Absolver vient de débarquer dans toutes les bonnes crèmeries digitales sur PS4 et PC. J'avais pu tester le jeu en version presque finale il y a quelques mois, et bien que pris par le temps, j'avais été assez intrigué par le gameplay de ce titre ô combien atypique, empruntant autant à Dark Souls qu'à un véritable jeu de combat. Après avoir pu me poser bien plus longtemps sur une version finale, le verdict est tombé. Que vaut donc le premier jeu de Sloclap ? La réponse dans ce test à poings fermés.
On connait surtout l'éditeur Devolver Digital pour son travail aux côtés de moult studios sur de nombreuses licences délicieusement subversives et décalées telles que Hotline Miami, Hatoful Boyfirend, Shadow Warrior ou encore Mother Russia Bleeds. Ici, l'éditeur texan s'éloigne un peu de son giron habituel pour faire confiance au studio parisien SloClap, composé d'anciens de grandes boîtes de l'industrie telles qu'Ubisoft. Et pour ce qui est de leur premier jeu, les franciliens nous proposent un mélange des genres recherché, empruntant aussi bien à un Dark Souls pour ses mécaniques, qu'à un beat them all (voire même un jeu de combat) pour sa jouabilité. Le pari est ambitieux et risqué, mais SloClap pourrait bien se faire un nom et une réputation avec ce projet, et créer une véritable attente autour de ses futures productions. Voyons immédiatement si cela sera le cas...
Suis le lapin blanc
Absolver vous place donc dans la peau d'un prospect, combattant rompu aux multiples arts martiaux. Dans la courte cinématique d'introduction, vous êtes choisi par votre maître et catapulté dans un monde étrange, empli de dangers, lorsque l'on vous met un curieux masque sur la tête. À l'instar d'un Dark Souls - non, vous n'avez pas fini de le voir cité dans ce test celui-là -, vous êtes livré à vous-même, sans aucune instruction, si ce n'est celle d'aller péter la tête des boss qui gardent ce monde. Tout un programme.
Comme son illustre aîné cité plus haut, Absolver ne s'embarrasse pas d'une narration très poussée, puisque cette dernière est quasi inexistante. Hormis quelques petites fenêtres de dialogue avec certains PNJ qui se comptent sur les doigts d'une main, ce sera au joueur de décider s'il veut aller en chercher plus ou pas. Mais ne vous attendez pas non plus à des folies : si l'univers qui à été créé ici se montre fort séduisant, vous n'en aurez pas tant que ça à vous mettre sous la dent. Néanmoins, l'ensemble se montre visuellement très charmant, avec des décors dignes de figurer parmi les Sept Merveilles du monde, comme la tour d'Adal pour ne citer qu'elle. L'ensemble des décors est visuellement très attrayant, et si la plupart se composent de ruines à l'esthétique gréco-romaine envahies par la verdure, les quelques autres vestiges que l'on croisera sur sa route seront du meilleur effet. Ajoutez à cela un style graphique ensorcelant, à la croisée des chemins entre le tout pastel, le cel-shading et une certaine dose d'austérité, mais aussi des musiques aussi discrètes que prenantes, et vous avez là un jeu qui arbore fièrement une solide identité.
