Très chers compatriotes, l'heure est grave : la seule menace capable de rassembler l'Humanité toute entière vient de débarquer, sous la forme d'insectes géants et de soucoupes volantes... Bon, en vérité, c'est la cinquième fois que ça se passe - à quelques spin-offs près - et sur PS4, en dématérialisé uniquement concernant l'Europe. Mais cette fois, comment s'en tirent les forces de défense terrestre ? Sont-elles plus grandes, plus belles et plus fortes que jamais ?
Entre ceux qui lui vouent un culte et ceux qui trouvent cette saga encore plus désuète que le plus basique des Musô, c'est un fait, Earth Defense Force divise. Même sur Gameblog, c'est l'amour vache. En 2007, pour la sortie d'Earth Defense Force 2017 sur Xbox 360, la première en Europe, ce connard d'Angel lui collait alors un bon 2/10 des familles. Justifié me direz-vous ? Tous ses arguments tenaient la route. Puis en 2013, notre cher Kamui nous proposait par deux fois sa vision avec des tests d'EDF 3 portable sur Vita (le préféré de votre serviteur) et du 2025 sur PS360. 8/10 à chaque fois, avec toujours le même credo : le plaisir d'un jeu simple, jouissif et sans fioritures, qui ne se prend pas au sérieux. De l'adrénaline pure qui coule dans les veines, et de la destruction de masse.
Voilà plus d'une décennie que nous pouvons goûter à l'une des séries-phares d'un éditeur magique, D3 publisher, avec une formule et une recette que l'on connaît et qui fonctionne. Même appliquée par un studio américain pour l'épisode Insect Armageddon, ça marche ! Ici, pour ce cinquième volet, on retrouve le développeur historique Sandlot, et le jeu est pour la première fois exclusivement dédié à la PS4. En effet, l'épisode 4.1 auquel nous avons eu les joies de goûter en Europe - un titre qui fait depuis partie de la gamme Classics de la PS4, c'était sa destinée ! - n'était qu'une version améliorée de l'épisode 2025. Il est donc légitime de se demander si le jeu a bénéficié de la puissance des consoles de nouvelles génération pour s'améliorer, ou s'il sera toujours aussi obsolète...
Independence Day
Dès le départ, après un court passage dans des menus très similaires à ceux du 4.1, on remarque que le voyage se fera avec les voix anglaises exclusivement, et sans sous-titres. C'est une déception de ne pas avoir les voix japonaises, mais avec cette saga, on a l'habitude... Les dialogues, kitsch à souhaits, et les doublages, surjoués, avec des flashs infos aux jingles ridicules, se montrent assez marrants. Après tout, c'est déjà la cinquième invasion extra-terrestre, mais il faut tout ré-apprendre, et le monde entier tombe des nues ! On se retrouvera donc envahi en premier par les classiques fourmis géantes, suivies des traditionnelles araignées, puis un florilège de soucoupes volantes, de bases spatiales géantes, de monstres plus gros et méchants que Godzilla, et bien d'autres. Mention spéciale aux grenouilles géantes de l'espace, qui remplacent les robots et qui se battent en esquivant vos attaques, mais qui peuvent se faire totalement démembrer tout en continuant à vous tirer dessus... L'ambiance est vraiment déjantée, comme toujours, et les petites musiques de type "quatrième dimension" dans certaines missions sont juste excellentes.
On se balade toujours dans les environnements traditionnels de la série, comme la mégalopole, la ville de campagne, les grottes, les montagnes, la plage, une zone industrielle, et on peut toujours quasiment tout casser, tuer de l'extraterrestre sans se soucier des dommages collatéraux, ou même carrément détruire un immeuble pour se dégager une ligne de tir. Clairement, on est en terrain connu, et si pas mal d'éléments 3D du jeu possèdent un nouveau design - les machines extra-terrestres surtout - le joueur inconditionnel ne sera pas du tout dépaysé. De par son principe, ses ennemis, son univers, Earth Defense Force renforce son statut d'icône de série Z du jeu vidéo.
Mars Attacks
Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, niveau jouabilité, nous ne serons pas en reste. On pourrait penser les combats simplistes, et à vrai dire, on n'aurait pas tout à fait tort : uniquement deux armes embarquées, une I.A. ennemie digne de l'épisode VITA de Call of Duty, des vagues de monstres à affronter de façon bourrine et sans vraie stratégie... Sur le papier, ça ne donne pas vraiment envie, mais en vérité, c'est bien plus profond que cela. Si un certain Tomonobu Itagaki en vantait les mérites dans une interview il y à quelques années, ce n'est pas pour rien ! Le choix des armes déjà. On n'emploiera pas le même arsenal en fonction de l'ennemi à affronter, c'est un choix crucial si on ne veut pas se retrouver dans la panade. Les armes se révèlent vraiment très variées, et aux effets assez fous parfois. Mon lance-missile à tête chercheuse améliorée qui tire sur 15 ennemis différents vous en dira des nouvelles. Les sensations de tir ont été améliorées, avec l'ajout d'un certain recul sur les armes les plus destructrices, et des commandes différentes pour certains types. Par exemple, ceux qui sont habitués à jouer avec la Wing Diver vont devoir réviser un peu leurs gammes ! Il faudra toujours bien entendu anticiper l'inertie de notre personnage, qui a tendance à glisser, ainsi que les trajectoires adverses, pour viser un peu en avance si l'arme possède une certaine latence.
