Darksiders fait partie de ces licences qui, avec très peu de jeux à leur actif, ont réussi à séduire et marquer la mémoire de bon nombres de joueurs. C'est sur PS3 et Xbox 360 que ça se passait à l'époque, avec un titre qui marchait dans les pas d'un bon vieux Zelda, une jouabilité action, de l'exploration de temples et de la collecte d'aptitudes permettant de franchir de nouveaux obstacles. Si le second épisode cassait d'emblée la routine en proposant un fort aspect RPG, un événement inattendu allait mettre du plomb dans l'aile de la saga : La chute de THQ, entraînant dans son sillage Vigil Games, le studio derrière les deux premiers opus.

Avec cette disparition, on pensait la série morte et enterrée, mais c'est Nordic Games, un studio basé à Vienne, familier du rachat de licences à ses confrères en faillite, qui s'est occupé de faire revire Darksiders via le développement de ce troisième épisode. Et nos Autrichiens, qui ont depuis adopté le patronyme THQ Nordic, ont refilé ke bébé au studio Gunfire Games, qui est à moitié constitué d'anciens de Vigil Games. Sur le papier, ça s'annonce plutôt bien, non ? Huit ans après le premier épisode et 6 ans après le second, on a donc enfin droit au troisième opus ! Mais avec tout ce retard, le jeu ne risque-t-il pas d'être un peu dépassé ? Car oui, c'est une des premières choses qui frappent avec ce Darksiders III : on a vraiment l'impression qu'il à été commencé sur des kits de développement destinés aux consoles de la précédente génération.

Un troisième point de vue narratif

Puisqu'on ne change pas une tradition, après avoir incarné Guerre dans le premier épisode et Mort dans le second, cette fois-ci, nous aurons l'insigne honneur d'incarner le seul membre féminin des quatre cavaliers de l'apocalypse : Fury (en Anglais dans le texte). Encore une fois, la ligne temporelle que l'on parcourra dans Darksiders III ne sera pas si éloignée de celles des deux premiers épisodes. Dès le début, on retrouve notre frère Guerre dans une bien mauvaise posture, accusé d'avoir déclenché l'apocalypse sur Terre trop tôt. On mènera ensuite notre quête jusqu'à une fin qu'on imagine alors très similaire à celle des deux premiers épisodes.

Cette fois, Fury se voit confier la mission d'aller sur Terre pour chasser et tuer les 7 péchés capitaux personnifiés, qui arpentent les ruines de notre civilisation. Fury, d'abord avide de pouvoir et de l'équilibre prôné par le Conseil Ardent, va profiter de tous ces affrontements - et d'autres rencontres, parfois de vieilles têtes - pour faire avancer le complot vers sa destinée. Et s'il faudra parfois attendre la seconde rencontre avec un péché pour l'envoyer ad patres, clairement, on prend plaisir à suivre les pérégrinations de Fury d'un point de vue scénaristique. Les fans seront aux anges en voyant leur univers favori s'étendre encore plus, et de façon plutôt réussie.

D'autant plus que l'ensemble est soutenu par des doublages français de bonne qualité, où l'on reconnaît la voix de Laurence Crouzet (que vous avez très probablement déjà entendu pour peu que vous passiez votre mercredi après midi devant le club Dorothée). Bon, OK, la synchronisation labiale n'est pas des plus réussies, et la mise en scène se montre parfois datée, avec des effets qui n'existent plus dans les AAA actuels... Certes. En revanche, côté design, clairement, même sans Joe Madureira aux commandes (il avait apposé son trait sur les personnages des deux premiers épisodes), le résultat est convainquant et on peut dire que les artistes de Gunfire Games s'en sont très bien sortis. Pour ce qui est des décors, on reste sur du classique, à savoir un monde post-apocalyptique envahi par des anges et des démons. Clairement, si certains paysages pourraient bien vous couper le souffle, notamment avec l'intervention des anges ou des démons justement, la plupart du temps, la différence avec un Fallout est minime. Et clairement, malgré son aspect vieillot, on ne boude pas notre plaisir d'enfin découvrir les aventures du troisième cavalier.

