Alors que l'on guettait - pas forcément d'un très bon oeil d'ailleurs - l'arrivée de Yo-kai Watch 3 en plusieurs éditions chez nous à l'instar des précédents volets, les voilà toutes réunies dans ce dernier épisode 3DS qui rassemble donc directement les déclinaisons Sushi, Tempura et Sukiyaki sorties au Japon. Derrière cette apparente générosité, Level-5 nous sert-il un plat certes copieux mais à l'arrière-goût de réchauffé, ou un bon bouillon de culture pour revigorer la série en occident ?
La réalisation de Yo-kai Watch 3, excellente pour le support, n'a guère changé depuis le premier épisode, l'ambiance musicale guillerette non plus, à l'exception de petits airs de country. Et pour cause, Nathan s'installe avec sa famille aux USA, à Pistachsburg en l'occurrence, une ville résolument pittoresque aux allures caricaturales de "l'American Way of Life", notamment au niveau culinaire. Le choc des cultures se traduit d'abord par la barrière de la langue, notre héros n'étant pas anglophone pour un dollar (qui se substitue ici à l'euro), nonobstant la traduction intégrale et de bonne facture en français, comme à l'accoutumée. Qu'à cela ne tienne, la rencontre avec le bien nommé Lionguiste à l'occasion lui permet vite de bénéficier d'un interprète littéralement surnaturel, car il s'agit d'un Yo-kai "Merican", l'origine majoritaire des fantômes inconnus. Avec la perte de toutes ses médailles et du même coup de ses compagnons spectraux, les affres des déménagements constituent naturellement un judicieux prétexte pour débuter une nouvelle aventure...
Aux frontières du réel
D'autant qu'une deuxième basée sur la série se déroule en parallèle, avec une certaine Ariane Célestin restée à Granval-sur-Mer. Autrement dit, plus question de choisir le genre du personnage principal. De la même manière que le look (et l'appellation) de nombreux Yo-kai "Made in USA" tendent à forcer le trait de la satire, parfois un tantinet grossière d'ailleurs, notre midinette se distingue par sa facette geek, histoire de tourner en (auto)dérision les phénomènes populaires autour des grosses productions qui jouent la carte, voire la figurine et le manga du multimédia. Le second degré, pour ne pas dire le troisième type fonctionne toutefois encore à merveille grâce à un récit toujours aussi léger, à l'image de péripéties souvent absurdes, et tellement désopilantes. Surtout que dans le sillage des chasseurs d'ectoplasmes très inspirés de Ghosbusters promus à travers l'opus Blasters, deux agents plutôt familiers du "FBY" à l'affût d'affaires inexpliquées s'invitent dans cette intrigue, sur fond d'atterrissage clandestin d'Objet Volant Non Identifié.
Manoeuvres occultes
Les Yo-kai ne connaissent pas non plus les frontières et se cachent dans leurs repaires plus ou moins habituels, qu'importe le pays. Au delà d'une Yo-kai Watch flambant neuve, la méthode pour les recruter a cependant quelque peu évolué, puisqu'il faut dorénavant tirer au laser sur un esprit fugace avant de pouvoir l'affronter, et essayer de gagner son amitié. Nul besoin de s'appesantir sur cette approche résolument plus belliqueuse mais pas vraiment convaincante, la véritable avancée du gameplay se situe dans le système de combat, sensiblement plus stratégique suite à l'intégration d'une grille. De ce fait les Yo-kai se positionnent sur ses neuf cases et s'intervertissent individuellement avec ceux en réserve, via l'écran tactile. Soumises à des compteurs, ces manoeuvres autorisent donc différentes formations tactiques, modifiées dynamiquement selon les types d'unités, leurs synergies potentielles ou d'éventuels chambardements, idem pour l'adversité. Et les déplacements des troupes afin de glaner les orbes distillées sur le plateau rendent évidemment les batailles moins statiques.
Activités paranormales
Un surcroît d'occupations que l'on constate également au sein de ces deux mondes assez vastes, denses et relativement ouverts, à mesure qu'elles s'y déploient. Entre l'exploration champêtre fantomatique et les escapades en radeau customisable, Yo-kai Watch 3 comporte son lot d'activités rafraîchissantes, associées à des mini jeux sympathiques. En outre, les séances de chasse aux trésors avec ou sans carte, dans des donjons aléatoires en coopération façon Blasters, viennent rompre la routine qui risquerait de se faire sentir au fil des jours, et des nuits, en témoignent les traditionnelles Terr'heures, désormais rehaussées de leurs pendants américains furtifs face à des hordes de zombies. Néanmoins, les plus intéressantes tâches s'inscrivent dans le scénario par l'intermédiaire des (en)quêtes, tout spécialement celles liées à la collecte d'indices, quelquefois à l'aide d'un réseau social, le KaiNet, incorporé parmi les applications du Yo-kai Pad. Car c'est ainsi que nos deux correspondants accomplissent leur destin, chacun de leur côté pendant une bonne partie de l'épopée.
Énigmes d'outre tombe
Toutes les missions ne doivent pas être remplies, en revanche la progression sur des points clés demande de passer régulièrement de l'un à autre, lorsque leurs cheminements se chevauchent. Une astucieuse narration en alternance qui vient dévoiler plus ou moins de détails, selon l'assiduité des investigations, au sujet de cette histoire décidément touchante, et attachante. A fortiori avec le programme que réserve Yo-kai Watch 3 une fois la campagne achevée, eu égard aux quêtes additionnelles et aux plus de 600 Yo-kai inclus (y compris en provenance de la mystérieuse tribu Wandroïde), sans compter les créatures façonnées à sa guise par le biais de l'innovant mode MonNyan. Bien entendu, le hasard demeure de mise au cours de cette sempiternelle croisade vouée à la collection, même avec le renfort d'un pistolet blaster pour augmenter les chances de copinage. Cette arme s'appuie en effet à son tour sur un principe de loterie, qui s'ajoute par conséquent au célèbre Bingo-kai et à sa déclinaison américaine, la Roue Rêve. D'aucuns y verront l'allégeance confirmée de Level-5 envers la randomisation. Pourtant au vu de l'efficacité des échanges et des combats en réseau local ou en ligne, cette itération vise davantage à favoriser les contacts, et plus globalement à véhiculer son caractère cosmopolite au travers de nos chers petits revenants issus du folklore nippon.