Après deux volets publiés sur Mega Drive en 1991 et 1993, ToeJam & Earl était tombé dans l'oubli, puis sorti de la naphtaline une première fois en 2002, dans un épisode exclusif à la Xbox première du nom. Un volet qui n'a pas pour autant connu de succès critique ou commercial. Ce dernier échec n'a visiblement pas découragé Greg Johnson, son créateur original, puisque celui-ci a trouvé les ressources pour développer un nouvel opus, financé via Kickstarter, et qui, après moult retards, a enfin fini par arriver dans les bacs (ou plutôt les plateformes de téléchargement). Avec ce volet, les développeurs effectuent un retour aux sources de la série puisque l'on revient dans l'espèce de "dungeon crawler" qui avait fait le succès de l'épisode original. Comme il y a 28 ans, il faudra récupérer dix pièces du vaisseau spatial des compères éparpillés après un crash à travers 25 niveaux en contrôlant un des neufs persos disponibles (dont deux versions différentes de Toejam et Earl et deux persos cachés), . La quête de l'effet madeleine de Proust les ayant même poussé jusqu'à reprendre une vue 3D isométrique complètement calquée sur le premier volet.

Old School extrême

Le gameplay est lui aussi quasi identique, il s'agit, comme dit plus haut, de récupérer les pièces du vaisseau, en prenant soin d'éviter toute une tripotée de personnages hauts en couleur tel qu'un type en Segway, un inquisiteur espagnol, un fan pot de colle ou encore une militante qui veut vous faire signer une pétition, qui viendront nous mettre des bâtons dans les roues. Pour les esquiver, il n'y a pas beaucoup d'options, soit on les évite soigneusement et on se cache derrière des tournesols du décor ou on se fait aider par des perso positifs tels que Gandhi, soit on les attaque de front grâce à des items que l'on récupère à l'intérieur de cadeaux engrangés en fouillant les environnements. Une des subtilités vient du fait que le contenu de ces cadeaux n'est pas connu avant leur utilisation (à moins qu'un personnage se baladant dans le niveau nous le révèle moyennant finance) et étant donné que l'item qui s'y trouve peut aussi bien avoir un effet positif que négatif, on peut se retrouver avec une bonne comme une mauvaise surprise. Voilà pour l'essentiel.

Bien évidemment, autour de ces mécaniques vont s'articuler quelques subtilités qui vous permettront d'optimiser les parties et ainsi donner une courbe de progression dans notre manière de jouer. Néanmoins, il faut bien reconnaître qu'au bout de quelques minutes, le jeu aura déjà montré tout ce qu'il a dans le ventre en termes de gameplay et ne montrera plus rien par la suite. C'est sans aucun doute le problème principal du titre à cause duquel on fait rapidement le tour de la question. Ainsi, une fois que l'on a bien assimilé le principe et ses diverses astuces, on se retrouve face à des situations redondantes qui mènent rapidement à l'ennui. Et ce ne sont malheureusement pas les mini-jeux ultra-simplistes qui viendront changer la donne. S'agissant d'un remake déguisé, on s'aperçoit que les développeurs ont en fin de compte, conservé un gameplay d'un autre âge qui ne fait plus le poids face aux productions actuelles et qui n'apporte ni surprise, ni nouveauté et au final peu de plaisir.

Oldie but goodie ?

Graphiquement, là aussi on s'en tient au strict minimum. La direction artistique n'est pas spécialement exaltante, on retrouve le même style de l'époque mais qui a pris un sacré coup de vieux, ainsi le visuel et character design qui faisaient rire à l'époque, paraissent de nos jours relativement ringards, voire beauf (faire apparaître la raie des fesses de Earl, c'est d'un goût assez douteux). De même que techniquement, étant donné que ce qui est affiché à l'écran n'est pas franchement impressionnant et que les effets ne sont pas légion, on aurait espéré voir moins de ralentissements. Aussi, bien que ce soit plus léger, la qualité de traduction des sous-titres français laisse à désirer, avec notamment certaines tournures de phrases traduites de l'anglais mot pour mot ou des caractères spéciaux manquants. Enfin, côté musique, la playlist est bien fournie avec une trentaine de titres tous plus funky les uns que les autres (marque de fabrique du jeu oblige), mais aucun n'est réellement impactant en termes de composition. Il reste néanmoins un multijoueur en ligne assez efficace qui permet de se lancer dans une campagne entre potes qui fonctionne bien. Et si les 25 niveaux qui composent l'aventure principale sont rapidement pliés, une option permettant de jouer à des niveaux générés aléatoirement confère au titre une durée de vie en théorie illimitée, encore faut-il avoir enfin d'y jouer autant de temps...