Killing Floor : Incursion est un jeu d'action en réalité virtuelle qui vient alimenter en contenu le catalogue dédié au casque de Sony. Nous avons eu l'occasion de nous y essayer longuement afin de répondre à cette question existentielle : casser du zombie en VR, c'est toujours fun ?
À l'origine, Killing Floor est un FPS dans lequel une équipe de joueurs coopèrent pour repousser des vagues de zombies de plus en plus puissantes. La série de Tripwire s'est taillé avec lui une solide réputation de FPS post-apocalyptique coopératif et le deuxième épisode s'est même offert au plus grand nombre via le Playstation Plus. Aujourd'hui, c'est un spin of qui fait son apparition, entièrement en réalité virtuelle : Incursion. Avec son prix de lancement de 30€, et alors que moult autres shooters en VR sont déjà disponibles, mérite-t-il qu'on ouvre notre portefeuille virtuel pour lui ?
Un bug dans la matrice
Après un (très) court prologue dans les rues de Paris, dont le parc automobile est semble-t-il toujours exclusivement composé de Peugeot 206, on se retrouve dans la peu d'un soldat blessé et connecté à un genre de "matrice" sensée lui permettre de se soigner. Mais comme dans un épisode de Black Mirror, rien ne se passe comme prévu, et l'invasion Z apparaît aussitôt dans le programme, qui s'avère vérolé de toute part. De l'autre côté de l'oreillette, des scientifiques qui font tout pour vous guider, et de temps en temps une tête géante, portant un masque à gaz, qui vous distille elle aussi quelques informations... mais contradictoires. À qui faire confiance ? Ça, vous le découvrirez à la fin, parmi l'une des trois disponibles. Et cela arrive assez vite, puisque le jeu n'est constitué que de quatre niveaux, ce qui vous demandera entre trois et quatre heures de jeu pour en voir le bout. Il faut bien le dire, c'est assez court, et on regrette qu'il n'y en ait pas plus, surtout que ces tableaux proviennent justement de Killing Floor 2. On retrouve donc la ferme, le labo, les catacombes et les toits d'une place de Paris qui semble être celle des Victoires, avec plus de verdure et moins de pavés. Les rues de notre belle capitale restent exclusives au court prologue.
Ce mode Aventure est jouable seul, mais aussi en coopération. C'est assez cool, et on pourra élaborer des stratégies avec notre camarade, notamment pour les niveaux de difficulté supérieurs. Un mode Arcade est aussi disponible, et propose une course au score en temps limité, pour un maximum de fun immédiat. La campagne possède un peu plus de lenteurs, puisque contrairement au jeu de base où l'on affrontait de nombreuses vagues d'ennemis, ici il sera un peu plus question d'exploration. Et si parfois on se perd dans un niveau, votre petit robot assistant pourra toujours vous montrer le chemin à suivre avec un filet de lumière, façon "Naviciole" dans Monster Hunter World. Il faudra cependant se débrouiller quand il s'agira de petites énigmes à résoudre - la plupart du temps un objet à trouver, tout simplement caché, ou invisible sans l'aide de sa lampe torche. Bien que les niveaux sentent un peu le réchauffé, on les découvre sous un autre angle, et l'immersion est plutôt réussie sur ce point.
Killing move
Sur PSVR, Killing Floor se joue avec deux PSMove, assis ou debout, avec une configuration de boutons symétrique sur les manettes. Avec le gros au milieu, on se déplace librement ou l'on se téléporte, au choix. Deux moyens de déplacement classiques, mais efficaces. On se surprend même à "tricher" un peu en combinant les deux, en utilisant la téléportation contre un boss quand il est trop près ! Attention quand-même au risque de gerbe pour les plus sensibles qui choisiront le déplacement libre associé à de la rotation crénelée. Pour ma part, absolument aucun souci. Deux autres boutons servent à saisir ou lâcher les armes des mains. Et pour gérer notre inventaire, cela se passe sur notre torse ou dans notre dos ! Récupérer une arme ou un accessoire se fait de façon assez naturelle au final. Et même si l'on peut se sentir débordé au début, on se surprend à réaliser assez vite des actions assez complexes en plein combat, comme un changement d'arme ou un lancer de grenade. Tout cela de façon assez naturelle, d'autant que la reconnaissance est globalement très bonne, et c'est à souligner compte tenu de notre récente expérience sur Crise sur la planète des singes, au fonctionnement assez similaire. Les seuls moments où j'ai eu quelques menus problèmes, c'était en pleine journée, quand les manettes passaient devant le casque.
