Destiny avait fait les beaux jours de pas mal de joueurs à sa sortie, en septembre 2014. Le studio Bungie, qui avait dû abandonner la licence Halo à Microsoft, nous proposait alors sa nouvelle vision d'un jeu de tir à la première personne, basée encore une fois sur un univers de science-fiction, mais cette fois avec des fonctions multijoueur lorgnant vers le jeu massivement jouable en ligne. Si pour ma part j'avais à l'époque sauté le pas dès le premier jour, c'était plus pour la PS4 blanche vendue exclusivement en bundle avec le jeu. Personnellement peu emballé par Destiny à la base, le temps donnait finalement raison à mes doutes, avec un accueil pas franchement folichon de la part des joueurs et de la critique. La faute à un manque cruel de contenu à sa sortie, fait assez incongru de la part d'un jeu que son développeur disait vouloir faire vivre dix ans, mais aussi à pas mal d'écueils en termes de game design, et enfin à un scénario totalement aux fraises, délaissé comme la cinquième roue du carrosse et ne faisait pas honneur au superbe lore construit pour l'occasion, souvent effleuré mais jamais vraiment utilisé.

Non mais Halo quoi !

Malgré ce fort sentiment de coup d'épée dans l'eau à son lancement, Destiny avait malgré tout su fédérer bon nombre de joueurs, qui avaient régulièrement ressorti leurs galettes à l'occasion des nombreuses sorties de DLC payants, grâce à une politique de remise en question permanente qui à fait évoluer bon nombre de choses vers le côté clair de la force. Le challenge est donc de taille au moment de découvrir ce Destiny 2 : sommes-nous en présence, encore une fois, d'un titre prometteur mais décevant, ou Bungie a-t-il retenu les leçons du passé pour nous proposer un jeu entièrement "bancable" dès le premier jour ? Allez, on fait le point.

La première forte avancée, qui frappe dès le début du jeu, c'est le gros effort scénaristique qui à été déployé. Nous avons droit à un véritable chapitre, un pan entier de l'histoire, de l'univers Destiny, qui s'écrit devant nos yeux du début à la fin. Après avoir choisi de se créer un nouveau héros - toujours avec aussi peu d'options de personnalisation, et les mêmes classes dont les pouvoirs évoluent au final assez peu - ou de récupérer un ancien (sans aucun autre bonus que de revoir ses principaux fait d'armes dans la cinématique d'introduction), on nous lance directement dans le grand bain, avec une attaque des Cabals de la Légion Rouge sur la citadelle. Oui oui, les Cabals, vous vous rappelez ? Ces gros lourdeaux que l'on croisait par-ci par-là dans le premier épisode, sans qu'ils soient un réelle menace pour vous ou vos compagnons de coop'.

Le Ghaul du matin

Et bien ici, grâce à un plan bien ficelé de leur maître Ghaul, au nom aussi ridicule que son charisme est proche du néant - bien que sa psyché soit régulièrement évoquée et travaillée - que les Cabals vont réussir à mettre la main sur la citadelle, mais aussi à capturer ce qui reste du Voyageur pour lui voler sa lumière. Et ce, bien sûr, malgré tous vos efforts et ceux de vos amis pour l'arrêter, dans un prologue solo d'un grosse heure et demi qui vous en mettra plein les mirettes, tant en termes d'action que de mise en scène. Outre de vraies cinématiques qui font avancer le scénario en début et fin de chaque "niveau" de ce mode histoire, les scripts sont de la partie et les panoramas offerts au joueur lors de cette grosse introduction sont tout juste splendides. Malheureusement, passé cette grosse impression des débuts, durant les 10 grosses heures qu'il vous faudra pour boucler la campagne (seul ou avec vos amis bien entendu), Destiny 2 rentre un peu plus dans le rang avec un déroulement du scénario convenu, ou absolument aucune entrave ne viendra ternir vos plans, qui vont se dérouler sans accroc à la manière d'Ocean Eleven.

Aussi, pas mal des missions qui vous seront confiées ne seront pas forcément super palpitantes, vu que vous passez bien la moitié du jeu à réparer des trucs afin de remettre en route d'autres trucs qu'il faudra réparer à leur tour... On a parfois l'impression d'être un simple coursier, un homme à tout faire, plus à même de mettre en route une centrale énergétique que de sauver le monde. Dans le même ordre d'idée, si certaines phases de gameplay sont plutôt originales - et ne sont pas rappeler les meilleurs fusillades de Halo dans des décors tous plus exotiques les uns que les autres - d'autres se montrent totalement insipides, comme cette fuite sur Nessos ou l'on fournit un simple tank sans aucune arme, avec la seule possibilité de fuir dans ce qui fut peut être la course poursuite la plus désuète de l'histoire du jeu vidéo (bien que conclue sur un des autres magnifiques panoramas dont Destiny 2 à le secret). La musique suit le même chemin, avec des compositions plutôt inégales, tantôt grandioses et le reste du temps assez génériques, notamment pendant les combats. Concernant les doublages Français, de plutôt bonne facture, il est assez amusant de constater que si la voix originale de votre Spectre n'est plus celle de Peter Dinklage en VO, chez nous, c'est toujours Constantin Pappas, le doubleur officiel de Thirion Lanister, qui officie.

