En moins de 10 ans, et avec seulement deux épisodes, une prequel et un jeu Telltale au compteur, la saga Borderlands s'est taillée une place de choix dans le coeur des amateurs d'Action-RPG et de jeux coopératifs multijoueurs. Avant la venue d'un éventuel troisième épisode, voici qu'un portage du second débarque en réalité virtuelle, seulement sur PS4 pour l'instant. Cela suffira-t-il à faire passer un cap à ce jeu qui possède déjà une solide réputation et n'a plus à faire ses preuves ?

Sbire !

Sachez qu'à de maigres différences près, le contenu de l'aventure est sensiblement le même que celui sorti dans la galette de base en 2012. En effet, aucun des nombreux DLC ne sera du voyage, mais terminer l'aventure à 100% vous prendra tout de même plus de 50 heures bien tassées, ce qui est assez conséquent pour un jeu en réalité virtuelle. Hormis cette VR, l'autre principale différence sera ici l'absence de mode multijoueur... une des composantes pourtant essentielles à l'expérience originelle, faisant pleinement partie de l'ADN de la saga et qui est même certainement responsable de son succès. Mais entendons nous bien : Borderlands 2 fait tout de même partie de cette catégorie de RPG multijoueur qui reste malgré tout parfaitement jouable hors ligne et en solo. C'est sûr qu'un joueur qui à bouclé le jeu en coopération avec ses proches, tous les soirs ou à un rythme soutenu, trouvera ça bizarre de ne pas entendre de voix familières, mais l'univers reste toujours suffisamment fort et original pour divertir et happer l'aventurier solitaire, qui se retrouve alors comme dans un tas d'autres RPG à faire "juste une dernière petite quête" à une heure tout sauf raisonnable.

En effet, même seul, avec son monde ouvert à explorer, ses nombreuses quêtes, ses secrets à découvrir, Borderlands 2 VR reste un excellent jeu. On y arpente toujours des contrées exotiques aux nombreux dangers, à la recherches de nouvelles armes encore plus puissantes et au effets parfois complètements délirants, tout en cherchant à se débarrasser du beau Jack, le méchant de service. L'aventure ne possède pas un scénario des plus originaux, mais le design global est hypnotisant. À commencer par la partie sonore, aux petits oignons. Les doublages français de l'époque sont de la partie, mais les sous-titres sont aux abonnés absents, ce qui est par contre un réel problème pour l'accessibilité, quand dans un jeu la narration se déroule principalement sans arrêter les phases de gameplay. Les musiques sont en revanche toujours aussi cools et bien composées, et viennent vraiment souligner et donner une âme à un style visuel qui est lui aussi plus que réussi. Avec le cel-shading, Borderlands a gagné un charisme fou et une identité visuelle puissante. Ce magnétisme est décuplé par l'irrévérence, l'humour et l'absurdité de l'univers, en un sens proche dans l'esprit de ceux d'un Fallout, et qui contribuent eux aussi à son succès. Clairement, même 9 ans après le premier épisode, la formule fonctionne toujours et Bordelands 2 reste un excellent jeu.

It's a CL4P-TR4P !

Évidemment, l'absence de multijoueur se fera plus sentir pour certains joueurs que d'autres. Mais on ne peut que regretter son absence, car Borderlands est indéniablement à la base un jeu ou la coopération est extraordinaire. Aussi, de ce fait, sachez que les compétences de héros auparavant liées au multijoueur ont été transformées pour tenir compte de cette absence. Pour compenser cela (ainsi que des commandes pas super précises, on en reparle juste après), on a à notre disposition un nouveau bullet time : les ennemis ralentissent mais pas nos mouvements. Associés aux pouvoirs de héros, cela peut se révéler dévastateur. Aussi, si la sensation de ralenti est stylée, l'absence de différence de vitesse pour nos propres mouvements est troublante et minimise l'aspect spectaculaire de la chose. C'est dommage et on pense que cette fonctionnalité aurait mérité un peu plus de fignolage. Que cela ralentisse un minimum nos mouvements pour créer une sensation de lourdeur ici totalement absente. Là, ça sent la feature ajoutée à la dernière minute. Et si c'est elle qui est vraiment censée compenser l'absence de mode multijoueur, clairement, on perd au change. C'est dommage, et ce d'autant plus que côté gameplay ce n'est pas non plus trop réjouissant. Que ce soit avec la manette ou les PS Move, on ne peut pas s'accroupir, mais on peut sauter ou se téléporter, et on peut aussi avancer librement.

