Née en 1988 sur Famicom, la série Nintendo Wars a acquis sa popularité en Europe avec son épisode sorti sur Game Boy Advance en 2001, alors rebaptisé Advance Wars pour l'Occident. Mais depuis 2008 et un dernier épisode sur DS, le jeu de stratégie au tour par tour d'Intelligent Systems est en stase, son studio de développement occupé à développer de nouveaux jeux d'une série soeur, Fire Emblem. Si jusqu'à maintenant l'absence de la licence Nintendo ne profitait à personne, Wargroove vient combler ce vide avec brio et devrait réjouir les amoureux du genre.
Il peut sembler étrange de développer une introduction sur une série Nintendo alors que Wargroove est la création d'un studio indépendant britannique, et qu'il est également disponible sur Xbox One, PlayStation 4 et sur ordinateurs via Steam. Mais quelques minutes de jeu suffisent à comprendre qu'on a affaire avec le jeu Chucklefish à tout ce qui constitue le charme et le succès d'Advance Wars et que la Switch, grâce à son mode portable, en constitue le parfait écrin. La nuance tient ici au fait que l'infanterie est constituée de lanciers et de chevaliers, qu'avions et tanks sont remplacés par des dragons et des trébuchets et que les attaques navales se font aussi à dos de tortues géantes. Un univers de fantaisie héroïque qui évoque d'emblée plutôt Fire Emblem donc, mais la juste comparaison s'arrête là, de par l'aspect graphique rétro de Wargroove avec ses sprites façon Super NES et son système de jeu identique à celui d'Advance Wars.
Des bases solides
Fort d'une formule qui a fait ses preuves, Wargroove a la bonne idée d'en proposer une version bien étoffée, à travers trois modes de jeu principaux. La campagne tout d'abord qui propose de suivre le périple des troupes de Carmina, menée par la jeune régente Mercia, son mentor magicien Émeric et le général chien César. Ils feront face aux vilains de Felheim et au mage noir Valder, alors que le peuple de la forêt, les Floriens, leur prêteront main forte, dans ses conflits où l'Empire Tenri aux inspirations asiatiques auront aussi leur mot à dire. Ce qui offre quatre factions au design mignon et rigolo donc, mais aux troupes similaires dans leurs actions. En effet, si l'armée de Carmina possède de puissants golems, l'équivalent chez les Floriens seront les géants sylves. La seule différence notable à part l'aspect des personnages tient en fait aux pouvoirs décisifs des douze commandants du jeu, leur groove. Si Mercia pourra en effet, après avoir défait plusieurs ennemis, utiliser une invocation de soin pour soulager les troupes à ses côtés, la redoutable vampire Sigrid, sujette du royaume de Felheim, se nourrira elle de l'énergie de ses ennemis. Des particularités à prendre en compte lors des embranchements à la quête principale qui offrent l'opportunité d'incarner les membres des camps adverses ou alliés.
La Guerre de Cent Heures
À la manière d'un jeu de combat, à la recherche d'une arme mystérieuse façon SoulCalibur, Wargroove propose également un mode Arcade, dans lequel il faudra choisir entre l'un des douze commandants, pour ensuite affronter en batailles tactiques tous les autres. De quoi donner encore à jouer, tout comme le mode Problèmes qui propose de résoudre des situations stratégiques délicates, pensé comme un défi supplémentaire lancé aux experts. D'ailleurs, à la manière d'Advance Wars, les guerres à mener ne sont pas une balade de santé, et comme aux échecs, il faudra prendre son temps et bien évaluer la situation avant d'agir, la possibilité de revenir sur un mouvement n'étant pas proposée.
Wargroove offre également l'opportunité de jouer à plusieurs (jusqu'à quatre en local, en équipe ou chacun pour soi) et en ligne, proposant tout type de configuration pour cette version, avec Joy-Con, manette Switch ou même en se passant la console, au tour par tour. Ajoutez à cela la possibilité de créer ses propres campagnes, ses propres cartes, à partager, ainsi qu'un codex et une galerie, bonus toujours appréciables, et vous obtenez un bien beau remplaçant à Advance Wars en 2019.