Joe Maistesplula

L'aventure commence par un niveau tutoriel, qui vous fera finalement affronter le premier des 7 péchés. Le plus faible bien évidemment. Les 6 autres ne manqueront pas de charisme, de "badassitude", de ruse et de puissance. Pour en venir à bout, il faudra maîtriser un système de beat'em all à l'ancienne, assez basique avec un lock pour verrouiller ses ennemis et leur tourner autour, une attaque de base à l'épée-fouet, et une attaque secondaire accessible avec les armes supplémentaires que l'on débloque au fil de l'aventure. Au programme ? Un marteau de force, une lance électrifiée et des machettes de feu. Chaque arme s'accompagne d'une nouvelle couleur de cheveux pour Fury, et d'un pouvoir élémentaire qui va permettre de changer les possibilités de sauts, assez frustrantes au départ, avec une double pirouette assez inefficace et ridicule. En combat, avec une esquive placée au bon moment, on pourra déclencher un ralenti, bien souvent salvateur car le jeu ne vous fera pas de cadeaux, même en mode de difficulté "Facile", dans lequel on se retrouve facilement submergé. Les choses deviennent heureusement un peu plus aisées lorsque l'on déverrouille une arme de combat à distance. Si un fâcheux incident venait à nous arriver, on perdrait alors toutes nos âmes, et on serait alors forcé de revenir au dernier checkpoint, parfois un peu loin, avec tout un chemin semé d'embûches à parcourir. Si une difficulté nous semble insurmontable, on pourra toujours faire appel à un pouvoir qui nous transforme temporairement en gros monstre surpuissant. Cette jouabilité très action fonctionne plutôt bien, mais reste entachée de quelques défauts : une gestion du lock assez étrange, qui vient parfois placer la caméra dans le mauvais sens, et une ergonomie globale clairement d'un autre âge... Les jeux de 2018 sont généralement bien moins rigides que ce Darksiders III... On se croit réellement revenu sur PS3 et 360 ! Et ça ne se limite d'ailleurs pas à cet aspect action.

S'il est une composante du second épisode qui n'avait pas fait l'unanimité à l'époque, c'est son côté RPG/loot à gogo. Ici, c'est oublié, on revient sur du Zelda-like plus classique. Malgré tout on retrouve toujours Vulgrim et Ulthane, qui vont nous permettre d'améliorer notre équipement et notre niveau. Seul trois types d'amélioration pour notre petite Nephilim sont disponibles : vie, attaque et magie. L'amélioration de notre personnage passe vraiment plus par les objets qu'il acquière en cours de route. Le tout reste très basique, du coup, il faut bien le dire. De la nouveauté, on pourra aller aussi en chercher dans le level design de ce Darksiders III : oubliez le découpage en donjons à l'ancienne et faites place à un monde ouvert qui fera office de donjon géant. Enfin c'est vite dit... En fait, en vérité, on est plus en présence d'un univers de type MetroidVania, dans lequel une nouvelle capacité permet d'ouvrir un nouveau chemin. Et en effet, il n'y a plus de donjons à proprement parler, mais des mini-donjons entrecoupés de couloirs...

La Mort du loot

La progression est toujours très similaire : on avance en ligne droite, puis on doit explorer les deux ou trois pièces attenante à celle qui nous bloque le passage pour trouver la solution, le tout en oubliant son marqueur de quête. Les énigmes ne sont jamais très ardues, requièrent parfois un peu de dextérité, mais sont parfois rendues très frustrantes par un level design pas toujours évident dans sa construction, avec certains passages bien cachés et une flèche de quête capricieuse. Il va falloir ouvrir l'oeil. Aussi, avec ce système, vous pouvez dire adieu aux grandes énigmes résolues sur l'ensemble d'un donjon : rien ne vous fera vous arracher les cheveux comme à pu le faire le temple de l'eau dans Ocarina of Time. Couplez tout cela avec un aspect très dirigiste, où l'on suit bien souvent bêtement son marqueur de quête. Sans carte pour se repérer, on à du mal à s'imprégner de l'architecture globale du monde, et l'on repasse du coup souvent par les mêmes endroits avant d'accéder à de nouveaux pans de l'univers. Ici, ça fonctionne tout de même, mais on reste un peu sur notre faim en matière de bon vieux donjons à explorer et à découvrir dans leur ensemble.

Avec sa direction artistique à la hauteur, mais sa jouabilité pas toujours inspirée - et d'un autre âge, n'ayons pas peur des mots - le bilan est pour l'instant loin d'être excellent pour ce Darksiders III, et ce n'est pas la partie technique qui va venir rattraper le tout en venant concurrencer Horizon... Si j'évoquais la précédente génération de consoles dans l'introduction de cet article, ce n'est pas pour rien. Impossible de ne pas y penser : le jeu à probablement été sauvé de la mort par THQ Nordic, mais son développement à été entamé, et même bien entamé, à l'époque de Vigil Games. En effet, Darksiders III, dès les premiers instants, outre sa mise en scène, possède un côté visuel très cheap en 2018, que l'on imagine aisément tourner sur PS360... et même sur Switch tiens. Les modèles 3D, tout comme les décors, sont très anguleux, les textures parfois grossières, et le jeu souffre de nombreuses chutes de framerate qui, si elles ne sont pas trop préjudiciables en combat, peuvent donner de nombreux frissons quand le jeu freeze une ou deux secondes à chaque chargement sur la carte. Clairement, le jeu à une génération de retard, et aurait probablement du sortir il y à 4 ou 5 ans. Malgré tout, on ne boude pas notre plaisir de retrouver la série, qui nous offrira de bons élans narratifs. Maintenant, on attend un quatrième volet un peu plus à la hauteur des standards actuels ! Enfin, pour terminer, en cherchant un tout petit peu, sachez qu'il est possible de trouver le jeu à -25% de son tarif de lancement. À bon entendeur.