Quand les héros de Final Fantasy décident de se mettre sur la tronche façon Super Smash Bros., ça donne Dissidia Final Fantasy NT, un jeu de combat étrange qui mêle boules de feu, coupes de cheveux Vivelle Dop Béton, exercices de mathématique et musiques au synthé à faire rougir d'envie Jean-Michel Jarre. Développé par la Team Ninja et d'ores et déjà disponible sur PS4, voici sans plus attendre notre critique de Dissidia Final Fantasy NT !
Le premier épisode de Dissidia Final Fantasy était sorti il y a 10 ans sur PSP. C'était un jeu de combat en 1 contre 1 où les héros et méchants emblématiques de la saga Final Fantasy s'affrontaient dans des duels en arène. Le gameplay se voulait dynamique et nerveux, les personnages pouvaient slider tels le hérisson bleu d'un coin à l'autre de l'arène, effectuer des dashs ou encore enchaîner des combos dévastateurs. Mettre des mandales à Cloud en incarnant Djidane dans un jeu de combat Final Fantasy avait quelque chose de surréaliste, mais on ne peut plus jouissif.
Brave Heart
Dissidia aura surtout marqué les esprits par son système de combat original basé sur la "Bravoure". Mettre des pains à son adversaire n'était pas suffisant pour lui faire perdre des points de vie, il fallait avant tout l'engager avec certains types d'attaques afin de faire diminuer sa jauge de bravoure et augmenter la notre. Quand celle-ci était suffisamment remplie, on pouvait utiliser les points de Bravoure accumulés pour attaquer directement les points de vie de son adversaire, avec plusieurs attaques spéciales dites "attaques de PV". La quantité de points de vie perdus par l'adversaire étant équivalente à la totalité des points de Bravoure possédés lors de l'attaque.
Le principe de Bravoure peut faire peur à la première lecture, cependant il permettait d'apporter une dose de stratégie inattendue et particulièrement intéressante, tout comme l'optimisation poussée des compétences du personnage, à l'instar d'un RPG. Tout cela avait un réel impact sur la manière d'appréhender les combats.
Quelques années plus tard, Square Enix a logiquement remis le couvert sur PSP avec Duodecim, une version avec encore plus d'explosions, d'action et de personnages aux cheveux dressés. C'était le bon temps ! C'est finalement en 2015 que l'éditeur japonais passa le flambeau à la Team Ninja, qui concocta la version Arcade de Dissidia Final Fantasy avec un gros twist : les duels en 1 contre 1 ont été remplacés par des combats en équipe, 3 contre 3, le rêve non dissimulé de Square Enix étant de développer le titre pour l'eSport... ce qui n'a pas vraiment été le cas. Aujourd'hui, l'éditeur tente à nouveau de concrétiser ce rêve en adaptant Dissidia Final Fantasy sur PS4... avec plus ou moins de succès.
Pierre - papier - ciseaux... puits ?
Tenter d'appliquer la formule "Bravoure" à un système de combats en équipe, tout en conservant le dynamisme des épisodes initiaux, n'est pas une tâche aisée. Tout d'abord, un système de classe inédit a fait son apparition afin de démarquer les personnages en fonction de leur style de combat. Ces catégories de personnages, au nombre de 4, rappellent énormément le jeu du pierre-papier-ciseau... sans oublier le fameux puits (pour les connaisseurs) !
L'assassin, rapide et mobile, a pour objectif d'attaquer le tireur, à la portée d'attaque allongée mais de faible constitution, qui s'en prend pour sa part au combattant, lent mais capable de résister face aux assauts de l'assassin. Enfin, il reste la classe du spécialiste, la classe des personnages dont les compétences ne correspondent à aucune des catégories citées.
Par ce système de classe, à l'instar d'un RPG classique, Dissidia Final Fantasy NT incite les joueurs à créer des équipes équilibrés, avec un joueur de chaque catégorie aux compétences complémentaires dans chaque camp. Sur le papier, le concept semble prometteur, mais malheureusement l'exécution se révèle plus complexe.
