Ces derniers mois, Milestone n'a pas ménagé ses efforts pour proposer de nouveaux jeux et capitaliser sur les outils que l'équipe italienne a développés. Après un Monster Energy Supercross sans saveur, et un Gravel tout juste satisfaisant, voici qu'une licence phare est actualisée en version 2018. Ce MotoGP 18 va-t-il se qualifier en pôle position ?
Les amateurs de deux roues ont eu de quoi faire chauffer la gomme avec TT Isle of Man en mars. Mais il faut reconnaître que sur une licence officielle comme le MotoGP, il n'existe aucune concurrence directe, comme on peut le vivre entre un FIFA et un PES, ou entre Forza et Gran Turismo par exemple. C'est à la fois une bonne chose, pour que le développement se déroule sereinement et une mauvaise chose, puisque personne ne viendra essayer de faire mieux sur le même terrain pour booster la concurrence. Dans quel schéma s'inscrit MotoGP 18 ? On met la poignée dans le coin et on vérifie de suite.
Officiel jusqu'au bout de l'eSport
MotoGP 17 avait lancé une grande innovation dans le monde de l'eSport. Même si on en a moins parlé une fois l'effet d'annonce passé, c'est tout de même le promoteur des véritables Grands Prix qui s'occupe d'organiser le championnat eSport. Un menu spécifique lui est d'ailleurs déjà dédié et les annonces sont encore à venir pour la nouvelle saison. L'année dernière, c'était une voiture d'une valeur de 35 000€ qui était en jeu ainsi qu'une moto de marque KTM.
Car les marques sont bien entendu toutes présentes pour proposer le plateau des épreuves MotoGP, Moto2, Moto3 et Rookies Cup. Cette dernière étant particulièrement soutenue par KTM, puisque toutes les machines sont identiques et fournies par la marque autrichienne. Il s'agit de KTM 250cc quatre temps, qui répondaient également aux spécifications Moto3. L'originalité de cette formule, c'est qu'elle regroupe des adolescents qui débutent en course moto, mais qui feront les futures stars du MotoGP.
On retrouve donc les 25 pilotes de la Rookies Cup ainsi, que tous les autres et leurs performances dans le jeu sont à la hauteur de leurs résultats dans la réalité. En tout, ce sont 110 pilotes qui font partie de l'aventure, des plus prestigieux (Rossi, Marquez, Pedrosa...), à ceux qui (il en faut) sont en fin de tableau. Au milieu de tout cela, vous l'aurez compris, vous, qui commencez au bas de l'échelle en mode carrière. Toutes les licences officielles et le contenu réel contribuent à vous immerger dans les courses, jusqu'aux commentaires d'introductions par Remy Tissier.
Une conduite progressive et toute en sensations
Cette coupe des débutants a tout pour plaire. Elle permet de régler le niveau de difficulté et d'aide en fonction de l'expérience du joueur. Les principaux paramètres sont réglables et des bonus de réputation sont octroyés en désactivant les diverses aides ; pas de "rollback", perte d'adhérence en sortant du circuit, règles officielles, démarrage manuel... Les motos ne vont pas trop vite et c'est idéal pour prendre la mesure des circuits (les 19 circuits courus dans la réalité) et appréhender le comportement des bolides.
Même en utilisant le freinage combiné automatique, qui actionne de concert les freins avant arrière, on peut parfaitement ressentir les moments ou l'arrière décroche sur un gros freinage et les moments ou l'avant se dérobe en rentrant trop vite dans une courbe. Même constat pour la ré-accélération qui doit être progressive et couplée au moment ou la moto est redressée en sortie de virage, sous peine de se faire éjecter façon ruade. Une fois ces éléments assimilés, la conduite devient un véritable plaisir, même en conditions difficiles sous la pluie. La piste n'est malheureusement pas évolutive comme peut l'être celle de Project Cars 2.
L'IA se comporte de façon satisfaisante avec des freinages un poil trop anticipés qui permettent d'attaquer régulièrement l'intérieur. Mais c'est souvent au détriment de l'apex qu'on rate de peu et qui permet une relance plus forte de l'adversaire. On se fait alors reprendre dans la ligne droite suivante. Les joutes sont serrées, musclées, mais correctes. Cela ne vaudra évidement jamais les confrontations en ligne, mais c'est déjà bien suffisant en solo avec un niveau de difficulté bien calibré (et modulable) d'entrée de jeu. Concernant les courses en ligne, tout fonctionne correctement avec un maximum de 12 participants.
Mais attention, il faudra bien profiter de weekends de course complets pour apprendre tous les tracés et même les réapprendre en changeant de catégorie. Le comportement varie réellement la manière d'aborder les virages et les erreurs se paient immédiatement. De plus, même si une option d'aide aux réglages très bien conçue est présente, il faudra savoir adapter sa conduite à l'usure des pneus et notamment régler en temps réel l'aide en freinage et à l'anti-patinage. Le modèle s'apparente ici, à ce que bon nombre ont pu découvrir dans Gran Turismo Sport. On sent très clairement l'attitude de la moto changer avec la dégradation des gommes.
En roue libre ?
Malgré ses très grandes qualités, MotoGP 18 pèche sans doute par manque de compétition. Quelques symptômes témoignent en effet soit d'un manque de temps par rapport au calendrier imposé, soit tout simplement de la flemme la plus élémentaire. A l'image des abords de circuits qui sont tristement figés. En dehors de quelques vacillations de public, tout cela est bien mort. A tel point que les affiches de pubs sont purement et simplement traversées façon fantôme. Un sacré coup de griffe à l'immersion.
Dommage, car des efforts ont été consentis sur la mise en scène de la carrière, avec un pilote qui s'installe dans les paddocks, discute avec ses mécanos et fête dignement une victoire ou un podium avec l'équipe. Mais les choix de développement de la moto sont d'un classicisme éhonté, la gestion des sponsors absente et il n'y a absolument aucune relation inter-pilotes. Tout au plus un fil d'infos donne-t-il quelques résultats pour faire croire à un réseau social animé.
Du coup, on a un peu l'impression que Milestone avait envie de faire plein de choses, mais s'est laissé prendre par le temps. Les "nouveautés" mises en avant n'effacent pas ce sentiment :
- Le mode carrière demande des objectifs en fonction de l'écurie (déjà vu et classique)
- La machine doit être développée à partir de la Moto3 (présent sur MotoGP 17)
- Le départ manuel avec embrayage (déjà utilisé dans d'autres jeux dont TT Isle of Man par exemple)
- Le MotoGP ID (qui n'est qu'une carte de vos statistiques)
Malgré cela, on ne crache pas dans la soupe, mais il ne faut pas non plus nous faire prendre des trottinettes pour des super-sportives. La sempiternelle question de clôture de test pointe évidement le bout de sa roue ; faut-il acheter MotoGP 18 si on possède déjà l'édition 2017 ? Si vous appréciez et suivez la saison évidement que oui, car vous allez rouler autant que vos idoles et vous faire plaisir avec l'eSport. Si vous n'avez pas de simulation moto sur votre console, vous ne serez pas non plus déçus. Si c'est juste un bon jeu de moto que vous cherchez, votre investissement passé suffira sans doute.