Fer de lance de la gamme PlayLink, Hidden Agenda est l'oeuvre d'un studio qui a fait ses preuves dans le domaine du jeu narratif avec l'excellent Until Dawn. Supermassive aux commandes, cela ne pouvait qu'augurer du meilleur pour ce qui est présenté comme un film policier interactif pour lequel jusqu'à six joueurs peuvent choisir le déroulement de l'histoire à l'aide de l'application téléchargée sur leurs smartphones connectés en WiFi à la PS4. Mais tout est-il aussi bien calibré qu'avec le slasher horrifique paru en 2015, en considérant la notion sociale ?
La trame de Hidden Agenda commence par l'arrestation d'un supposé tueur en série. Un type complètement barge qui va se voir condamné à l'injection létale... Pour se rétracter 5 ans plus tard, alors qu'il s'apprête à recevoir la petite piqûre qui le perdra. Et si le coupable était quelqu'un d'autre, quelqu'un dont il est proche ? Pour découvrir exactement ce qu'il en est, même si on se doute rapidement de l'identité probable du "vrai" tueur, on suivra l'enquêtrice Becky Marney (Katie Cassidy, vue dans Arrow) et la procureur Felicity Graves (Christy Choi) dans leurs tribulations. Avec le pouvoir d'orienter leurs choix, souvent lourdes de conséquences sur la suite des événements.
Salut les homards m'a tuer
Seul, votre téléphone ou tablette à la main, vous suivrez un jeu cinématique assez sympa, parfois angoissant, d'environ deux heures et ponctué de décisions à prendre, de séquences de QTE et de fouille à l'aide de votre écran tactile employé à bon escient. A plusieurs, les choses pourront se corser quand il faudra que la majorité décide de la direction à prendre. Notamment dans le mode compétitif qui introduit la notion de points et, surtout, de manipulation de l'histoire à votre guise. Enfin, plutôt à celle de cartes d'intention distribuées de façon erratique et capables d'empêcher de découvrir la fin de l'histoire. Pour l'amour du score, et sans qu'on devine votre dessein, il faudra parfois aller à l'encontre de votre propre envie de tout savoir et sortir une carte de presse prise de contrôles 100% tyrannique et autoritaire. Ce qui pourra mener, dans la dernière ligne droite, à une conclusion aussi précoce que frustrante, faite de contradictions pour les protagonistes. Peut-être que c'est la coopération qui aurait dû être mise en avant... Sans oublier que ces nombreux moments de dilemmes, qui interviennent après avoir été simple spectateur, donnent des coups d'arrêt (pour la réflexion ou les chamailleries) et rendent le tout assez laborieux. Ce qui laisse à penser que, si rejouabilité il y a, parce que les embranchements s'avèrent très nombreux, on ne ressent pas forcément le besoin de tout se retaper.
Pas jusqu'à l'aube
Autre problème, plus embarrassant pour les développeurs : l'impression de moyens limités sur la partie technique de Hidden Agenda. Les visages des différents acteurs sont, comme dans Until Dawn, modélisés avec soin et un bon respect côté expressions - même si les transitions trop visibles et brutales entre deux répliques cassent un peu tout. En V.O., le rendu se révèle assez impeccable. En V.F., tant dans la synchro que l'intonation, on y est pas vraiment. On aurait aimé que les carrures et les animations reçoivent un traitement adéquat, mais ce n'est guère le cas. Tout le monde bouge comme si un balai était coincé dans un endroit que la décence m'oblige à ne pas nommer. Et il faut avouer que sur la totalité de cette expérience, on s'étonnera plus d'une fois que, si les grains de peau, textures de fringues, effets de pluie ou de lumières assurent, le reste apparaisse plutôt à la masse.