Si l'on opte pour les manettes à reconnaissance de mouvements, on pointe un endroit avec la main gauche et, en appuyant sur le bouton central, on avance dans cette direction. Il faut donc viser à droite ou à gauche pour les pas latéraux, ou en arrière pour reculer. Votre bras devient donc un stick analogique géant qu'il faudra orienter dans toutes les sens pour se déplacer. C'est franchement peu ergonomique, très handicapant lorsqu'il s'agit de se battre, et le tout offre une lourdeur peu compatible avec les exigences d'un FPS, et ce même si la précision des armes est liée à une ligne statistique. Car il faut tout de même avoir l'ennemi au bout de son canon, et ça peut parfois être coton. En revanche, pour le flingue en main droite, les sensations sont bien présentes et cela reste sympathique de défourailler en orientant son arme avec son bras. Mais franchement, vu la lourdeur des déplacements avec ce mode de contrôle, on se dit que c'est vraiment dommage que Sony n'ait pas prévu plus de possibilités pour son casque de réalité virtuelle, en nous imposant systématiquement l'utilisation de deux PS Move.

Il y a un PS Move de trop dans cette ville

Les résultats seraient bien meilleurs avec un "Navigation Controller", accessoire disponible à l'époque sur PS3, qui imite le fameux Nunshuck de la Wii et qui a l'avantage de proposer un stick ! Même une moitié de manette Dualshock 4 ferait l'affaire à vrai dire, et on ne comprend toujours pas pourquoi les développeurs n'envisagent pas cette possibilité. Imaginez-vous la chose : sur PS3, pour certains jeux compatibles PS Move, il était possible d'utiliser une moitié de sa Dualshock 3 en substitution d'un Navigation controler, et ici, sur une PS4 à la pointe de l'ergonomie, c'est impossible. Un comble ! Si un ponte de Sony passe par ici, en plus de cette idée, qu'il note aussi celle d'autoriser le libre paramètrage des gâchettes pour le Remote Play Vita (on ne sait jamais, je tente, ça a déjà marché par le passé).

C'est donc à cause d'un problème matériel, ou plutôt de compatibilité matérielle, que les modes de contrôle les plus réalistes et les plus immersifs de Borderlands 2 VR ne donnent pas leur pleine mesure. C'est dommage, et vraiment, avec les manettes des casques PC, on espère mieux pour cette probable future version du jeu. On vous en touchera un mot si l'occasion se concrétise.

Bref, cette précision si précieuse, absente avec nos PS Move, on la retrouvera évidemment avec le mode de contrôle à la manette Dualshock 4. D'ailleurs, si les deux modes de contrôle sont branchés, on peu passer de l'un à l'autre à la volée, simplement en touchant l'un des boutons. La manette propose donc plus de facilité, mais malheureusement, on y perd en immersion. Ici, on vise du regard, et notre flingue suit les mouvements de notre tête, ce qui est bien, mais pas top. Mais clairement, c'est ici qu'on va trouver toute la précision nécessaire pour venir à bout des adversaires les plus coriaces et les plus rapides, et qu'on va au final le plus avoir de sensations "action". Et ce même si, avec la rotation crénelée, il faut appuyer plusieurs fois sur le stick, et non pas le laisser appuyé, ce qui peut poser des problèmes de réactivité en plein combat. La parade est d'activer la rotation fluide, mais au risque d'avoir un peu la nausée.

