On attend beaucoup de WRC, car les bases de ces dernières années étaient prometteuses. Appuyé maintenant par les moyens de Bigben, Kylotonn a revu sa copie et nous livre ici un volume 8 qui doit mettre tout le monde d'accord. Si vous avez eu la réaction de certains lecteurs en allant de suite regarder le résumé et la note, vous avez compris : nous sommes d'accord et pas qu'un peu. Voici pourquoi.
En préambule, enfonçons quelques portières ouvertes avant de défoncer les bords des routes. WRC 8, c'est la licence officielle du championnat éponyme. Vous pourrez donc retrouver les 18 épreuves et les équipes du Junior WRC, WRC 2 (si vous voulez commencer en douceur c'est une bonne option), ainsi que celles du WRC avec quelques voitures historiques en bonus. Mais la World Rally Championship n'est pas qu'une licence, encore faut-il habiller le jeu pour retranscrire l'ambiance d'un rallye. C'est chose faite.
Saut sur ciel à fond !
Le premier bond en avant de WRC 8 est graphique avec l'arrivée de la météo dynamique. Cette dernière propose un sacré challenge avec des spéciales qui peuvent commencer sur le sec et se terminer avec une pluie de mousson. Le climat est en accord avec la région que vous parcourez et on se trouve plus facilement mouillé en Écosse qu'en Australie. Les effets graphiques sont très bien reproduits, quelle que soit la vue choisie - même si c'est en interne que cela s'avère le plus parlant avec la gestion des essuie-glace pour essayer de distinguer les apex des virages à négocier. Un challenge encore plus difficile selon les conditions d'éclairage, également superbes. Que ce soit le crépuscule, soleil au zénith ou la nuit (allumez les phares), l'ambiance change et la façon de conduire s'en ressent. Le tout se déroule en plus dans un environnement foisonnant d'éléments qui donnent vie aux abords de la route. Toutes ces conditions ont une influence sur le pilotage et ne sont pas grossièrement imposées au joueur. Vous sentez littéralement la piste s'humidifier, ou au contraire sécher en laissant tout de même quelques flaques dans les ornières et les creux.
Bien que les spectateurs soient encore statiques, ils font l'effort d'applaudir à votre arrivée et allument même quelques fumigènes. De temps en temps, un drone vient vous filmer, un concurrent en panne provoque un obstacle inattendu sur le tracé et les ambulances sont placées aux endroits stratégiques. La modélisation des spéciales a bénéficié d'un travail remarquable à tous les niveaux. On peut par exemple noter également les barrières, panneaux et fils de rubalise que vous pouvez détruire si vous passez un peu trop large. Un seul regret : celui de ne pas pouvoir aller plus loin dans la pampa. Si les abords sont franchis trop loin, vous êtes automatiquement ramenés sur la piste façon arcade, sans autre forme de procès (et avec des pénalités).
Terminons ce chapitre technique sur le son qui est lui aussi réussi tant au niveau du rugissement des moteurs que des ambiances. On entend le gravier qui tape sous le bas de caisse, les freins qui souffrent sous la contrainte, le surrégime sur les rétrogradages trop violents et en mode automatique. Nous ne saurions trop vous conseiller d'ailleurs de gérer les changements de rapports de vitesse vous-mêmes.
De la dramaturgie dans la conduite
C'est beau, c'est dit. Mais est-ce que c'est bon ? Oui ! Volant ou pad en mains, vous allez prendre plaisir à tenter de taper le chrono. Mais comment parler de dramaturgie dans une simulation auto ? Avec l'excellente idée des gens de Kylotonn : ne pas autoriser de "retour sur images" en cas de faute. Selon le niveau de réalisme et de difficulté que vous aurez choisi (paramétrable à loisir) vous aurez le droit de recommencer les spéciales un nombre limité de fois. Cela vous laisse plusieurs chances d'apprendre le parcours et de donner le meilleur, mais vous oblige à rester concentré sur les notes du copilote et sur la route.
Cela a pour conséquence de maintenir une tension positive permanente sur vos compétences de pilote. C'est un sentiment que l'on expérimente souvent en course en ligne, beaucoup plus rarement en solo dans un jeu de voitures. L'autre corollaire, c'est que vous aurez la réaction naturelle et humaine de vouloir engueuler votre copilote, lorsque vous vous serez planté en estimant que ses indications étaient erronées. Après pas mal de roulage, elles sont tout de même rarement prises à défaut, même si elles sont déclamées sans entrain pour le doublage français. Si vous n'y êtes pas allergiques, préférez l'anglais.