Aussi, de nouveaux mouvements font leur apparition, comme un dash aérien pour les unités... aériennes, ou même la possibilité de courir - petite révolution : finis les déplacements en dash sur le côté pour parcourir de grandes distances avec le ranger ! Une nouvelle catégorie d'objets à looter et à équiper fait son apparition, et permet de gagner des bonus variés. Attention, désormais les véhicules font partie de cette catégorie et il faudra les invoquer en échange de points de bataille. Le jeu nous trolle d'ailleurs un peu là-dessus en ne nous proposant que de vieilles camionnettes disponibles sur la carte... Niveau héros, on dispose toujours des quatre classes classiques, avec le ranger de base, qui peut porter des armes dévastatrices et conduire des véhicules, la Wing Diver, qui peut voler avec son jetpack et possède de redoutables armes à énergie, mais aussi le Fencer, sorte de tank humain, et l'Air Raider, qui apporte soutien et frappes aériennes pour le multijoueur. Chaque classe a ses vraies spécificités et se joue différemment, pour renouveler un peu le plaisir, dans un jeu qui est, il faut bien le dire, ultra répétitif. Malgré cette redondance, au niveau des contrôles et de la jouabilité, ce petit EDF 5, avec son aspect très classique mais avec tout de même pas mal de nouveautés, reste une petite réussite.
Starship Troopers
Question durée de vie, vous allez pouvoir massacrer de l'insecte longtemps, très longtemps. La progression de l'aventure suit une certaine logique, mais son principe est en revanche cyclique et basique. Pour chaque classe, il faudra commencer en Normal, puis récolter de nouvelles armes, plus puissantes et aux effets très différents, puis passer à la difficulté supérieure pour récolter à nouveau des pétoires plus puissantes pour le challenge du dessus. Avec ses cinq difficultés et ses quatre classes, la possibilité de jouer en écran splitté ou en ligne avec ses amis, pour viser le 100%, vous aurez de quoi jouer toute l'année sans avoir à acheter d'autres jeux. Par contre, et c'est plutôt positif pour le coup, les trophées de cet épisode, et celui de Platine, semblent nécessiter moins de runs qu'avec ses aînés, avec bien moins de missions à jouer : quand on termine le mode Difficile d'emblée, cela valide aussi le facile et le normal ! Et l'absence de trophées pour la collection d'armes, qui pouvait vous pousser à farmer de vieilles difficultés pour déverrouiller un pistolet à billes dont vous ne vous serviriez jamais est encore plutôt une bonne chose. De plus, désormais, même en bouclant une mission en solo, vous gagnez des points d'armure et des armes pour les trois autres classes. Et si vous avez la chance de récupérer plusieurs fois la même arme, cette dernière peut se voir améliorée.La progression s'avère plus souple, moins frustrante que dans les jeux précédents, et le contenu, avec plus de 100 missions, est gargantuesque.
Ne reste plus qu'à aborder l'aspect technique d'Earth Defense Force 5. Bénéficie-t-il d'un développement exclusif à la génération actuelle ? Et bien, on sera tenté de vous dire non. Si le design a un peu évolué, ça ressemble encore beaucoup au 4.1. Le jeu est très fluide quand il n'y a rien à l'écran, mais c'est loin d'être le cas si on affiche beaucoup d'ennemis. Et si les animations restent encore très basiques et similaires à celles d'origine - les grenouilles géantes de l'espace s'en sortent un peu mieux sur ce point - elle deviennent ridicules quand, au loin, un groupe d'ennemi n'est animé qu'en 2 ou 3 fps. Niveau crénelage, ça scintille de partout, et pour ce qui est des textures, elles accusent souvent un retard à l'affichage. La caméra vous laisse toujours dans une position improbable après un script, les collisions sont bien souvent très mal gérées, le ragdoll des ennemis est toujours aussi fou - et contraignant : attention aux explosions - et leurs corps s'abîment désormais, dans le même ordre d'idée que les grenouilles qui se démembrent, laissant apparaître les traces de la lutte. Les murs vont aussi adopter moult couleurs chatoyantes, celles du sang de vos ennemis, de façon un peu grossière. Les bâtiments sont toujours creux, comme s'ils étaient en carton, et se détruisent toujours de façon un peu ridicule. Même si on à fait beaucoup de progrès depuis les débuts, c'est très similaire à l'épisode précédent. Mais il faut bien le dire, ça reste jouissif de tout casser. Malgré tout, ces défauts font le charme et l'âme d'Earth Defense Force 5. Je fais partie d'une race de joueurs pour qui l'aspect technique, sorti des gros AAA dont c'est bien trop souvent une des principales caractéristiques, a peu d'importance. Il faut une certaine magie, un certain charme, et clairement, EDF5 propose tout cela.