Il y a quatre ans sortait en accès anticipé The Forest, jeu de survie créé par la petite équipe d'Endnight Games. Après un développement long et tumultueux, le voilà enfin disponible en version "release", avec à la clef de très belles évolutions et de beaux changements. Jeu précurseur de la grande époque du jeu de survie, a-t-il atteint ses objectifs et surtout vaut-il vraiment le coup en 2018 ? C'est ce que nous allons voir ensemble.
Avant tout chose sachez que The Forest se distingue d'emblée de la plupart des jeux de survie parce qu'il possède un vrai scénario, avec un début et une fin. Pour une fois, les raisons de votre mésaventure sont expliquées clairement et ca fait un bien fou. Vous êtes le passager d'un vol court-courier se rendant vraisemblablement des Etats-Unis au Canada, ou inversement. Vous êtes accompagné de votre fils, le vol se passe plutôt bien, quand soudainement l'avion se crash au milieu de nulle part, façon Lost. Evidemment, votre fils est porté disparu. Pire : vous savez qu'il a été enlevé par un autochtone. C'est là que votre aventure commence. Le jeu est entièrement jouable en coopération, et c'est d'ailleurs dans ces conditions que nous avons testé la grande majorité du titre. Comme son nom l'indique, The Forest se déroule en majorité... dans une forêt ! Avouez que c'est une surprise. Et contrairement à la plupart des jeux du même type (Ark : Survival Evolved, Rust, etc.) il ne se contente pas d'une forêt éparse avec deux arbres qui se battent en duel. Non, l'arbre, la nature, les plantes, sont omniprésents autour de vous, et représenteront d'ailleurs de votre seul salut. L'ultime barrière entre vous et les créatures mystérieuses qui peuplent les environs, et qui auront à coeur de vous transformer en viande saignante.
Entre Lost et The Descent
Car oui, très vite vous allez vous rendre compte que nous n'êtes pas seul et que la faune locale est loin d'être accueillante. D'abord curieuse quant à votre présence, observatrice, elle va bien vite passer à l'action, et c'est ce qui fait tout le charme du jeu. Un manuel de survie vous explique les rudiments de crafting. Comment faire un feu de camp, un abri de fortune, etc. ? Tout se construit via l'environnement. Des pierres, des troncs d'arbres (que l'on peut couper), des feuilles... globalement, tout ce qui vous entoure pourra être utile.
La peuplade qui habite les environs considère évidemment les lieux comme une sorte de sanctuaire, comme son territoire. Ainsi, quand certains d'entre eux commencent à entendre les bruits de votre présence (un arbre qui tombe par exemple), vous savez que le compte à rebours pour votre survie vient de commencer. Généralement, c'est un individu seul qui va venir vous observer de loin, vous suivre discrètement dans les bois. Si vous êtes curieux à votre tour et que vous approchez d'un peu trop près, il se contentera de fuir en courant. Mais plus tard (le jour suivant, ou en pleine nuit), c'est cette fois un groupe entier qui viendra vous observer, et qui commencera à poser des totems autour de votre petit camp, comme pour vous signifier que vous n'êtes pas le bienvenue. Une mise en garde macabre. Jusqu'au jour inévitable où ils vont vraiment passer à l'attaque, pour vous assommer, vous emmener dans leurs grottes et vous consommer vivant.
Plutôt saignant ou à point ?
C'est là qu'on se rend compte qu'il existe ici non pas une, mais deux tribus, bien différentes l'une de l'autre. L'une est humaine et cannibale, l'autre mutante, à l'image du film The Descent. Ce film d'horreur est d'ailleurs l'une des principales sources d'inspiration pour la partie sous-terraine du jeu. Les deux espèces sont en fait aussi agressives l'une que l'autre, à la différence près que les mutants semblent rester plus volontiers dans les grottes le jour et préfèrent sortir la nuit. Mais la finalité reste la même : le danger guette et il va falloir se barricader. Dès notre réveil au beau milieu des débris de l'avion. Le premier réflexe est de trouver un coin topographiquement intéressant pour y construire votre base. En hauteur, au centre d'un lac, entouré de palissades, c'est à vous de choisir ; toute les formes sont possibles et l'interface de construction est ultra-intuitive. Un vrai bonheur, mais surtout une vraie sensation d'être seul face à la nature, perdu au milieu de nulle part.
