Au chapitre des marronniers vidéoludiques, la série MotoGP se pose comme un jalon incontournable pour les amateurs de Grands Prix sur deux roues. Le football a ses FIFA et autres PES, la voiture a son F1 2019 et la moto a son MotoGP 19 pour cette année afin de satisfaire tous ceux qui veulent essorer la poignée des gaz. Cette année Milestone est censé avoir mis de l'intelligence artificielle dedans. Vraiment ?
MotoGP 18 était sympathique, mais il avait sans doute mobilisé les ressources pour effectuer la transition graphique entre l'ancien moteur graphique et l'Unreal Engine. Du coup, le contenu et le fond du jeu en avaient un peu souffert. Cette édition entend bien combler ce retard et ajouter une grosse nouveauté ; de l'intelligence artificielle.
ANNA es-tu là ?
Milestone a décidé de s'allier avec une société spécialisée en intelligence artificielle. Ensemble, ils ont accouché d'ANNA, une gentille "Artificial Neural Network Agent". En clair, une IA neuronale pour simuler le comportement de vos adversaires gérés par la machine. Sa spécificité, c'est d'apprendre de ses erreurs et de modifier son comportement en conséquence.
Bien sûr, il faut que tout cela soit pondéré par la main de l'homme, car si le concept est efficace, il y a fort à parier que l'IA devienne rapidement invincible. La force de vos adversaires reste donc paramétrable et leur comportement en piste est... disons, variable. Ils attaquent les intérieurs, les protègent parfois, mais ont des attitudes étranges en ligne droite par exemple. Leurs motos ont un léger mouvement oscillant sur une trajectoire qui devrait pourtant être rectiligne.
Soyons honnêtes, si l'IA se comporte correctement, elle ne laisse pas de souvenir impérissable. En tout cas, elle ne semble pas justifier à ce jour qu'on en fasse un atout primordial pour le jeu.
Mise à jour
Licence oblige, vous retrouverez toutes les épreuves du MotoGP et plus encore, puisque les catégories "junior" sont également de la partie avec en bonus les courses MotoE. A l'instar des courses sur quatre roues avec les Formule E, vous aurez à gérer à la fois un couple démentiel et une absence totale de charme (une moto électrique, c'est un peu comme si un fusil d'assaut faisait "pouêt" dans Call of Duty).
Mais c'est un bonus et non une fin en soi et il faut reconnaître que cette itération 2019 est très complète. Elle propose toutes les motos, tous les pilotes et de larges options de personnalisation de l'équipement. Vous pourrez ainsi choisir de commencer au bas de l'échelle avec des objectifs modestes, pour terminer en catégorie reine.
Les sensations sont proportionnelles à la catégorie et la marge d'erreur se resserre de plus en plus. On sent très bien le point de perte d'adhérence sur les freinages les plus serrés et le pneu arrière cirer sur les ré-accélérations trop généreuses. Une fois ces aspects intégrés, c'est un véritable plaisir que de balayer la piste en se penchant en rythme et en gérant les apex les uns après les autres. Cette danse est hypnotique, notamment en visualisant les ralentis.
En termes de contenu, cette version 2019 annonce également le grand retour d'une omission presque impardonnable dans l'édition de l'année dernière, les courses historiques.
Le poids de l'histoire
Cette fois, elles sont bien présentes à travers 60 défis qui vous amènent jusqu'à l'époque contemporaine. A vous les histoires avec Kevin Schwantz, Wayne Gardner et autres Randy Mamola avant d'assister à la montée des petits jeunes (aujourd'hui devenus de vieux briscards) comme Valentino Rossi.
Il s'agira la plupart du temps de faire une remontée fantastique avec des objectifs plus ou moins difficiles. Cela manque un peu de variété dans les actions à accomplir, mais les renseignements historiques sont bien présents et cela permet de découvrir des motos bien différentes de celles que vous utiliserez pour le championnat 2019. Milestone dispose désormais d'une sacrée base de données en la matière et les milanais ont su s'en servir à bon escient.
Cela tient aussi la route graphiquement, sans pour autant exploiter toutes les possibilités du moteur. Les motos sont bien modélisées, les mouvements des pilotes réalistes et cohérents, mais les circuits sont bien vides. MotoGP 19 n'est pas le seul jeu à délaisser les bords de piste, mais on a tout de même l'impression de rouler dans une ambiance aseptisée.
L'eSport s'installe
Que serait un jeu de courses aujourd'hui sans mode eSport ? Il fallait bien cocher cette case encore une fois et pousser le championnat qui met désormais en scène un pilote officiel d'une véritable écurie. En l'occurrence, il s'agit de Lorenzo "Travestere73" Daretti qui a remporté le championnat l'année dernière et signant un véritable contrat pour le championnat virtuel chez Yamaha. Si vous êtes motivés pour cette saison, les inscriptions sont ouvertes.
Mais si vous avez juste envie de vous adonner aux courses multijoueurs pour laisser ANNA sur le bord de la piste, MotoGP 19 vous propose des menus complets et un mode assez original de directeur de course. Ce dernier vous permet évidement de configurer des courses comme bon vous semble, mais vous donne également les commandes pour infliger des pénalités au besoin, ouvrir les stands et agiter des drapeaux. Une excellente idée pour toutes les communautés qui veulent gérer leurs propres championnats.
Sur la piste, il reste encore quelques efforts à fournir pour gérer les connexions les plus instables. Il n'est pas rare de voire des machines se téléporter au gré du vent (et surtout du ping) juste devant vous. Elle sont alors couvent en fantômes, mais cela reste assez perturbant.
MotoGP 19 n'est pas encore parfait, mais il s'impose tout de même comme une référence en la matière. Sans véritable concurrence, vous n'avez de toute manière pas le choix.