À propos de nausée, difficile de ne pas être malade lorsqu'on conduit les véhicules... À tel point que cela m'a parfois obligé à stopper ma session de jeu. Au final ça m'a même découragé de prendre tout véhicule, et m'a du coup obligé à faire de longs chemins à pied. Certains niveaux où il est indispensable de conduire sont ainsi vraiment cotons. En vue FPS, au moindre choc, votre voiture part dans des embardées prodigieuses, et la maniabilité n'étant pas plus aisée que dans la version originale du jeu, lesdites embardées sont fréquentes, très fréquentes. Vu la violence du moindre de ces chocs, qui fait bouger votre embarcation dans tous les sens, autant vous le dire : mieux vaut avoir le coeur bien accroché !

(Don't) Catch a ride !

Vous l'aurez compris, aucun des deux modes de contrôles de Borderlands 2 VR ne donne entièrement satisfaction, même si clairement, avec une Dualshock 4, on éprouve au final bien plus de plaisir et moins de frustration, et qu'on va passer la plupart de son temps à jouer comme ça. Du coup, on regrette encore plus la non-compatibilité du "Aim Controler", qui aurait pourtant fait des merveilles avec ses deux sticks... C'est dommage, car côté technique et réalité virtuelle, le jeu assure. On regrette tout de même que les cinématiques et les temps de chargement ne soient pas en VR, notamment pour les pimpantes séquences d'introduction des boss.

Niveau HUD, c'est la même chose que dans le jeu d'origine, et il est très bien intégré dans notre champ de vision, même si la carte laisse un peu à désirer et que c'est parfois un peu surchargé d'informations. Beaucoup d'options de confort sont disponibles, comme des tunnels de vision qui se déclenchent dans de multiples occasions, et les daltoniens seront ravis d'apprendre que le jeu propose une colorimétrie qui leur est adaptée. Car clairement, on en prend plein les yeux ! Notamment avec tous ces menus menus en hologramme qui flottent dans les airs, un classique de la SF déjà présent dans Borderlands premier du nom, et qui du coup s'adapte de façon plus que merveilleuse. On pourrait dire que Borderlands 2 prend naturellement vie en réalité virtuelle, et qu'on est épatés que tant de choses présentes dans le jeu d'origine trouvent une dimension supplémentaire en VR, un peu comme si le jeu avait été pensé pour ça à la base.

En revanche, bien souvent, lorsque l'on parle de trop près à un PNJ ou que l'on ouvre un coffre auquel on est collé, ce menu est masqué par ces éléments de décor. Cela arrive super souvent et c'est assez agaçant... Mention spéciale tout de même aux armes munies d'un viseur holographique, qui font apparaître un petit écran devant vos yeux ébahis, montrant le zoom effectué par la pétoire. Et même si l'animation y est alors dotée d'un faible nombre d'images par secondes, on ne boude pas son plaisir de mater nos plus belles exécutions "à la télé". On en sortirait presque le pop corn.

Clairement, malgré ses quelques soucis de jouabilité, Borderlands 2 propose d'excellentes sensations. Et ce d'autant plus que le jeu se montre très fiable techniquement parlant, le cel shading en réalité virtuelle proposant un rendu juste excellent et extrêmement séduisant, en réduisant au maximum les défauts et en exacerbant l'identité du jeu, et ce malgré des textures pas toujours au top, sur les décors notamment. Dommage qu'à cause de ces commandes nous restions tant sur notre faim ! Prions pour qu'une compatibilité Aim Controller - ou au moins la possibilité d'utiliser la moitié d'un DualShock 4 à gauche en plus d'un PS Move à droite - soit proposée rapidement via un patch, afin de nous proposer une expérience finalement à la hauteur de ce que ce jeu se doit de proposer.