Il y a une différence entre connaître le chemin et arpenter le chemin
Et ce qui est bon dans tout ça, c'est qu'Absolver ne va pas compter que sur sa direction artistique pour séduire les joueurs. Passé la création - très succincte - de notre avatar, nous voilà lancés pour le meilleur comme pour le pire. Un premier niveau assez court et ponctué d'un combat de Boss vous apprendra les bases de la jouabilité du titre, avant de s'ouvrir sur la grande zone ouverte constituée de deux grands secteurs à explorer, et d'un troisième qui fera office de "Nexus". Ce HUB central n'est pas la seule chose qu'Absolver va emprunter à la saga d'Hidetaka Miyazaki : le fait de se retrouver lâché dans un environnement ouvert hostile, sans aucune indication, à activer des piliers de sauvegarde au fil de sa progression tout en déverrouillant des raccourcis qui se situaient en fait à trois mètres de votre point de départ, rappellera de bons souvenirs aux vétérans de l'exploration de Lordran. Néanmoins, sur ce point, en comparaison, le level design n'est pas au niveau : la succession de zones se fait de façon assez linéaire, et si certains passages sont assez démentiels, comme cette descente dans la ville via des toits de bâtiments délabrés, on à finalement l'impression que tout reste dans le même thème, sans distinction notoire, et je me suis fréquemment perdu dans un dédale de zones au final assez petites et entrecoupées de couloirs sens dessus dessous qui se ressemblent un peu tous... Dans un Souls, je sais toujours exactement par où je suis déjà passé, et les chemins qu'il me reste à explorer : n'attendez pas qu'Adal soit un digne successeur de Yharnam !
Mais ce n'est pas tout. Si "Vous êtes mort" est resté gravé en lettres de sang sur votre téléviseur, la faute à un affichage trop régulier, les mécaniques RPG du titre ne vous seront pas non plus totalement étrangères. En effet, le système de level-up est très inspiré par celui qui faisait office dans la saga de From Software, avec la possibilité de renforcer les attaques à base de force ou de dextérité, selon vos choix de combos - nous en reparlerons plus tard - mais aussi augmenter ses points de vie, sa barre d'endurance ou sa volonté, qui sera grandement liée aux pouvoirs défensifs. Et c'est principalement selon votre choix de classe de départ que vous ferez évoluer ces caractéristiques. Mais encore une fois, nous en reparlerons plus tard. D'autres petits détails comme les types de dégâts - contondants ou tranchants - ou encore la gestion du poids de votre équipement, viendront compléter le tableau pour ce qui s'avérera une bonne expérience "rôliste".
On n'est pas le meilleur quand on le croit, mais quand on le sait
Une autre composante de base de Dark Souls se retrouve aussi dans Absolver . À savoir des combats avec deux attaques, normale et puissante, ainsi qu'une garde, le tout faisant appel à une jauge d'endurance. Et si un autre système de timing entre chaque coup fera quant à lui penser à Nioh, la comparaison sur ce point s'arrêtera ici, tant le système de combat d'Absolver est différent. Votre personnage dispose de quatre postures (ou stances) : de face à droite, de face à gauche, de dos à droite et de dos à gauche. Chacune possède son propre enchaînement de coups normaux ainsi que sa propre attaque spéciale, et certains de ces coups vont faire en sorte que votre personnage se retrouve dans une position différente à la fin de l'animation, et il faudra donc connaître sa panoplie sur le bout des doigts pour la maîtriser. Et le plus fort dans tout ça, c'est que c'est vous qui choisissez les coups de vos combos, et qui éditez ces derniers ! Ce système est fortement inspiré de Remember Me, le jeu de Dontnod (un autre studio français) mais va beaucoup plus loin dans la gestion des dégâts et des types de torgnoles. A votre disposition, des attaques brise-garde ou qui peuvent étourdir l'ennemi, ou encore d'autre coups qui permettent d'esquiver tout en frappant. Le système se révèle vraiment intéressant et permet de véritablement concevoir des techniques de combat très élaborées.