Il va falloir faire vite, car la nuit est dangereuse. Il ne s'agit pas d'une nuit "hollywoodienne", vous êtes au beau milieu de nulle part, en pleine forêt, et il y fait noir comme chez le Diable. Impossible donc de chasser, récolter des ressources ou même vous défendre convenablement une fois la nuit tombée. Si les premières nuits se passent dans l'appréhension d'une attaque, plus tard vous aurez l'opportunité de construire un lit et de passer directement au jour suivant. Vous serez tout de même forcé de défendre votre base à un moment ou à un autre, libre à vous d'installer de multiples pièges pour éviter le pire. Sachant qu'en plus des simples mutants et cannibales, de véritables monstres difformes peuvent également venir vous rendre visite et tout détruire sur leur passage... Bonne chance !
Car la nuit est sombre et pleine de terreur
La tactique la plus efficace est donc de faire un maximum d'activités le jour (chasser, récolter des ressources, enquêter sur la disparition de votre enfant) et de réserver la nuit pour continuer de développer votre base. Il est en effet possible de stocker des ressources pour faciliter cette tâche. Un peu partout sur l'île, vous pourrez trouver des loots précieux pour le développement de l'histoire (une caméra, des enregistrements, etc.) et des outils nécessaire au bon déroulement de votre survie (une tronçonneuse, de l'essence, une hache, etc.). Les constructions possibles sont très nombreuses mais certaines réclament des objets "rares" (de la corde, du scotch, des piles, etc.).
Evidemment, les meilleurs loots sont bien souvent dans les grottes, des lieux accessibles via des puits ou même via un réseau sous-marin. C'est sous terre que la pression du jeu est la plus grande et que la moindre erreur peut être fatale. Vous n'êtes pas au bout de vos surprises, mais on ne vous spoilera pas plus. Préparez-vous en tout cas à courir, très vite. Plus les jours passent et plus l'adrénaline monte dans l'univers de The Forest, et c'est ce qui fait tout le charme du jeu. On a vraiment l'impression d'être dans le film The Descent à plusieurs reprises et c'est une vraie claque pour les amateurs d'horreur. Chapeau bas, Endnight Games, surtout quand on voit la densité et la taille des environnements. On peut facilement se perdre, surtout la nuit. Et comme les températures peuvent descendre très vite, il faut se dépêcher avant de mourir d'hypothermie. Il en va de même pour la faim et la soif. Toujours penser à emmener lors de ses explorations quelque chose à consommer, car sinon votre endurance va en prendre un coup, et vous n'aurez plus la force de vous défendre ou de fuir.
Chapeau l'artiste
Bien qu'il ait été développé par une petite équipe de 4 personnes, le jeu est très honnête techniquement. Si ce n'est pas une claque graphique, il aura le mérite de vous happer par son atmosphère et son très bon sound design. Quel plaisir d'entendre les simples bruits de la nature comme une bourrasque de vent dans les arbres... Un délice auditif. La forêt est vraiment vivante, avec plusieurs espèces animales, une vraie prise en compte du sens du vent, etc. Des détails multiples qui permettent de renforcer la sensation de solitude et de survie. Il n'y a pas grand chose à reprocher au jeu si ce n'est l'IA un peu perfectible, qui peut amener à des réactions incohérentes, ainsi qu'une physique parfois ubuesque (à relativiser avec les moyens technique du studio). Combien de fois on peut apercevoir un mutant courir dans le vide sans raison... Mais rien qui ne viendra cependant ruiner l'experience de jeu. Comme en témoigne les divers screenshots qui parsèment ce test, le jeu reste beau et l'ambiance fonctionne vraiment à 100%
Le point technique : Si le jeu était extrêmement gourmand lors de son accès anticipé, ce n'est clairement plus le cas. Il tournera sans soucis sur la plupart des machines, même en ultra. Une GTX 1050ti (carte entrée de gamme) suffira amplement à parcourir les vastes environnements de The Forest. En revanche il semblerait que le jeu consomme beaucoup de RAM, il vaut donc mieux posséder au minimum 8 go pour ne pas devoir faire de concessions.