Complexe et passionnant, l'univers de Dishonored ne demandait d'entrée de jeu qu'à être développé encore et encore. Après avoir complété son premier chapitre avec deux DLC qui offraient un regard différent sur la première aventure de Corvo, Arkane Studios fait cette fois tomber le rideau sur une galerie de personnages qui resteront longtemps dans nos esprits.
Si l'information n'était pas encore parvenue jusqu'à vous, La Mort de l'Outsider vous place cette fois aux commandes de Billie Lurk, l'ancien bras-droit repenti de Daud l'assassin. Après avoir mis son rafiot à disposition de Corvo le banni dans Dishonored 2, Lurk n'a pas pour autant oublié son ancien mentor, qui refait enfin surface au moment où s'ouvre ce chapitre final. Bien décidée à secourir celui qui lui a tendu la main, la propriétaire du Dreadful Wale se retrouve finalement chargée de conclure cette histoire en éradiquant l'origine de toutes les souffrances infligées aux habitants de Karnaca. L'heure est venue de se débarrasser de l'Outsider.
La marque jeune
Ce chapitre final de Dishonored 2 reprend dans les grandes lignes le gameplay ouvert de l'épisode principal, mais en y apportant un twist qui suscitera même l'intérêt de ceux qui l'auraient retourné dans tous les sens. N'ayant jamais été marquée de la marque maudite, Lurk ne possède pas les mêmes pouvoirs que son maître, mais profite néanmoins de capacités spéciales bien pratiques. C'est d'ailleurs ces "limitations" qui font tout le charme de La Mort de l'Outsider : sans Blink ou sans Possession, il faut reprendre les fondamentaux.
Plutôt que de se téléporter à tort et à travers, Billie Lurk peut se projeter pour avancer plus rapidement, où atteindre balcons et toitures ; mais la substitution nécessite plus de manipulations, et ne pourra donc pas la spammer comme un malpropre. La Possession est également remplacée par la Semblance, et permet de prendre l'apparence d'un ennemi ou de n'importe quel civil qui passait par là, qu'il soit encore conscient ou non. Ainsi déguisée, l'ancienne disciple peut alors se faufiler parmi la populace, mais si ces bêtes humais n'y verront que du feu, les Clockwork Soldiers se montreront sans merci. Enfin, Foresight permet de prendre de la hauteur en quittant son enveloppe charnelle pour scanner les environs, ce qui permettra au passage de marquer gardes et loot à proximité. Billie Lurk possède également la capacité de parler avec les rats de Karnaca, et glanera auprès de la vermine locale quelques informations bien pratiques pour mener à bien son entreprise de destruction.
L'Emo file
Dishonored oblige, La Mort de l'Outsider vous laisse le choix de faire couler le sang à flots ou d'opter pour une approche plus furtive au cours des cinq chapitres qui composent ce stand alone. Le hic (car hic il y a), c'est que l'orientation choisie n'aura pas d'influence sur ce qui vous entoure : les ruelles de Karnaca ne deviendront pas plus lugubres si des cadavres en jonchent le sol, et en ne permettant finalement qu'un seul choix impactant à la fin de cette superbe parenthèse, Arkane Studios oublie d'ajouter en fin de cuisson la pincée de sel aux baies roses qui offrait une saveur si unique à la série.
Bon, il restera toujours le roleplay, où les trophées qui invitent très clairement à opter pour une approche intelligente et furtive, mais on regrette quand même cette absence. Heureusement, chaque chapitre propose son lot de missions secondaires : disponibles au marché noir, les contrats offrent une autre approche en obligeant à explorer plus en profondeur chaque environnement, avec une récompense sonnante et trébuchante à la clé. De quoi améliorer l'armement ou les capacités de Lurk, et ainsi renforcer son orientation.
Je te félicite de n'y avoir rien compris !
Que l'on accepte ou non de détruire un labo clandestin ou de récupérer le contenu d'un coffre-fort, chaque niveau offre de multiples possibilités, puisque les discussions au coin de la machine à café ou plus simplement une exploration piquée de curiosité révéleront toujours leur lot de plans B. Du coup, on aurait pu se dire que la replay value se trouvait juste là, à tenter différentes approches au gré des runs, et que ça s'arrêterait là... Pauvres fous que nous étions ! Si aucune mission ne ressort autant que le diabolique chapitre 7 de Dishonored 2, il suffit de boucler une fois l'aventure pour la relancer illico presto... Une fois passé le générique de fin, voici qu'arrive le mode Original Game +, qui propose de remettre un terme aux agissements de l'Outsider, mais avec les pouvoirs de Dishonored 2 ! Pas tous, certes, mais la trouvaille suffit à prolonger allègrement la durée de vie d'un titre qui se boucle en une dizaine d'heures pour peu que l'on creuse un peu ses objectifs secondaires.
Une lame, trois possibilités
Autant vous dire que l'hésitation a été de courte durée, puisque vous trouverez là le meilleur prétexte pour changer votre approche de chaque niveau : vous trompiez l'ennemi grâce à la Semblance ? Vous voici près à trancher des gorges grâce au Blink. Vous utilisiez le Foresight pour éliminer vos cibles ? Laissez-leur la vie sauve en les étourdissant par paquet de douze avec le Domino. Bref, vous l'aurez compris : La Mort de l'Outsider fait la nique à bon nombre de "grosses" productions qui n'embarquent pas un contenu aussi conséquent de base. On regrettera simplement de voir la relation entre Lurk et Daud si peu exploitée, et la réutilisation de quelques environnements déjà arpentés à l'automne dernier. Mais devant une telle précision d'horloger qui transpire la passion et un sens du détail à chaque coin de rue, il ne reste finalement que peu d'excuses aux joueurs de la série pour ne pas dévorer goulûment son dernier chapitre.