Et ce d'autant que selon, la classe adoptée, vous aurez accès à une capacité supplémentaire pour vous aider à vous défaire des ennemis les plus retors. Le style Forsaken vous permettra, si vous choisissez la bonne direction, de parer l'adversaire tout en le sonnant pour lancer une contre attaque dévastatrice. Le Windfall fonctionnera un peu sur le même principe, mais ralentira le temps tout en évitant. Et celui qui sera peut être le plus simple à jouer reste le Kahit : avec un pouvoir d'absorption semblable au focus de Street Fighter IV, vous pourrez encaisser sans subir de recul, pour placer un taquet dévastateur qui peut même permettre de récupérer la vie perdue dans la manoeuvre. Un quatrième style, dit du mec bourré, sera à déverrouiller en rencontrant le bon PNJ, ce qui est possible assez tôt dans l'aventure. Cela ajoutera à votre palette quatre attaques aussi imprévisibles que dangereuses. Ajoutez à cela un guard cancel, qui permet d'annuler l'animation d'un coup pour feinter son adversaire, et vous avez un arsenal complet de jeu de baston. Mais malheureusement, toutes les bonnes intentions placées dans ce système par Sloclap ne fonctionnent pas vraiment à 100% . Les combattants s'avèrent plutôt rigides, et les barres de vie n'en finissent bien souvent plus, ce qui donne lieu à des affrontements très longs, notamment en PvP, ce qui poussera les joueurs les plus impatients à bourriner les boutons façon Track'n'field jusqu'à épuisement de la jauge d'endurance, et pas forcément pour un résultat positif. Au final, plutôt qu'a un vrai jeu de combat, nous faisons plutôt face à un hybride entre baston et beat'em all qui se débrouille plutôt bien dans ce qu'il fait, même si seuls les joueurs les plus aguerris arriveront à tirer toute la quintessence de ce système, que ce soit en PvP, mais aussi en PvE, les débuts de l'aventure n'étant pas parmi les plus difficiles qu'il m'ait été donnés de voir. La rejouabilité sera néanmoins de la partie, avec la possibilité d'affronter les bosses plusieurs fois, un nouveau gap de difficulté faisant son apparition à chaque affrontement.
Je connais le Kung Fu
Cette rejouabilité est d'autant plus forte que la palette de coups disponible pour customiser vos combos est loin d'être complète aux débuts de l'aventure. Pour apprendre le reste, c'est assez simple, il va falloir se battre contre un adversaire maîtrisant la technique souhaitée. Il faudra lui faire sortir cette attaque, puis arriver à se défendre, afin de faire monter une barre d'expérience dédiée à l'apprentissage de ce coup. Ce n'est qu'une fois votre adversaire vaincu que cette expérience sera véritablement engrangée, car si vous mourez, vous perdez cette dernière ! Le jeu s'avère donc au final assez peu punitif, puisque cette perte raisonnable sera alors la seule sanction durant les 10 heures environ que prend l'aventure principale bouclée en ligne droite. A la rejouabilité vient alors aussi s'ajouter un tout petit mode PvP, avec uniquement la possibilité de s'affronter en un contre un, les combats en équipe devant arriver avec une future mise à jour. Mais de toutes façons, comme je vous en parlai plus tôt, le gameplay est plus plaisant en solo et en coop que contre d'autres joueurs...
Le PvE m'a en effet bien plus séduit, avec notamment une grande simplicité d'utilisation permettant de coopérer d'un simple clic avec les nombreux joueurs présents actuellement depuis le lancement du jeu. Il sera alors bien plus facile de venir à bout des six mid-bosses et des trois bosses que comprend l'aventure : ces derniers ayant souvent la bonne idée de vous agresser accompagnés de leurs acolytes, pourquoi ne pas leur rendre la pareille et se simplifier la vie ! Malheureusement, l'idée présente des limites puisque s'il est très simple de trouver des compagnons, il est aussi très fréquent de tomber sur des joueurs belliqueux ayants pour seul but de vousdéglinguer alors que vous êtes au beau milieu d'une autre rixe... On pourra se prévenir de ce phénomène en se mettant hors ligne, mais à moins de pouvoir inviter ses amis, on passe alors à coté de toute la coop. Ne me reste qu'à vous parler de la partie technique d'Absolver, testé sur une PS4 première génération. Et le bilan n'est pas des plus folichons avec pas mal de ralentissements observés, mais aussi quelques téléportations des plus déplaisantes en multi, ainsi que quelques ennemis invisibles ici et là... Ce n'est pas parfait, mais loin de rendre le jeu injouable pour autant.