Je ne sais pas si le fait d'avoir perdu un immense chercheur en la personne de feu Stephen Hawking a pu jouer, mais j'ai comme l'impression que l'on joue de plus en plus avec l'espace-temps en ce moment. À croire que la notion de long terme tend petit à petit à s'effacer... Après le très bon Half-Minute Hero ou le moins inoubliable The Longest 5 Minutes, voici qu'un nouveau venu pourrait bien prendre la tête de ce marché de niche...
Minit a le bon goût de ne pas s'embarrasser d'un demi-milliard d'explications et de contextualisation pour dérouler son pitch qui conditionne toute l'aventure : fraîchement sorti de chez lui, votre avatar dont on ne sait absolument rien et dont on se contrefiche pas mal sort prendre l'air, et tombe sur une épée qui traîne nonchalamment sur la plage. À partir de là, rien ne va plus : toutes les 60 secondes, vous allez, quoi qu'il arrive, mourir. Encore, et encore.
Minit papillon
Mais comme la nature est quand même bien fichue quand on ne la perturbe pas trop, l'être humain parvient finalement à s'adapter à toutes les situations. Vous aurez beau passer de vie à trépas toutes les minutes, vos actions, elles, resteront, témoignage pérenne de votre bref passage sur cette terre bicolore. Vous l'aurez deviné : Minit vous demandera de profiter pleinement de chaque run minuté pour trouver quelle action accomplir, et ainsi espérer progresser dans cette drôle de quête ou la mort pose en permanence sa main glaciale sur votre épaule.
Forcément, avec si peu de temps pour explorer une carte qui se révèle pas à pas, il va falloir choisir, mais aussi (et surtout) se planter. Sans véritables indices sur la marche à suivre, Minit compte sur votre persévérance pour comprendre ce qu'il attend de vous. Mais c'est également le corollaire de cette microscopique durée de vie : avec seulement 60 secondes pour se déplacer, les possibilités seront bien vite passées en revue.
Minit m'aide (ou pas)
Minit fonctionne heureusement sur des bases assez simples, qui veulent que chaque objet débloqué vous permette de satisfaire une requête, ou d'accéder à une nouvelle zone. Car si la carte semble de prime abord assez restreinte, elle se révèle bien plus vaste et cohérente que ce que l'on pouvait imaginer. L'épée qui coupe les buissons permet ensuite de scier les arbres, les baskets achetées à prix d'or permettent de courir, tandis que les inaccessibles palmes ouvriront la voie des flaques. Et parce que la (toute) petite équipe aux manettes de Minit a pensé à tout, vous allez au fur et à mesure de l'aventure déménager, modifiant ainsi à l'envi votre point de respawn. Sachant que ces différents chez-soi finissent par se retrouver connectés via un système de téléporteurs, on finit par s'étonner de tout le chemin que l'on peut parcourir en l'espace de 60 secondes.
Et c'est qu'il faudra en avaler, des kilomètres ! Car si certains objets se passent d'explications, d'autres moins communs nécessitent véritablement de fouiller de fond en comble certaines zones pour trouver comment avancer. Le système de téléportation finit par devenir indispensable, puisque les nombreux PNJ ayant tous une requête à formuler nécessiteront bien vite d'accomplir de nombreux aller-retours, comme avec le propriétaire de l'hôtel du désert qui vous demande de remplir ses chambres, une version miniature des Douze Travaux d'Hercule.
I Minit !
En plus de proposer un concept original qui s'accorde parfaitement au gameplay largement inspiré de The Legend of Zelda, Minit profite d'une écriture brève mais sympathique, truffée de bonnes blagues, bien que la localisation française n'ait pas bénéficié d'une relecture très attentive. Il faudra en tous cas lire entre les lignes de toutes les fenêtres de texte, car le monde ouvert mais structuré du jeu oblige à être extrêmement attentif au moindre détail. En revanche, avec ses quêtes tous azimuts que l'on laisse souvent de côté faute de posséder le bon objet ou parce que l'on ne comprend pas immédiatement ce que l'on attend de nous, Minit peut parfois paraître décousu, obligeant par moments à déambuler sans but, en espérant être touché par la grâce. Ce qui finit fort heureusement toujours par arriver.
C'est ainsi que la fin du jeu pourra, au bout de deux heures pile-poil, tomber comme un cheveu sur la soupe, dans la mesure où l'on ne s'attendait pas forcément à tomber sur le boss de fin en remplissant une quête de plus (Pro Tip : lorsque l'on vous demande de sacrifier votre unique arme, il faut se méfier...). Car le jeu est vaste, et propose finalement de nombreuses situations très optionnelles, dont un temple secret aux énigmes retorses, qui permettent de continuer l'aventure une fois les crédits de fin passés et la chasse d'eau tirée. Et si vous en voulez toujours plus, Minit emprunte aux premières aventures de Link une autre très bonne idée, en ouvrant un New Game + aux restrictions très, très contraignantes...