Évoquer le scénario d'un jeu comme South Park : L'Annale du Destin pour les besoins de son test est particulièrement compliqué tant l'intérêt de la trame repose sur la découverte des gags et des différentes situations. Pour éviter de gâcher la surprise à ceux qui comptent y jouer, il convient de s'en tenir aux bases de l'intrigue. Les enfants de la petite ville du Colorado décident de jouer aux super héros, et se retrouvent divisés en deux camps. Non pas parce qu'ils ne sont pas d'accord sur les rôles attribués ou pour une basique querelle de mômes, mais parce qu'ils ne parviennent pas à s'entendre sur la stratégie de développement de leur univers de films et séries de super héros. Car le but affiché n'est pas de sauver la veuve et l'orphelin, mais bel et bien de gagner le plus d'argent possible. Il faut cependant garder à l'esprit que l'histoire ne va pas s'en tenir à cette simple brouille. À l'instar de ce qui se passe dans quasiment tous les épisodes de la série, les choses vont dégénérer et prendre une ampleur qui dépasse les gamins que sont Cartman, Kyle, Butters et tous les autres. Pour le plus grand plaisir du joueur bien évidemment.

South Park est une série réputée pour sa capacité à coller à l'actualité. Et vus certains passages de South Park : L'Annale du Destin, il paraît évident que les retards subis par le jeu ont été provoqués par le souhait des auteurs d'intégrer à l'intrigue des éléments liés aux événements de ces dernières années. Il est même possible de se demander si des passages entiers n'ont pas été rajoutés tardivement à l'intrigue de manière à renvoyer à certains faits arrivés plus loin pendant le développement du jeu. Dans les faits, cela ne nuit absolument pas à la cohérence de l'ensemble, bien au contraire. Boucler l'intrigue principale et les quêtes annexes (qui permettent à plusieurs personnages d'avoir leur propre arc narratif) de South Park : L'Annale du Destin, une vingtaine d'heure sont nécessaires. Et même si l'aventure est d'une durée tout à fait honnête, en plus d'être plus longue que celle du premier jeu, il n'aurait pas été de refus que l'expérience dure plus longtemps. Dans le cas présent, c'est un gage d'une expérience réussie.

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Le seul petit regret qu'il est finalement possible d'avoir vis-à-vis du scénario de South Park : L'Annale du Destin, c'est qu'il ne bénéficie pas du même effet de surprise que son prédécesseur. Et ce, aussi bien dans l'exploration de la ville que dans la mise en scène. Le Bâton de la Vérité allait très loin dans ce qu'il montrait/faisait et surprenait des gamers pas habitués à voir de telles choses dans un jeu vidéo. Sa suite dispose elle aussi de quelques scènes particulièrement osées, mais est dans l'ensemble beaucoup plus satirique que visuellement choquante. Heureusement, ces éléments sont percutants drôles et traitent d'éléments dans l'air du temps comme l'identité sexuelle, le racisme (si la difficulté du jeu ne dépend finalement pas de la couleur de peau de l'avatar du joueur, le racisme est une thématique bien présente au cours de l'aventure), le populisme, le politiquement correct à outrance (mention spéciale au passage avec PC Principal) etc. Le style Parker-Stone fonctionne toujours à merveille et les deux compères, aidés par Ubisoft San Francisco, se sont même permis de saupoudrer le tout de plusieurs twists inattendus.

Pour les besoins de cette suite, les développeurs ont décidé de revoir leur système de combat. Les enfants se prenant cette fois pour des super héros, le joueur doit sélectionner les classes dont son avatar tire ses pouvoirs (force, rapidité, soin, maître du karaté, etc.). Les affrontements se passent toujours au tour par tour mais se déroulent désormais sur des grilles. En plus de choisir son attaque, le joueur doit gérer son placement sur les cases de ce damier. Les différents coups n'ont pas tous la même portée et certaines attaques ennemies nécessitent d'être chargées pendant un tour avant d'être lancées. D'autres attaques provoquent de plus des altérations d'état (déplacements limités, confusion, perte de points de vie continue, etc.). Comme dans le premier RPG South Park, des invocations peuvent également être lancées, et ces dernières, en plus d'être drôles, ont elles aussi des effets utilités différentes (soin de l'équipe, attaque des ennemis sur une zone donnée, etc.).

