Sur le toit du monde depuis de nombreuses saisons, Football Manager remet son titre en jeu face à une concurrence réduite à néant, après une intersaison plutôt calme en coulisses. Écoutant les critiques de ses partisans, Miles Jacobson et son équipe ont corrigé les lacunes des épisodes précédents et apporté du sang neuf censé gonfler son volume de jeu. Suffisant pour convaincre les sceptiques de renouveler leur abonnement ?
Heureusement qu'avec l'été qui s'est prolongé, j'ai largement rempli mon stock de vitamine D. Car avec la sortie de Football Manager 2019, ma madeleine de Proust, combinée aux longues balades à cheval dans l'univers gigantesque de Red Dead Redemption 2, ne comptez pas sur moi pour voir la lumière du jour en ce mois de novembre. Et avec ma pomme, c'est toute une communauté d'addicts à la série culte de Sports Interactive qui a fait une croix sur sa vie sociale et son hygiène de vie. Une partie de FM, à 21h00, le dimanche, c'est l'assurance de passer une bonne et longue soirée, pour son entrain, son immersion totale et sa profondeur. Et ce, même si le concept du jeu et sa philosophie minimaliste de ces dernières années suscitent chez certains fidèles un profond scepticisme, matérialisé par une impasse sur le titre une année sur deux.
Au coeur du problème, il y a ce manque flagrant de nouveautés, contre lequel Miles Jacobson, son géniteur, veut lutter coûte que coûte. Même s'il avoue, en toute humilité, que FM dépend avant tout des nouveautés du sport qu'il dépeint. Alors, il peaufine l'expérience par petites touches, ajoutant des éléments qui renforcent l'immersion et fluidifient un ensemble volontiers complexe. Et puisque dans le football, l'essentiel, c'est les trois points, tâchons de résumer en autant de paragraphes les secteurs pour lesquels les développeurs ont planché pendant six mois sur le tableau noir.
Coache-moi si tu peux
"Tu joues comme tu t'entraînes". N'importe quel observateur du ballon rond a pu entendre ce poncif de la bouche d'un entraîneur amateur pour expliquer la dynamique des siens. Une maxime qui prend tout son sens dans Football Manager 2019 puisque les entraînements doivent désormais être gérés avec maestria. Plus question de laisser cette tâche à ses adjoints, et d'observer ses ouailles d'un oeil lointain, les mains dans les poches, ou via un rapport façon bulletin de classes. Il faudra désormais choisir les thématiques de vos séances quotidiennes ou biquotidiennes, les varier et ajouter des spécificités pour optimiser la progression ou la récupération de votre effectif. Des données quantifiables et claires puisque les joueurs ont désormais une note de leurs performances à l'entraînement. De quoi punir les mauvais élèves ou au contraire accélérer la promotion d'un jeune qui mouille le maillot pendant la semaine. On ressent ainsi pour la première fois l'impact de chaque session sur son équipe, rendant même cette gestion très chronophage.
Mais l'entraînement n'est pas le seul domaine exploité par les développeurs, puisque le module tactique a également été chamboulé pour coller le plus possible à la réalité. Le champ des possibles est immense niveau schémas et animations, que vous soyez pragmatique comme Didier Deschamps ou plutôt romantique tel Pep Guardiola, qui adapte sa philosophie à ses troupes. Vous pouvez ainsi façonner une philosophie de jeu de A à Z (phases de possession, transition et défensive) ou opter pour un set tactique prédéfini comprenant rôles, dispositifs et consignes selon votre conception du football (football total, bloc d'équipe très bas, pressing intense, tiki-taka...). Un super compromis entre accessibilité et profondeur pour les nouveaux venus comme les vieux briscards du tableau noir.
Un travail de fond sur l'interface
Dans cette course folle au réalisme, réside le souci de l'interface, réputée comme austère et hyper complexe avec tous ces menus à tiroirs lourdauds. Les équipes de SI Games ont ainsi ajouté une option bienvenue, celle permettant de déplacer les onglets à notre guise, d'en regrouper certaines ou d'en supprimer les plus superflues, comme vous pouvez le faire sur votre smartphone. Ajoutez à cette épuration de l'interface, un système d'aide plus inspiré que le précédent (envoi de mails sur votre bureau) et une nouvelle charte graphique, assortie d'aides visuelles pour trier les informations essentielles, et vous comprendrez facilement que ce FM 2019 a réalisé un effort pour convertir les plus réticents.
Ce n'est malheureusement pas le cas du moteur 3D, vieillissant et à peine customisé par l'apparition du VAR (assistance vidéo à l'arbitrage) et de la goal line technology, gadgets forcément dispensables mais qui apportent un vent de fraîcheur bienvenu. Ces deux technologies montrent surtout que Football Manager 2019 reste attentif au monde d'aujourd'hui, même si Miles Jacobson botte en touche au moment d'intégrer des éléments plus controversés comme la vie personnelle du manager, les fraudes liées aux corruptions ou les déboires des joueurs. Le football, rien que le football, c'est ce que FM souhaite sublimer. Et il le fait de mieux en mieux, cet épisode supplantant le précédent et rendant l'achat (presque) indispensable.