La Croteam à l'origine du développement de I Hate Running Backwards ("je déteste courir en arrière") a maintenant une solide réputation. Les croates sont à la fois capables de ne pas se prendre au sérieux du tout (les Serious Sam) et de créer des jeux profonds et intelligents (The Talos Principle). Avec I Hate Running Backwards, ils confirment qu'ils sont de vieux briscards des jeux vidéo et qu'ils aiment faire de la tambouille dans de vieux pixels.
I Hate Running Backwards semble presque avoir été imaginé comme un défi lors d'une soirée trop arrosée. Alors que la plupart des shoots choisissent de défiler en horizontal, en vertical, voir les deux pour ceux qui aiment varier les plaisirs, I Hate Running Backwards choisit la verticalité, mais en inversant le sens d'apparition des ennemis. "Eh, les gars, si on faisait en sorte que les ennemis arrivent d'en bas et que le héros soit obligé de courir en arrière tout le temps pour shooter ?". Le principe est posé.
Si tu avances, je recule...
L'ensemble du gameplay est donc basé sur ce postulat simple : même si les éléments du décor se déplacent dans le sens commun, tout le danger arrive par derrière. Le personnage vise ainsi vers le bas de l'écran avec un système de tir en autofire pour ne pas martyriser vos pads. Bien que le fonctionnement soit contre nature, on s'y fait assez rapidement. Il faut cependant composer avec le décor qu'on ne peut anticiper et qui provoque parfois des blocages ou des chutes rageantes.
Le protagoniste peut s'en tirer avec une attaque au corps à corps tournoyante qui sert aussi bien à renvoyer un missile, éliminer un adversaire ou détruire le décor. Ce faisant, une jauge de spécial se remplit pour avoir l'opportunité de déclencher une attaque dévastatrice une fois celle-ci pleine.
Dans le râtelier, on trouve la traditionnelle mitrailleuse, le fusil à pompe et autres armes spéciales type laser ou largueur de bombes. L'habitué des shooters ne sera absolument pas surpris, mais le cahier des charges est complété avec soin en fonction du personnage choisi. À noter que les munitions ne sont pas infinies et qu'il faut les gérer correctement pour ne pas se retrouver à sec. Rogue-like oblige, les décors sont générés de manière procédurale et il ne faut pas espérer en voir le bout en deux parties. De nouvelles modifications sont débloquées au fil des heures de jeu accumulées, facilitant les parties ou les rendant plus difficiles, avec aussi plus de générosité côté points.
Jouer en état d'ivresse
I Hate Running Backwards, un projet développé en marge d'un autre jeu ? Cela y ressemble, tant l'ambiance penche vers un exutoire gavé d'humour. Chaque personnage possède des caractéristiques propres en endurance (nombre de points de vie) et cadence de tir. Il en résulte des façons de jouer variables, selon qu'on prenne les commandes de Serious Sam, Lo Wang (Shadow Warrior) ou d'un Chuck Norris à peine maquillé. Le tout est représenté de façon caricaturale et cubique façon Minecraft.
I Hate Running Backwards se pose donc en candidat aux délires entre potes avec son mode deux joueurs en local et à des séances interactives avec un public sur Twitch (uniquement sur PC). Ce coup d'essai pourrait bien être implémenté à d'autres jeux en utilisant ce diffuseur. Avec le mode Twitch, il est possible de faire participer les spectateurs de la chaîne, qui peuvent décider de faire apparaître de nouveaux monstres en temps réel. Le spectateur utilise alors les chiffres de 1 à 9 dans le tchat pour déterminer le type d'ennemis et les touches S et B pour tirer des roquettes ou faire apparaître un taureau (mortel s'il vous touche) du côté de l'écran. Ici encore, avec des amis qui se connectent sur votre chaîne, il est possible de passer d'excellents moments.
I Hate Running Backwards, c'est un peu comme un apéro, une mise en bouche dans une soirée gaming. Il y a sans doute de quoi mettre une sacrée ambiance entre ceux qui ont une manette en mains et ceux qui viendraient influencer le jeu sur Twitch. Même sans cela (sur consoles par exemple), le jeu a suffisamment d'atouts pour passer de bons moments. Le gameplay est corsé, mais assez subtil pour amener à des superplays. Tout cela pour une quinzaine d'euros. Le risque est minime.