Punch Line vient de débarquer dans toutes les bonnes crèmeries, sur PS4, mais aussi sur PS Vita, en version physique s'il vous plaît, avec même une petite édition collector contenant un masque de pigeon. Oui Oui. Mais que vaut donc ce Visual Novel atypique et complément fou ? C'est ce que nous allons voir pas plus tard que tout de suite.
Parfois, le génie met du temps à être reconnu. C'est vrai pour pas mal de milieux culturels tels que la peinture, la musique ou l'écriture, mais aussi pour les jeux vidéo. Par exemple, le Demon's Souls d'Idetaka Miyazaki a dû attendre un étrange phénomène de bouche à oreille pour fonctionner, et est aujourd'hui considéré comme la pierre fondatrice d'une saga légendaire.
Phrases choc
Le schéma est un peu le même avec la série des Zero Escape, dont le scénario est chapeauté par le génial Kotaro Uchikoshi. Aujourd'hui la réputation du scénariste n'est plus à faire, notamment avec la récente création de TOOKYO Games avec son compère Kazutaka Kodaka, mais avant ça, ce n'était pas aussi évident. En effet, les deux premiers épisodes de la saga Zero Escape, 999 et Virtue's Last Reward, aujourd'hui considérés par de nombreux joueurs comme les piliers d'un genre, voire comme des membres du panthéon des meilleurs jeux vidéo de tous les temps, ont d'abord connu l'échec commercial dans leur pays d'origine. Il aura même fallu attendre bien des années pour que la série revienne boucler son histoire avec le troisième épisode, Zero Time Dilemma, sous l'impulsion de nombreux fans. Et entre temps, probablement dégoûté, notre bon Kotaro Uchikochi n'a pas lâché l'affaire et s'est plongé corps et âme dans la rédaction du scénario d'un animé nommé Punchline, puis de la version jeu vidéo de ce dernier. Et c'est ce justement celui-ci que nous testons aujourd'hui ! C'est dingue parfois la vie.
Et que l'attente fut longue pour ce jeu, avant qu'il ne daigne voir le jour en France ! Pas moins de deux ans avant que PQube ne se décide en effet à le sortir sous nos latitudes, sur PS4, mais aussi sur PS Vita qui nous fait un peu son baroud d'honneur en ce moment. Pour les besoins de notre critique, nous avons pu tester le jeu grâce à une version PS Vita Européenne achetée dans le commerce, mais aussi une vieille version Japonaise PS4 que j'avais remmenée lors d'un voyage. Et comme dans n'importe quel visual novel, l'histoire revêt une importance certaine. Ici, vous vous retrouvez dans la peau d'une certaine Yuta. L'action commence dans un bus, dans lequel notre avatar se retrouve pris en otage à grande vitesse sur l'autoroute, par des terroristes. Coup de chance, Strange Juice, une super héroïne sexy, débarque à la rescousse des passagers. Mais en vérité, c'est le drame : quand votre regard croise malencontreusement ce qui se cache sous la jupette de la justicière, vous vous transformez soudain en sur-homme, et battez tous les vilains méchants à vous tout seul. Si les choses en étalent restées là, ok. Mais non, ça ne va pas, puisque vous vous réveillez des suites de cet incident, dans votre coloc', mais sous la forme... d'un fantôme !
Fantômes, petites culottes et fin du monde
C'est là qu'entre en scène Chiranosuke, un chat, fantôme lui aussi, qui va vous guider dans vos premiers pas après la mort. Enfin pas vraiment : vous n'êtes pas vraiment mort. Quelqu'un à volé votre corps, et se trouve dans votre chambre avec ! Mais impossible d'en traverser les murs, puisque le corps-jacker à placé des talismans un peu partout.... Fort heureusement, votre compagnon félin va vous mettre sur la voie. Pourquoi ne pas utiliser vos pouvoirs surnaturels de fantôme pour faire passer un message à vos colocataires, toutes des femmes, forcément, en déplaçant des objets ou en griffonnant quelques mots ? Et pourquoi ne pas aussi leur faire trouver un mystérieux livre qui pourrait vous guérir et vous sortir de l'état dans lequel vous vous retrouvez ? Pour cela, il va falloir respecter un schéma bien précis, qui va s'appliquer tout au long de la vingtaine de chapitres qui composent le jeu. Tout d'abord, se fortifier. Pour cela, il faut des cristaux d'âmes. Les humains en produisent quand ils ont peur, c'est une aubaine ! Donc on va se servir de nos pouvoirs de fantôme pour aller surprendre les filles dans leur chambre, en déplaçant des objets, en ouvrant des portes ou tout autre geste bien chelou. Mais attention ! Comme par hasard, toutes les habitantes ne portent que des jupes, et si jamais par malheur votre regard croisait trop souvent les sous vêtements de vos colocs', ce serait la fin du monde, et une météorite percuterait instantanément la terre ! Ces phases se jouent avec des caméras fixes disposées dans la pièce, que vous pouvez contrôler, et il faudra choisir les éléments les plus prompts à faire peur à votre hôte. Pas la jouabilité la plus fun du monde, mais ça fonctionne.
Poltergeist et Cie
Après être passé par cette phase, on acquiert de nouveaux pouvoirs : Possession, déplacements de plus gros objets... Et on va alors pouvoir avancer dans le scénario et résoudre l'intrigue de l'épisode en cours, qui nous mènera souvent vers le mauvais livre. Pour cela, il va falloir faire une succession de farces de fantômes, sans être repéré au préalable, pour créer un enchaînement d'événements qui vont mener à la résolution de votre problème. Ces phases se jouent comme les précédentes, sauf qu'il faudra aussi bien choisir quels éléments déplacer en un nombre de coup limité. Bien que plutôt marrants, ces enchaînements gardent une portée comique et capillotractée d'un point de vue scénaristique et logique. Et une fois réussis, on file vers le dénouement du chapitre, et on passe au suivant. Franchement, le scénario fait mouche, en faisant preuve d'humour, de grivoiserie, mais aussi d'intelligence avec moult mystères sur votre nature de fantôme à résoudre. Qui, comment, pourquoi ? Et cette fin du monde ? L'ensemble est franchement sympa, mais ne vous attendez pas non plus à des twists de folie à la Virtue's Last Reward à chaque chapitre. Le ton de ce Punchline reste plus léger, et les amateurs du genre apprécieront.
Ne me reste plus qu'à parler chiffon : techniquement, les deux versions, PS4 et PS Vita, restent très similaires. Le jeu y est plutôt fluide, les modèles 3D sont bien détaillés, avec forcément un peu plus d'aliasing sur la portable de Sony, et des textures parfois compressées à mort. Mais on ne boude pas du tout notre plaisir d'y jouer sur une machine nomade. Vous l'aurez compris, Punch Line s'adresse avant tout à un public déjà conquis par le visual novel, en proposant une aventure plus que convaincante.