Tout a commencé en 2006 avec la sortie de Saints Row, un clone de GTA totalement générique mais arrivé à un moment où le public était en manque de jeux de ce genre. Après cette première expérience commercialement réussie, son développeur, Volition, a décidé de changer son fusil d'épaule en transformant Saints Row en hybride de jeu de gangster et de comédie totalement déjantée. Cette évolution, bien reçue par le public et la critique, a donné lieu à deux autres suites allant de plus en plus loin dans la parodie et le loufoque. Sentant qu'il avait fait le tour de la question Saints Row suite à la sortie du quatrième épisode, Volition a voulu tenter quelque chose d'autre. Ce quelque chose d'autre, c'est Agents of Mayhem... Mais était-ce vraiment nécessaire ?
Lorsque nous avons pu essayer Agents of Mayhem pour la première fois pendant l'E3 2016, le jeu nous avait laissés perplexes. Notre seconde prise en main en avril dernier ne nous avait pas particulièrement rassurés. Et notre avis à l'issue du test du jeu est malheureusement dans la droite lignée de ces deux previews.
Agents of Mayhem se déroule dans un Séoul futuriste, plusieurs années après la fin de Saints Row IV : Gat out of Hell. Une organisation terroriste du nom de LEGION a frappé simultanément de nombreux pays à travers le monde dans le but de transformer la réalité de manière à faire de son leader un véritable dieu.
Pour empêcher la réalisation de ce sombre dessein, une organisation nommée MAYHEM envoie ses agents sur le terrain pour lutter contre les membres de LEGION. Sans surprise, ce sont ces agents que le joueur incarne. Ces personnages, aux origines, compétences et histoires différentes, sont certainement l'un des principaux points forts du jeu. Si les missions liées à l'histoire principale ne sont ni intéressantes ni originales, les "épisodes" annexes consacrés aux différents agents (dont certains sont des personnages bien connus des fans de Saints Row) permettent quant à eux d'en apprendre plus sur le passé des héros et sur leurs motivations. Ils permettent également d'apprendre à apprécier ces protagonistes au premier abord plein de clichés.
Bac à sable sans sable
À la manière d'un Saints Row, ou d'un GTA-like pour faire plus général, l'aventure de Agents of Mayhem est composée de missions principales, de missions annexes (évoquées plus haut) et de différentes activités éparpillées sur la map de Séoul (comme des courses relativement désagréables ou l'assaut de bases ennemies). L'intrigue peut par exemple demander au joueur qu'il se rende à un endroit donné de la carte pour pirater des terminaux ennemis, éliminer un groupe de soldat de LEGION, ou récupérer un objet. Si les missions se laissent jouer, l'impression de faire toujours la même chose se fait sentir assez rapidement. De plus, il arrive que les objectifs n'apparaissent pas clairement, ce qui oblige le joueur à tourner en rond, et dans certains cas à s'éloigner dudit objectif. Un aspect répétitif peut être pardonné/oublié lorsque le reste du jeu est passionnant... mais ce n'est pas le cas de Agents of Mayhem.
Un élément réussi du gameplay est une fois encore lié à la variété des héros. Chacun d'entre eux disposant de compétences et d'armes qui lui sont propres (les statistiques des Agents peuvent être améliorées et de nouvelles capacités peuvent être débloquées en gagnant de l'expérience), les attaques spéciales de chacun d'entre eux diffèrent et sont toutes accompagnées d'une mise en scène souvent amusante et d'effets variés ("Hollywood" enfile par exemple ses lunettes de soleil et passe en mode "scène d'action de film" avec son lot d'explosions totalement gratuites). En fonction des ennemis et des situations affrontées, il est de plus essentiel d'exploiter les compétences de chacun des membres de son équipe et de penser à changer de personnage en cours de route (les missions principales envoient sur le terrain des groupes de trois Agents parmi lesquels il est possible de switcher à n'importe quel moment). Le concept des Agents n'est pas totalement dénué d'intérêt. Son problème est qu'il se retrouve dans un jeu qui, quant à lui, n'en a pas vraiment.
Un jeu involontairement rétro
Les jeux Saints Row ne doivent pas leur réputation à la grande qualité de leur réalisation (le premier épisode était même particulièrement buggé). Les épisodes 2, 3 et 4 arrivaient cependant à captiver le joueur grâce à leur humour, leur ambiance et leur univers. Agents of Mayhem n'étant pas particulièrement intéressant, les différentes limitations techniques du jeu sautent plus facilement aux yeux. Sans exagération aucune, Agents of Mayhem rappelle un jeu de la génération précédente. Et pas un beau jeu. Environnements vides et extrêmement basiques, PNJ très peu nombreux et à l'intelligence artificielle au ras des pâquerettes, aliasing, popping, ralentissements costauds ou encore problèmes de caméra figurent parmi les problèmes dont souffre le jeu. C'est à se demander si les développeurs sont rentrés en hibernation lors de la sortie de la Xbox 360 et en sont ressortis pour développer Agents of Mayhem. S'il fallait souligner un point positif dans la réalisation de Agents of Mayhem, alors il serait possible d'évoquer une utilisation plutôt réussie des effets de lumière, d'explosions, ainsi que de particules.
Un élément qui ne pose pas de problème est le doublage. Les comédiens américains font un travail honnête qui colle avec ce que les scénaristes ont écrit. Les joueurs les plus motivés pourront par ailleurs refaire les mêmes missions avec différents personnages pour écouter les variations de dialogues. En l'état, et même si le jeu est totalement jouable, il est difficile d'imaginer Agents of Mayhem devenir une licence. À moins que le studio et son éditeur revoient leur copie de fond en comble. Cela dit, c'est ce qui s'était passé entre Saints Row 1 et 2. L'espoir est donc encore permis.