Si les déplacements et la gestion de l'inventaire sont donc réussis, le combat à l'arme à feu l'est tout autant. Pour affronter le bestiaire habituel de la série, avec quelques boss qui vous donneront du fil à retordre, on va la plupart du temps se la jouer pistolero, mais d'autres réjouissances sont au programme : des couteaux de lancer, des haches et des sabres (à une ou deux mains, voire un dans chaque main), ainsi que des fusils à pompe qu'il faut amorcer avant chaque tir, des fusils de snipe (une vieille relique qu'on devra recharger à l'ancienne, à l'arrière du canon, avec la main qui appuie sur la détente et la lunette qu'il faut approcher d'un de ses deux yeux). On peut même chopper des bouts de zombies, comme une tête ou un bras, et profiter du ragdoll bien dégoûtant qui va avec ! Si ces mécaniques sont très amusantes, on regrettera cependant que le rechargement se fasse, lui, de façon automatique, sans autre geste particulier qu'appuyer sur un bouton. C'est dommage, même si en vrai, devoir recharger manuellement rendrait probablement le jeu beaucoup plus difficile.
Globalement, le jeu est plutôt facile en normal, et pas insurmontable en difficile, où l'on commence à manquer de vie et de munitions. Généralement, en cas de fusillade, on se trouve un bon spot, dos au mur, et on mitraille ! Le ralenti est toujours là et va vous permettre de faire un carton total, un véritable carnage. Et si jamais on est débordé, une bonne téléportation des familles peut nous sortir de là. Question jouabilité, on est donc sur quelque chose d'assez solide avec ce Killing Floor : Incursion.
Incursion dans l'étage qui tue
Sachez aussi que Killing Floor Incursion, s'il ne sera pas le jeu le plus flippant de tous les temps, devrait vous procurer quelques frayeurs bien senties. Que ce soit en ligne ou en solo : pas de pause ! Je devais donc rester bien concentré et garder un oeil dans le casque, tout en prenant mes notes pour le test ! Vous l'aurez compris, l'immersion dans Killing Floor est plutôt réussie. Mais quelques petits grains de sable viennent malgré tout ternir un tout petit peu le tableau. D'abord le jeu est uniquement en Anglais. Pas de VF comme c'était pourtant le cas dans Killing Floor 2. Il n'y a même pas de sous-titres français, alors qu'ils sont disponibles dans une dizaine d'autres langues. Mais de toutes façons, ces sous-titres sont mal incrustés et un peu nazes... On à du mal a les lire et ils déconnent quand on se déplace. On se retrouve aussi parfois coincé dans une porte, et il faudra alors se téléporter pour s'en sortir. Et si c'était une plutôt bonne idée de caler le HUD sur nos poignets, là ou se trouverait normalement le reste de vos bras, en ligne c'est assez cocasse : les autres joueurs sont des bustes avec une tête et des mains flottantes, genre Rayman, et c'est plutôt déstabilisant la première fois !
Niveau technique, Killing Floor : Incursionn rend une copie assez honnête : le tout est plutôt joli mais souffre d'un léger problème de textures, qui apparaissent un peu en retard. Enfin, il faut bien noter - et c'est assez dérangeant - que si vous jouez en ligne avec un américain qui n'a pas la connexion de l'année, vous risquez de rencontrer quelques soucis de fluidité qui nuisent grandement à l'expérience... Mais avec toutes ses qualités, on pardonne à Killing Floor Incursion ses quelques défauts. Seule la durée de vie limitée a un peu plus de mal à passer.