Hors ligne, hors d'intérêt ?
À la sortie de Dissidia Final Fantasy NT, seuls deux types de combat sont disponibles : un team-deathmatch, lors duquel la première équipe qui obtient 3 kills remporte la victoire, et un mode Quartz, où il faut protéger son crystal (parce qu'il y a toujours un crystal dans un Final Fantasy), tout en tentant de détruire celui de l'équipe adverse. Que vous jouiez en ligne, hors ligne, dans le mode Histoire ou en parties classées, les objectifs seront toujours les mêmes. Lorsque chaque joueur maîtrise son rôle et que tous les membres d'une même équipe sont capables de communiquer ensemble, Dissidia Final Fantasy NT peut procurer des sensations assez intenses... Malheureusement, ces moments sont rares, voire inexistants lorsque l'on joue seul sans Internet.
Hors ligne, l'intelligence artificielle qui contrôle vos alliés devrait être renommée "néant artificiel", car il est impossible de compter sur cette elle. Les affrontements hors ligne se transforment souvent en course contre la montre. "Vais-je réussir à tuer suffisamment d'ennemis avant que l'IA ne morde la poussière ?" aurait dû être le vrai intitulé du mode de combat hors ligne.
On ne s'attardera pas non plussur le mode Histoire, inintéressant au pire, risible au mieux, qui a la mauvaise idée d'être bloqué derrière un système de Memoria que l'on acquiert en effectuant des combats. Le pitch : la déesse Materia a invoqué tous les héros de Final Fantasy pour qu'ils se battent contre le démon méchant. Ils se battent contre le démon méchant, explosion, fin. Bref, le fun se trouve sur les internets plutôt que du côté du jeu hors ligne.
Avec des copains, on s'amuse enfin
Connectez-vous en ligne et c'est simplement la roulette russe du matchmaking. Vais-je me retrouver dans une équipe composée uniquement de Cloud ? Mon coéquipier a-t-il réellement compris le rôle de Vaan dans une équipe ? Bien souvent les affrontements en ligne se terminent en l'espace de deux ou trois petites minutes, l'équipe la moins disciplinée finissant par mordre la poussière. Heureusement, après quelques prises de niveaux, les combats gagnent en intérêt, les joueurs commençant à réellement maîtriser leur personnage et leur rôle sur le champ de bataille.
Les niveaux se manifestent de deux manières différentes : le niveau de joueur et le niveau de personnage. À chaque partie jouée, vous accumulez de l'expérience pour votre niveau de joueur global. Cela vous permettra par la suite de débloquer des Mémorias, du contenu cosmétique ou de nouvelles compétences EX, des skills de soutien partagés par tous les personnages. En plus de l'expérience globale, vous récupérerez également de l'expérience pour le personnage que vous contrôliez lors du combat, développant son rang et vous permettant de débloquer des attaques de PV supplémentaires.
Grâce aux compétences additionnelles récupérées par les joueurs lors des prises de niveau, les affrontements en ligne gagnent en profondeur et gagnent en intérêt. Cependant, rien ne vaut un combat accompagné de deux bons amis équipés d'un microphone pour mettre quelques tatanes à des inconnus en ligne. Des stratégies se créent, les actions se coordonnent et un réel sentiment de travail d'équipe bien fait nous envahit lorsque le mot "Victoire !" apparaît sur l'écran. Mais (parce qu'il y a toujours un "mais" avec Dissidia Final Fantasy NT), l'interface brouillonne et l'action souvent incompréhensible brident trop souvent ce sentiment.
