sa jouabilité que The Surge 2 montre quelques qualités. En effet, et c'est un gros progrès depuis le premier épisode, le level design a été grandement amélioré. Jericho City possède déjà des décors facilement identifiables et plus marqués que précédemment, avec quelques actions scriptées ou l'on nous propose un zoom pour mettre en valeur un élément. Ce pourra aussi être un bout de décor au loin, qui sera bien évidemment notre objectif d'exploration, un peu comme dans Bloodborne, Dark Souls III et Sekiro qui utilisaient à outrance ce procédé ô combien bluffant. Ici, la ville se compose d'une grosse zone principale, à explorer par paliers de difficulté, avec moult recoins et chemins détournés, et une poignée de plus petites mais toutes aussi ardues à explorer et regorgeant de dangers. Quel que soit l'endroit dans lequel on se trouve, il faut passer par de multiples recoins dans une carte à la verticalité assez folle : les raccourcis sont légion, parfois très surprenants, jamais très loin de la station médicale.
Et si les chemins sont tortueux, on reconnaît bien chaque couloir, chaque place, et si on se perd parfois, c'est parce que l'on ne se rappelle plus de son chemin dans ces vastes dédales, ou tout reste très facilement identifiable en un clin d'oeil. De plus, l'exploration des chemins annexes est souvent récompensée par du loot souvent bien utile, et des mécaniques MetroidVania sont aussi de la partie : avec un grappin ou une impulsion IEM récupérées sur les cadavres fumants des boss, on pourra revenir sur nos pas et atteindre de nouvelles zones et de nouveaux trésors. Un online asynchrone a été implémenté, et permet de laisser des messages, piégeurs ou pas, à destination des autres joueurs. On pourra aussi cacher un drapeau et gagner une certaine quantité d'expérience si personne ne le trouve dans l'heure qui suit ! Clairement, au niveau de la structure des niveaux, de vrais efforts ont étés fait et ça se ressent. On n'est pas encore sur la qualité d'un Lordran mais on s'en rapproche tout doucement...
The Surge-ry
The Surge 2 possède donc d'indéniables qualité ludiques, qui devraient contenter les amateurs de défis et d'exploration relevés. Mais s'il est un point qui devrait diviser, c'est la technique. On y a joué sur PS4 PRO, et The Surge 2 n'était pas un modèle d'optimisation. Déjà, par sa toute petite taille, à peine 10Go, on devine un peu que le jeu ne sera ni beau ni moche, avec la qualité graphique et les modèles 3D d'un jeu de début de génération. La profondeur de champ reste assez bonne, et les lumières plutôt bien gérées, sauf lorsqu'elles viennent à manquer, le jeu devant alors très sombre. Le Ragdoll des corps ennemis est assez amusant, tout comme la destruction des caisses qui traînent ici et là, tellement 2010. Si l'on s'était arrêté là, le bilan aurait été très positif.
Mais malheureusement, nous avons constaté tout un tas de bugs divers et variés, à commencer par un tearing assez impressionnant, et ce même si le framerate reste plutôt stable. Aussi, l'affichage de nombreuses textures ou de modèles 3D se fait en retard, suffisamment pour cela fasse bien tache. Un genre de flou artistique est aussi appliqué aux corps en mouvements, pour un résultat là encore un poil décevant. On notera aussi la présence de quelques freezes, qui renvoient à l'écran d'accueil de la console. Bien rageant en pleine session de farm, même si la sauvegarde reste très fréquente dans ce jeu. C'est dommage, car ce manque de polish avant la couche finale technique pourrait en gêner plus d'un, adeptes du 4K/60FPS, qui en prendraient plus plein les mirettes avec un autre jeu...