En mode de difficulté standard le challenge est suffisamment relevé pour que vous ne soyez pas aux avant-postes si vous commettez des erreurs. Les écarts ne sont pas monumentaux, il faut assurer tout en roulant vite, car les autres n'amusent pas la galerie. En roulant justement, vous devez comprendre la voiture (entièrement réglable dans tous les domaines) et lire la route. Vos pneus s'usent selon les conditions, les retenues d'eau provoquent de l'aquaplanage, les dégâts sont finement gérés (vous pouvez le paramétrer) et très clairement représentés avec une série d'icônes organisées en forme de roue. L'interface visuelle se révèle de toute manière réglable selon vos goûts, mais tout est déjà très clair d'emblée. Pas question non plus de s'envoler sur toutes les bosses, il faut gérer l'effort en permanence pour éviter d'avoir trop de réparations à l'assistance et écoper d'une pénalité.
Pour résumer, les sensations sont excellentes quelle que soit la surface que vous devrez apprivoiser ; terre, boue, gravier, asphalte ou neige.
Une victoire d'équipe
WRC 8 serait déjà un excellent simulateur de rallye avec ses qualités techniques et de conduite. Il devient une référence avec son système de gestion d'écurie qui contextualise les courses. Pour espérer vaincre, il faut à la fois développer la voiture dans divers domaines et avoir une équipe qui suit derrière le pilote.
L'interface de gestion vous met tout de suite au parfum ; c'est touffu et il y a énormément de choses à gérer et à découvrir. En entrant dans le garage, vous avez accès à un peu moins d'une dizaine de menus pour naviguer dans ces éléments. Côté véhicules, on dispose d'un arbre d'évolution qui fait penser aux références du domaine comme F1 2019 par exemple. Ce dernier se décline en quatre branches : écurie, équipe, performances et fiabilité. Allez-vous choisir de privilégier votre carrière en essayant de séduire d'autres équipes ? De gagner plus d'argent pour embaucher de meilleurs éléments ? D'augmenter les performances, ou de fiabiliser la voiture ? Il faudra trancher car vous ne pourrez développer que deux branches de cet arbre d'évolution.
Quoi qu'il advienne vous serez aussi gestionnaire des ressources humaines. Il vous faut par exemple un météorologue pour faire le meilleur choix de pneumatiques en fonction des prévisions ; un mécanicien rapide pour réparer un maximum de choses pendant les phases d'assistance, un directeur financier pour gagner plus pendant les courses... Six métiers et deux atouts sont à gérer en prenant compte de la fatigue générée selon le calendrier.
D'ailleurs, ce calendrier aussi, vous allez le définir avec les épreuves obligatoires du championnat, mais surtout tout ce qui va se passer entre. Des entraînements, des événements historiques, des challenges dans des conditions spécifiques (avec une voiture très endommagée et sous la pluie par exemple).
Tout cela donne corps au jeu qui développe une vraie personnalité et campe une très belle ambiance. Les éléments sont nombreux sans que cela soit trop fouillis. On regrette cependant ne pas pouvoir accéder facilement à une aide autre que les commentaires de débit de jeu en cas de doute sur certaines fonctions. Mais on n'enchaîne pas les courses de championnat de façon mécanique et la progression est beaucoup plus agréable sans ces redondances. Une réussite.
L'univers du WRC, l'eSport au bout de la ligne droite
Si la Carrière propose une évolution classique, WRC 8 offre également tout un panel de modes alternatifs. Empruntant une présentation en pavés, elle contextualise des contre la montre avec des pilotes célèbres sur divers écrans. Solo, en ligne avec toute une série de classements et une présentation très pro.
S'il n'y a pas de confrontation directe avec les autres pilotes (Rallye oblige, c'est le chronomètre qui arbitre tout), vous pouvez vous inspirer de leurs fantômes ou mieux, rouler avec un ami en écran divisé. C'est une initiative trop rare de nos jours et importante à souligner. Envie de rouler à l'ancienne dans une saison sans vous préoccuper de la gestion ? C'est possible aussi. En fait, vous trouvez une série d'options qui va obligatoirement correspondre à vos aspirations. Le travail a été remarquable aussi au niveau du contenu. Si vous désirez lancer une séance de gymkhana façon Ken Block, c'est autorisé aussi avec un terrain de jeu spécialement prévu à cet effet.
On peine à trouver des défauts à cette offre. En cherchant bien, il y a quelques bugs sans doute attribuables au manque de temps pour respecter un délai de sortie. Par exemple la touche triangle qui n'est pas toujours prise en compte pour valider un entraînement ou qui ne fonctionne plus pour remercier un membre d'équipe. Ou encore un podium qui est annoncé comme une victoire... Mais cela ne n'est que peu de choses dans un océan de satisfaction.
WRC 8 représente ce qui se fait de mieux pour la série sur consoles et vous pouvez y aller plein gaz, que vous soyez un fan absolu ou tout simplement intéressé par la discipline.