Bac + Final Fantasy VII Spé. Maths
Dans les épisodes PSP, les duels ne se déroulaient qu'entre deux personnages, avec seulement les points de Bravoure et une jauge de points de vie à visualiser pour chacun, sur le coin inférieur de l'écran et de manière plus discrète au-dessus de l'adversaire. Mais avec la mise en place des combats en épique, ce sont pas moins de 8 jauges supplémentaires (plus celles au-dessus de ses alliés et adversaires), qui doivent être constamment affichées à l'écran, pour un total qui peut s'élever jusqu'à 17 jauges ! Il faut également ajouter à cela les curseurs de visée indiquant constamment qui vous cible et qui vous êtes en train de cibler, la pas-si-mini-carte dans le coin supérieur droit de l'écran, la barre de notification des attaques, l'indicateur de score, la jauge d'invocations pour chaque équipe, le timer général, le bonus de faille (la Bravoure supplémentaire obtenue en réduisant à 0 les points de Bravoure d'un ennemi), les bulles de messages de vos alliés, les vôtres et les icônes des compétences EX...
Autant le dire tout de suite : les premiers combats ne sont pas brouillons - parce que cela impliquerait que l'on puisse comprendre un tant soit peu ce qui se passe - ils sont simplement incompréhensibles ! Infligez des dégâts de Bravoure et des chiffres apparaissent à l'écran, recevez des dégâts de Bravoure et encore plus de chiffres apparaissent à l'écran. Maintenant, multipliez ça par 6 et revivez vos pires moments de cours d'arithmétique. Des chiffres de toutes les couleurs poppent dans tous les sens et les innombrables jauges se vident et se remplissent à un rythme effréné. On fait très vite une surdose d'informations.
Il faut un certain temps avant de réellement intégrer toutes les informations à l'écran et commencer à pouvoir prendre des initiatives en fonction des actions qui se déroulent devant nos yeux. Et même après ce temps d'adaptation, cela reste encore compliqué.
Final Fantasy All-Star
Toutefois le constat n'est pas entièrement morose pour Dissidia Final Fantasy NT. Le roster de ce jeu de combat estampillé Final Fantasy est plus que généreux, avec 28 personnages tirés des épisodes I à XV en passant par Tactics et Type-0. Les fans de la saga retrouveront avec plaisir les héros et antagonistes avec lesquels ils ont passé plusieurs heures à grinder devant la télévision du salon familial. La Team Ninja a fait un effort plus que saluable pour retranscrire le style de combat de chaque personnage. On s'amusera ainsi à se téléporter au coeur de l'arène en utilisant les armes royales de Noctis, on enchaînera les dashs et les assauts éclairs en tant que Tidus et on finira ses adversaires avec un Omnislash bien placé en tant que Cloud.
D'autres personnages vont même plus loin dans le principe, comme l'Onion Knight de Final Fantasy III, capable de changer de job à la volée comme dans le jeu vidéo original. De ce point de vue, c'est du pur bonheur en barre pour les amoureux de la série, qui prendront plaisir à découvrir les compétences de leurs personnages préférés.
De plus, le titre affiche un framerate de 60fps constant, et des graphismes qui flatteront la rétine des joueurs qui passeront outre l'interface de combat. Les vieux de la vieille (et les vieilles du vieux) reconnaîtront aisément les environnements dans lesquels se battent les héros de Dissidia Final Fantasy NT. Ça fait quand même un petit quelque chose de mettre une fessée bien méritée à Tidus dans Midgard avec Sephiroth. Les petits plaisirs de la vie...
Jean-Michel Jarre approved
Le fan service ne s'arrête pas là, il est également possible de récupérer un costume alternatif pour tous les personnages, et il faut admettre que peu déçoivent. De plus, caché sous un système de loot box qui n'implique heureusement pas d'argent réel mais beaucoup, beaucoup, beaucoup de grind, se trouvent une pléthore d'icônes et de stickers dans le style rétro pour personnaliser son profil de joueur. Les petits plaisirs, que j'vous disais !
Enfin, je ne peux terminer cette critique sans parler des musiques de ce Dissidia Final Fantasy NT. Si vous aimez le synthé des années 80 et les gros riffs de guitare qui tâchent, vous allez être aux anges. Les arrangements des thèmes emblématiques de la saga diviseront sûrement, et la plupart ne resteront pas dans les annales, mais lorsque l'on entend le bon remix au bon moment, mince, que c'est bon ! Pour les plus mélomanes d'entre vous, il est également possible de créer ses propres playlists à jouer en partie, bien vu la Team Ninja.