Proposant une formule comme le savez inchangée, Trials Rising sort du même garage que son prédécesseur, puisque développé conjointement par les équipes de RedLynx, le studio finlandais à l'origine de la licence, et la branche ukrainienne du français Ubisoft. Mais ce mariage de raison garantit-il pour autant aux joueurs de profiter du meilleur des deux mondes ? Baissez votre visière et enfilez vos gants, voici venue l'heure de notre conclusion tout en wheeling, évidemment.

Cubitus clausus

Fidèle à la maxime qui veut qu'on ne change pas une équipe qui gagne, la formule Trials n'aura pas profité de ce quinquennat de repos pour trafiquer son ADN, et c'est sans doute tant mieux. Evidemment basé sur une physique aussi impitoyable que réaliste, le jeu d'Ubisoft se veut toujours aussi accessible, au moins dans un premier temps, avant de dérouler un programme à rendre fou de rage le plus calme de nos rédacteurs. Et que les éventuels retardataires se rassurent : grâce à un didacticiel complet comme jamais, il est très aisé de prendre le train en marche.

Les commandes et les règles demeurent de toutes façons inchangées : aux commandes d'un deux-roues de plus en plus difficile à dompter, il vous faudra doser en permanence entre le frein et l'accélérateur pour épouser les courbes généreuses des différentes pistes à la difficulté croissante. Histoire de faire souffler un semblant de renouveau, ce Trials Rising choisit de vous renvoyer sur les bancs pas forcément très confortables de la fac, par le biais de la Trials Academy, une organisation que l'on imagine non-gouvernementale mais qui aura le mérite de ne pas être très regardant sur votre dossier d'admission. Les mini-jeux, toujours plaisants et barrés, demanderont en revanche de faire preuve d'un peu de patience, puisqu'ils ne se débloqueront qu'au fur et à mesure de votre niveau, et il faudra très clairement s'accrocher au guidon pour espérer profiter des tous derniers.

Tournée des grands docks

Après quelques rudiments de pilotage, vous voici donc parti à l'aventure sur les routes d'Amérique du Nord, un préambule qui finira par vous conduire aux quatre coins du monde, non sans relever des défis de plus en plus coriaces. Présenté sous la forme d'une mappemonde, l'univers de Trials Rising vous offre une variété de défis légèrement plus variés que les précédents épisodes de la licence : en dehors des traditionnels chronos en solo où seul l'or vous permettra de garder la tête haute et des défis vous opposant à un sempiternel trio de bikers, le jeu propose de revisiter certains niveaux pour y accomplir de nouveaux objectifs, offrant alors une seconde lecture souvent fort intéressante. Les routards expérimentés devront en revanche patienter jusqu'au niveau 50, qui déclenche véritablement les hostilités, et nécessitera de maîtriser à la perfection le centre de gravité de votre monture pour espérer franchir des obstacles ô combien retors.

Pour boucler chaque continent, il faudra également en passer par une épreuve finale en forme de Tenkaichi Budōkai, qui vous ouvrira ensuite les portes de la difficulté supérieure et la promesse de lendemains qui chantent. Les mini-jeux sont évidemment de retour pour le plus grand bonheur des fans, mais il faudra cette fois faire preuve de la plus grande patience pour tous les débloquer, car leur obtention sera conditionnée à votre niveau, et il faudra méchamment farmer pour espérer profiter des derniers. Fort heureusement, la perspective de jouer les Phileas Fogg vêtus de cuir s'avère des plus réjouissantes, notamment grâce à une palette de décors sans cesse renouvelée qui n'hésite pas à jouer les cartes postales oscillant entre les deux premiers degrés de la gamme. Du château germanique folklorique à la visite de Tchernobyl, le grand écart est permanent, et les séquences de fin toujours aussi poilantes. Bon, en revanche, les stages à la gloire de l'éditeur, ça ira comme ça. Vraiment.

Reloutes boxes

Cette tendance au farming prolongé s'étend d'ailleurs très largement aux nombreuses options de personnalisations : théoriquement disponibles d'entrée de jeu, la plupart des vestes, accessoires et carlingues coûtent en réalité la peau de plusieurs postérieurs, et donnent la sensation d'un système pousse-au-crime à peine maquillé. Après plusieurs heures de jeu, il faudra en effet se demander si vous profiterez plus d'un manteau flashy très tendance ou d'un dab histoire de passer pour un kéké aux yeux de vos adversaires en ligne. Ce mode permettra d'ailleurs d'éviter l'injustice du local, qui ne mélange plus les positions des participants à chaque nouveau circuit. Un scandale inexplicable que l'on jurerait fait exprès histoire d'exacerber un peu plus la mauvaise foi de vos adversaires.

En parallèle de ces items payés rubis sur l'ongle, Trials Rising propose son propre système de loot boxes, habillement maquillées en "caisses de matos", qui tombent systématiquement à chaque prise de niveau, ou en remportant certains défis précédemment cités. Si ces pochettes-surprises du XXIème siècle feront tomber trois items dans votre escarcelle, les "caisses de matos challengers" garantiront un loot rare sinon légendaires, mais ne s'obtiendront qu'en remportant trois épreuves de suite, avec autant de droit à l'erreur. La personnalisation de son avatar demeure d'ailleurs fort plaisante, d'autant plus qu'elles vous permettront d'humilier un peu plus vos adversaires en ligne. Quel dommage que le nombre de tracés jouables à quatre soit pour le moment si chiche : il faudra une nouvelle fois compter sur la communauté et ses circuits parfois buggés jusqu'à la moelle pour faire durer le plaisir. Avec l'interface parfois anti-ergonomique proposée, nous leur souhaitons bien du plaisir.

Zéro respect de la musique sur Fun Radio

Pour conférer une dimension épique à cette gaudriole motorisée, Ubisoft est largement allé piocher dans le rock alternatif FM et ses grosses guitares, portées par des distos et une production à la Rick Rubin. La tracklist de Trials Rising fera le bonheur des ados d'hier en sortant de sa manche Sum41, Billy Talent ou Stone Temple Pilots période feu-Chester Bennigton, ou celui des moins jeunes grâce à la présence de Mötley Crüe. Entre de trop rares morceaux de hip-hop ou d'électro, le headbang sera donc de rigueur, et comblera sans mal les (trop) longs et (trop) nombreux temps de chargement.

En revanche, certains titres coupés à la truelle s'enchaînent souvent trop vites, et malgré la trentaine de morceaux embarqués, la bande-son aura un peu vite tendance à se répéter, surtout lors des sessions de try hard, essentielles comme chacun sait pour aller chercher l'or. L'algorithme censé gérer la playlist semble manifester comme notre vénérable rédac' chef quelques moments d'absence qui feront très clairement s'interroger sur le gusse aux manettes de ce DJ de salle polyvalente.