La vénérable série de donjon-RPG signée (Spike) Chunsoft peine à attirer les foules, au point de devoir s'appuyer sans cesse davantage sur la notoriété de diverses licences pour ne pas sombrer dans l'oubli. Même Square Enix ne semble plus trop y croire malgré la popularité du fameux volatile de Final Fantasy, Chocobo's Mystery Dungeon Every Buddy se limitant à un remake de l'épisode sorti du Wii (et décliné sur DS au Japon) voilà plus d'une décennie. L'ajout d'un mode en duo justifie-t-il de se (re) plonger dans ces dédales ?
La mémoire nous joue parfois des tours, mais même dix ans plus tard, l'introduction de Chocobo's Mystery Dungeon Every Buddy rappelle immédiatement celle de Final Fantasy Fables : Chocobo's Dungeon, à commencer par une courte séquence cinématique de qualité assez moyenne. Et pour cause, puisque ce volet s'apparente à un simple portage avec une résolution rehaussée, la pauvreté de certaines textures trahissant une réalisation d'un autre âge que le modeste anticrénelage ne saurait cacher. Toutefois ce côté rétro se traduit aussi par un agréable sentiment de nostalgie, car la bande-son reste très majoritairement composée de morceaux issus de la saga Final Fantasy, toujours joliment remixés. Le scénario n'a pas non plus changé, ni bénéficié d'une localisation en français d'ailleurs. En l'occurrence notre cher Chocobo vient en aide aux habitants de la ville de Lostime, dont les souvenirs s'effacent à chaque fois que résonne la cloche de l'oubli. Des esprits troublés à l'origine de donjons tortueux, qui demeurent naturellement dotés de structures aléatoires.
Bien remplumé ?
L'aventure débute cependant avec une nouveauté : le choix (définitif) entre le mode difficile - la formule traditionnelle en fait - et un mode normal, dans lequel les objets équipés sont conservés suite à une funeste défaite. De quoi faciliter sensiblement la progression, néanmoins la principale évolution réside dans l'ajout de partenaires (les "Buddies") pour épauler Chocobo dans ses expéditions. Pour rappel, les déplacements et les combats s'effectuent fondamentalement au tour par tour sur une grille qui délimite le terrain, quoiqu'en pratique, l'ensemble se déroule de manière plutôt fluide, les actions s'enchaînant les unes après les autres. Évidemment, le renfort de ces compagnons modifie considérablement la teneur des batailles, en particulier dans les situations de surnombre de l'adversité, voire d'encerclement. Et la possibilité qu'un second joueur en prenne le contrôle rend l'expérience plus conviviale, tant qu'il parvient à coordonner ses opérations et que le binôme supporte le célèbre thème musical de Chocobo, passé alors en boucle, Kweh kweh !!!
Picorez-les tous !
Les coéquipiers peuvent appartenir soit aux personnages principaux (entre autres "extras"), soit au bestiaire, une fois que l'on a suffisamment apprivoisé - autrement dit vaincu - chacune de ces bestioles. Leur regroupement par familles simplifie ce long et stimulant travail de domestication, qui permet de former des équipes adéquates en parallèle des classiques jobs, selon la constitution des donjons (Boss y compris). Si les dédales standards (obligatoires pour avancer dans l'histoire) ne posent guère de problèmes, les spéciaux et leurs handicaps associés se montrent souvent infernaux, sans parler de ceux accessibles après l'épopée, en sus d'un labyrinthe (presque) interminable inédit. Cette exigence remémore la nature traditionnellement retorse de Fushigi no Dungeon, en dépit des activités optionnelles telles que la pêche, le jardinage, les cartes ou plus globalement la collectionnite, autant de mini-jeux en soi qui visent à atténuer la répétitivité résolument inhérente au genre. Avis donc aux amateurs de la discipline, et aux fans inconditionnels de Chocobo bien entendu.