Haloot

Avec son scénario pas fou-fou mais qui tient la baraque, Destiny 2 corrige donc l'un des principaux reproches que l'on pouvait faire à son aîné. Mais ce n'est pas tout, puisque l'autre écueil, à savoir celui du contenu disponible au lancement, a lui aussi été corrigé. En plus de la campagne de 10 heures, vous aurez également accès à de nombreuses activités. À commencer par la petite vingtaine "d'aventures", sortes de mini-missions scénarisées que vous pourrez boucler avec vos amis, mais aussi des mini-quêtes de patrouille, ainsi que des défis public, accessibles à tous, avec divers objectifs demandant tantôt d'empêcher une sonde de faire son travail, tantôt de détruire une foreuse à Lumen. Des défis quotidiens sont aussi de la partie, tout comme le retour des caches à explorer, ces dernières ayant gagné en taille et en challenge, puisqu'il faudra désormais se défaire d'un escadron et de son commandant avant de pouvoir looter son précieux coffre.

Bien sûr, les assauts - ces missions indépendantes et scénarisées jouables à trois - sont toujours de la partie, en mode normal ou en "nuit noire", ce qui viendra fortement augmenter leur difficulté. Quand aux raids, le premier débarque cette semaine et devrait être suivi par un second qui devrait servir à introduire une nouvelle menace (probablement l'antagoniste principal des contenus payants à venir).

Les Jalons sont bien entendus toujours présents, et c'est eux qui vont vous guider dans chacune des quatre zones ouvertes disponibles dans Destiny 2. Si l'Est Européen post apocalyptique dans lequel vous commencerez reste très classique, Titan et ses "titanesques" plateformes pétrolières, ainsi que Nessos et Io, pourront elles aussi vous faire profiter de tous leurs charmes et de leurs couleurs chatoyantes. Vous aurez beaucoup de travail avant de pouvoir décréter que vous avez terminé le contenu du lancement à 100%, puisqu'il faudra faire monter une des classes au niveau 20, le niveau maximum actuel, et passé ce cap faire monter votre niveau de lumière, loot après loot, dans une course effrénée à l'armement exotique (qui tombe bien plus souvent que dans le premier épisode). Tout ceci sans compter une éventuelle nouvelle partie avec une autre classe, qui vous prendra autant de temps que la première pour un autre 100%... Bref, avec tout ce contenu de lancement, vous en aurez donc cette fois pour votre argent.

Red Vs. Blue

D'autant plus qu'un autre iceberg à lui tout seul est de la partie : le mode PvP ! Scindé en deux, avec les modes rapides et compétitifs, vous pourrez vous adonner aux joies du frag en multi dans des parties variées, avec du combat classique, du Roi de la Colline, du Survival ou encore de l'Exécution. Les réflexes de la grande époque Halo reviennent vite, tout comme les sensations de jeu toujours au top, avec une maniabilité au poil et des sensations de tir réussies pour une grande majorité des armes. On retrouve vraiment tout le savoir faire de Bungie en matière de FPS, dans des combats désormais uniquement en 4 contre 4, et ce malgré quelques pouvoirs un peu pétés, comme l'utilisation des arcanes en combat, ou encore le simple usage d'une épée, dévastatrice, permettant de gagner assez facilement l'action de la partie, pour peu que l'on soit un peu patient et que l'on profite d'un bon travail d'équipe de la part de ses partenaires. Et chose assez surprenante de ce lancement : dans presque toutes les teams dont j'ai fait partie, la coopération était de mise, avec un escadron de quatre guerriers en rang serré prêts à en découdre.

Destiny 2 est donc un jeu très complet dès le départ, puisqu'il corrige pas mal des défauts de son prédécesseur. La technique n'est pas non plus en reste, car si le jeu n'est pas parmi les plus fins qu'il m'ait été donné de voir sur PS4, il tourne sans aucun ralentissements, que ce soit sur une console de première génération ou une version PRO, et affiche des lumières et des couleurs assez hallucinantes du début à la fin.

Ne me reste plus qu'a vous parler de quelques broutilles, comme l'apparition de micro-transactions (totalement dispensables, mais qui pourraient déséquilibrer le jeu coopératif), ou encore le fait que les modules de personnalisation soient désormais des consommables, et qu'il sera bien difficile de customiser tout son stuff avec le même motif tant il sont nombreux et leur loot aléatoire... Ce dernier point fait d'ailleurs polémique chez tous les fans de la première heure. Mais gageons qu'encore une fois Bungie saura écouter les joueurs et changer son fusil d'épaule sur ces faits, comme il a pu le faire par le passé.