Popularisé par l'excellent Left 4 Dead sorti en 2008, le jeu de tir en coopération a été maintes fois décliné ces dernières années, adapté à plusieurs univers. Son dernier représentant le plus convaincant, Warhammer : Vermintide 2, une production Fatshark, plongeait les participants dans une survie frénétique face aux légions du Chaos et aux Skavens. De zombies ou de high fantasy, il n'en est pas question dans Strange Brigade qui a la bonne idée de se démarquer avec son univers de comics d'aventure des années 30 (eux-mêmes resucées des exploits d'Allan Quatermain), envisagé ici avec légèreté et humour par l'entremise d'un narrateur ponctuant de son accent british la progression des joueurs. En 2000, Rebellion adaptait sur PlayStation le film de Steven Sommers, La Momie, et dans le ton comme dans le décor, c'est ce long-métrage que rappelle Strange Brigade.

Because I'm Hâpy

Ainsi momies, guerriers morts-vivants, divinités maléfiques, scorpions géants et compagnie constituent le bestiaire à affronter dans ce jeu qui soigne vraiment son ambiance, reprenant tous les clichés du genre, jusqu'à proposer des mécanismes mystérieux à activer avec des clefs en forme de scarabée et des statuettes de chat à dégommer au travers des niveaux. Les décors égyptiens fouillés, découpés en zones limitées, les musiques, les accents des différents protagonistes à incarner, participent également à cette atmosphère sympathique d'attraction de parc à thèmes que dégage le titre. On n'a pas affaire à une grosse production, le ton de l'ensemble tient du pastiche et c'est bien ce qui fait d'abord tout l'intérêt du jeu.

Allan Quatremains

Mais malheureusement, si en effet Strange Brigade propose un terrain de jeu inédit pour quatre joueuses et joueurs en ligne, en coopération, l'exécution est un niveau en-dessous des standards d'un genre qui n'est pas nouveau. D'abord, et même si cela peut être un point positif pour des parties en toute détente, le niveau de difficulté du titre est assez bas, les hordes d'ennemis se déplaçant relativement lentement si on les compare aux furieux zombies de Left 4 Dead. Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, le manque d'intensité des parties étant finalement dommageable à l'intérêt de l'ensemble. D'autant plus que de coopération, il n'en est pas vraiment question dans ce titre qu'on peut également parcourir en solo (et ainsi lire et écouter tranquillement les documents disséminés qui étoffent le récit), tant l'aspect y est réduit au minimum, c'est-à-dire se réunir à un même endroit à une section de niveau pour détruite simultanément un énorme cristal et continuer à progresser. Dommage, comme pour les semblants de puzzle qu'il aurait été amusant de résoudre à plusieurs, si la solution n'était pas toujours de se positionner sur un interrupteur ou de tirer sur un artefact brillant. Le reste du temps, soit la majorité, on tire dans le tas, et c'est là que Strange Brigade finit malheureusement de décevoir.

Mollemie

Car si son univers travaillé et somme toute original parmi les productions actuelles offre un gros capital sympathie à Strange Brigade, les sensations de jeu qu'ils procurent sont bien trop décevantes pour que l'ensemble soit à l'équilibre. En plus du peu de défi que propose les ennemis qui ne pourront vraiment être dangereux qu'en très grand nombre (les plus vivaces sont facilement esquivables, la vue TPS aidant grandement), les armes, les attaques spéciales propres à chaque personnage, sont très peu spectaculaires et manque d'impact.

Il n'y a rien d'organique dans la prise en mains et les affrontements de Strange Brigade, les personnages ne pouvant même pas enjamber un muret ou bénéficier d'une animation convaincante après une chute. Si bien qu'on joue toujours une main dans la poche et qu'on découvre seulement que la monstruosité est abattue une fois le viseur rouge redevenu blanc, aucun élément de réalisation, d'animation, n'offrant de pêche et d'indication sensorielle lors de ces affrontements bien trop mécaniques, un poil datés.

Il y a quand même de bonnes idées dans ces fusillades très convenues comme les pièges du décor à enclencher pour un maximum de dégâts causés et l'amulette qui permet de récupérer les âmes des ennemis. Celle-ci devra en effet être dégainée en premier si l'on veut les obtenir pour remplir sa jauge d'attaque spéciale, aux dépens de celle de nos coéquipiers. Une idée qui attise la rivalité mais ne peut à elle seule revivifier l'ensemble.