South Park Saison 21,5

Et histoire de donner encore plus de variété à l'expérience, des rixes ajoutent des prérequis en termes de timing et de placement. Certains combats nécessitent par exemple de fuir un ennemi surpuissant qui frappe automatiquement au bout d'un laps de temps, que cela soit son tour ou pas. D'autres peuvent demander de placer des ennemis à un endroit précis de la map pour réaliser certaines actions. D'une manière générale, le gameplay pendant les combats a clairement gagné en sophistication. Un des rares reproches qui pouvaient être faits à South Park : Le Bâton de la Vérité était la simplicité de son gameplay et l'absence totale de challenge. En normal, le jeu ne devrait pas poser trop de problèmes à joueur habitué aux RPG au tour par tour. Mais le challenge est clairement plus relevé que dans le premier jeu. Certains combats nécessiteront de bien étudier la situation et de ne pas se précipiter tête baissée. South Park oblige, chaque baston est bien évidemment bourrée d'humour malgré sa violence. Au fond, le seul élément un peu lourd du gameplay de L'Annale du Destin est l'omniprésence de l'utilisation des pets pendant les combats et les phases d'exploration. Même si Trey Parker et Matt Stone peuvent être plus subtils qu'ils en ont l'air, les blagues pipi-caca font également partie de leur répertoire. Et il faut faire avec.

Techniquement, South Park : Le Bâton de la Vérité permettait littéralement de jouer une saison inédite de South Park. Le titre avait marqué par sa fidélité visuelle et sonore à la série. Et c'est exactement la même chose dans South Park : L'Annale du Destin. Le style de la série n'ayant pas changé, cette suite se révèle elle aussi identique à ce qu'il est possible de voir en regardant un épisode de South Park. Et comme les doubleurs originaux de la série sont eux aussi tous présents, Trey Parker et Matt Stone en tête, la version originale de L'Annale du Destin est tout simplement parfaite. Bonus pour les fans de longue date, les différentes boutiques et télévisions présentes dans le jeu permettent d'entendre des chansons et des extraits cultes de la série. Mais il faut bien évidemment connaître la V.O. de South Park pour en profiter.

Un doublage qui ne se rapporte pas au plumage

Si vous venez lire ce test, il y a de fortes chances pour que vous soyez intéressés par les voix françaises du jeu. Comme Ubisoft l'a annoncé il y a plusieurs semaines, le doublage français de L'Annale du Destin n'a pas été réalisé les comédiens historiques de la série. En raison d'un désaccord sur lequel nous n'allons pas revenir ici, Ubisoft a fait appel à de tous nouveaux doubleurs. Et même si ces derniers font très certainement du mieux qu'ils peuvent, et qu'ils sont clairement dans une situation délicate, force est de constater que ces nouvelles voix ne sont tout simplement pas au niveau de celles que les fans français peuvent entendre à la télévision depuis des années. S'il s'agissait d'une nouvelle licence, les gens ne trouveraient certainement rien à y redire, mais là, il est question d'interprétations auxquelles les fans sont habitués depuis de nombreuses années. Mention spéciale malgré tout pour le comédien qui prête ici sa voix à Cartman car son imitation du doubleur français original est relativement correcte.

Et puisqu'il est question de la version française du jeu, un petit mot sur la traduction du titre s'impose. Comme toujours avec South Park, les choses perdent en subtilité et en références lorsqu'elles passent de l'Anglais au Français. Dans L'Annale du Destin, il est également possible de noter de rares cas où les sous-titres sont tout simplement erronés. De plus, et la faute ne revient pas aux traducteurs, certaines références passeront totalement au-dessus de la tête des joueurs européens pas spécialement au fait de l'actualité américaine. Sans rentrer dans les détails, un des boss du jeu fait totalement mouche auprès de ceux qui connaissent le fait d'actualité qui a inspiré sa présence dans le jeu. Mais pour les autres, la situation risque d'être plus curieuse qu'autre chose. Mais bien heureusement, ce passage fait davantage figure de cas isolé qu'autre chose. Pour qui est un minimum sensible à l'humour de South Park et au style de Trey Parker et Matt Stone, L'Annale du Destin garantit de passer un excellent moment dans un titre au ton malheureusement trop peu représenté dans l'offre vidéoludique. Pour faire simple, on dira que South Park : L'Annale du Destin troue l'cul, bordel !