Death Mark est un visual novel qui vous place dans la peau d'un héros amnésique - mais que l'on devine tout de même chasseur de fantômes - qui débarque dans un luxueux manoir, avec une tache en forme de marque de morsure au poignet. La maîtresse des lieux, spécialiste de l'occulte, semble avoir disparu, et il faudra donc vous débrouiller seul pour venir à bout de cette marque, que la rumeur décrit comme infligeant d'abord des pertes de mémoire, puis la mort... Sur votre chemin, vous croiserez d'autres porteurs de la marque, eux aussi désirant s'en sortir. Avec leurs témoignages, vous pourrez partir à la chasse aux esprits, et avec leur aide, en venir à bout.

Le jeu propose cinq chapitres indépendants, avec tout de même un fil rouge autour de la "Death Mark", ou l'on va croiser une galerie variée de personnages secondaires. Mais ces derniers sont traités de façon assez inégale, et sont même parfois jetables tels des mouchoirs souillés. Le design typé manga des héros s'intègre plutôt bien dans l'esprit global du jeu et les décors, qui bénéficient de dessins souvent assez spectaculaires - et même parfois sexy avec un peu de mauvais goût - et le van rouge et blanc qui sert aux déplacements de notre héros donnent au tout un petit côté Tokyo Twilight Ghost Hunters à Death Mark, mais comme on va le voir dans le reste de cette critique, s'il a son lot de défauts, le jeu qui nous intéresse aujourd'hui est tout de même bien plus réussi.

Attention, derrière toi, c'est affreux !

En effet, là ou le jeu va réussir, c'est avec son ambiance générale. Bien que Death Mark se montre parfois très verbeux, uniquement en anglais, que l'on accélère certains dialogues de transition sans aucune vergogne, que lesdits dialogues ne sont pas doublés et que le jeu ne propose que quelques onomatopée, bruitages inquiétants et cris, disséminés ici et là, le jeu fait mouche là ou il le doit, puisqu'il arrive à donner quelques frissons. Les lieux visités participent grandement à cette ambiance, avec une école abandonnée, une forêt des suicides, des temples de prière, une ruelle sombre...

Avec la description des odeurs qui nous sont données, l'univers prend vie pour peu que l'on ait un minimum d'imagination. Les endroits sont hantés, avec des distorsions qui apparaissent et disparaissent comme dans Silent Hill, peuplés d'apparitions bien furtives et flippantes quand on balade sa lampe torche sur le décor, mais aussi de quelques jumpscares des familles. Le tout est souligné par des musiques de qualités inégales, mais quand le jeu doit faire ce qu'il sait faire de mieux, malgré le peu de voix, les bruitages et les compositions sont là et font leur effet. On se surprend à avoir la chair de poule au fond de son lit et à scruter une éventuelle ombre qui apparaîtrait mystérieusement sur le pas de la porte... !

Zut, j'ai oublié d'éteindre l'aspirateur !

Pour arpenter l'histoire de Death Mark, on bénéficiera d'une jouabilité assez originale mais imparfaite. Si le gros du jeu reste les dialogues de la partie visual novel, on se retrouve assez régulièrement confronté à des esprits dangereux, et la résolution de la situation se fera par des questions à choix multiples en temps limité, mais malheureusement, bien souvent, une seule solution vous permet de vous en sortir, les autres menant au game over. Ceci donne un aspect "die & retry" aux rencontres avec les fantômes, et avec un seul chemin disponible, dans sa narration, Death Mark se montre très linéaire et ne proposera quasiment aucune replay value. Néanmoins, les phases d'exploration dans les lieux hantés se montrent un peu plus palpitantes. On se retrouve sur de l'exploration case par case, comme dans un vieux dungeon crawler, sauf que cette fois-ci, on cherche des objets et des indices avec sa lampe torche.Et même si on revisite certains lieux plusieurs fois, la formule fonctionne plutôt bien au final...

Après pas mal d'aller-retours, une fois toutes les portes déverrouillées et les objets clefs ramassés, il sera temps de faire face au boss du niveau, dans des combats de boss en mode RPG au tour par tour, sauf que cette fois-ci, on se bat avec des combinaisons d'objets de notre inventaire, dont au aura deviné l'utilisation en lisant les nombreux mémos trouvés dans le niveau en question, avec tout de même pas mal de fausses pistes parmi les babioles de notre inventaire, qui peuvent se montrer totalement inutiles au final. Il faudra aussi choisir le bon partenaire, en faisant attention à leurs émotions... Du coup, là encore, ça peut être compliqué et demander plusieurs essais, ce qui par la répétition, limite la peur et la tension. Aussi, on a remarqué une gestion inégale des ressources de gameplay selon les niveaux, avec plus ou moins d'objets à trouver, un combat de boss expéditif, et des énigmes tantôt capillotractées, tantôt un peu trop guidées...

"Crève, pourriture communiste !"

Malgré sa direction artistique travaillée et un certain degré d'interaction avec les phases d'exploration, Death Mark ne devrait donc pas être le visual novel de l'année, puisque la concurrence sera rude avec des titres du calibre de Steins;Gate Elite. Et ce d'autant plus que d'autres petits grains de sable viennent se glisser dans l'engrenage Death Mark. A commencer par une vitesse de lecture non paramétrable, un comble dans un jeu qui va demander de lire dans de telles proportions. Et personnellement, je lis vite, très vite, même en anglais. Je me retrouvais donc avec 1 à 3 secondes à attendre entre chaque panneau de texte. L'absence de voix rend cette légère attente très irritable.

On ne comprend pas pourquoi cette option, pourtant monnaie courante dans les visual novel, ne soit pas disponible ici. C'est d'autant plus rageant quand on remarque que dans les phases en voiture, on peut passer au dialogue suivant instantanément et que l'option "auto" déconne et passe les dialogues bien trop vite... Voilà donc un joli petit caillou dans la chaussure pour peu que comme moi, vous lisiez extrêmement vite. Enfin, un dernier petit truc va venir titiller la patience des joueurs PS VITA : le chapitre 6, un DLC, est inclus sur PS4 et Switch, mais pas sur VITA. Et bien que le jeu coûte 10€ de moins sur la portable de Sony, il faudra débourser 10€ sur le PlayStation store pour bénéficier du 6e chapitre bonus - l'histoire se conclue bel et bien à la fin du 5e - qui n'aura pas de trophées comme sur PS4. Néanmoins, Death Mark étant le premier jeu d'une gamme naissante, on a hâte de voir comment NG, le prochain, s'en sortira.