Il existe des traditions auxquelles on ne saurait déroger. Comme l'indigestion de chocolat à l'arrivée du printemps ou le traditionnel lever de rideau métallique au premier jour des soldes, pas une seule des consoles de Sony ne saurait achever son cycle de vie sans se doter d'un solide épisode d'Everybody's Golf. Et comme cela fait déjà six longues années que le dernier volet a déboulé sur Vita puis sur PlayStation 3, les adeptes du green et de la trajectoire savamment calculée étaient en droit d'attendre le retour de leur licence chérie. Amis golfeurs, enfilez votre unique gant, sautez dans votre voiturette et accompagnez-moi pour un 18 trous au grand air.
Alors que la série nous avait depuis belle lurette habitués à débarquer tous les deux ans au grand maximum, le studio Clap Hanz (responsable de la licence depuis le second épisode sorti en 1999) a semble t-il rencontré quelques difficultés lors du développement : annoncé en 2014 et prévu à l'origine pour 2015, le douzième volet (qui compte aussi deux versions consacrées au tennis et une compilation assez improbable de mini-jeux) ne verra finalement le jour qu'en août 2017. Mais pour autant, faut-il craindre le pire pour ce "New" Everybody's Golf su PS4 ?
I'll stretch you out
Il faut bien avouer que la série s'attaque avec cet épisode à un challenge bien de son époque : le monde ouvert. Eh oui, après The Legend of Zelda et autres Metal Gear Solid, c'est au tour des golfeurs en herbe de s'adonner aux joies de la déambulation pure et parfaite. Bon, on ne va pas se mentir, l'enjeu est plus conséquent pour un jeu d'exploration que pour une bande de putters endimanchés. Pour autant, la formule assez statique d'Everybody's Golf n'aura jamais été autant modifiée qu'aujourd'hui.
Concrètement, l'interface des menus s'en trouve subtilement allégée (comme la mayonnaise) : plutôt que de naviguer constamment entre différents menus comme à l'accoutumée, vous êtes balancés une fois la création de votre personnage bouclée, sur un hub microscopique où l'on vous explique en détail ces nouvelles fonctionnalités. Votre avatar peut désormais librement se balader et naviguer entre les différentes activités qui font le charme et le sel de la série. Et encore, on délaissera bien vite la marche à pied dès lors que l'on aura débloqué la voiturette, un signe extérieur de richesse qui booste comme il se doit votre vitesse de déplacement.
C'est green ? Super green !
Mais avant cela, il faudra d'abord procéder à la création de son avatar. Si les éléments sélectionnables dès le départ ne demandent qu'à s'étoffer, vous trouverez néanmoins assez de contenu pour démarrer du bon pied. Mais les habitués de la série n'auront évidemment qu'une hâte : défaire un à un les challengers qui viendront vous trouver pour les dépouiller sans remords de leurs plus beaux atours... L'aspect collection et customisation reste l'un des piliers d'Everybody's Golf, mais il prend une ampleur sans précédent en s'ouvrant cette fois au jeu en ligne.
Car c'est bien entendu la feature majeure de cette cuvée 2017 : vous pourrez enfin affronter vos amis (et les autres) dans des duels de swing dantesques, où la classe d'un birdie offrira en plus du traditionnel replay une bonne suée à l'adversaire. Miam. Il sera donc fondamental d'apparaître au top de sa forme et sapé comme jamais pour marquer des points et les esprits.
Qui veut la peau de mon trou ?
Chiche en modes, Everybody's Golf s'en sort pourtant très bien grâce à la présence d'une "Guerre de Territoire" qui n'aurait pu voir le jour sans la nouvelle liberté de déplacement. Jouable uniquement en équipes, ce Turf Mode propose de compter les points sur cinq trous à enchaîner en cinq minutes chrono, douche au champagne comprise. Exit donc les savants calculs de trajectoires et les doigts mouillés pour sentir le vent : il va falloir être pro-duc-tif (et Tondu).
Vos coéquipiers marqueront tous un certain nombre de points en fonction de leur score sur chacun des tous proposés, qui additionnés aux vôtres décideront de l'équipe récompensée lorsque retentit le coup de sifflet final. Libre à vous de les appréhender dans l'ordre qui vous plaira, tant que vous n'êtes pas rendu responsables de la cuisante défaite infligée à cause de vos fantaisies impromptues. Suivez mon regard... Une fois de plus, la voiturette de golf vous permettra de griller tous vos adversaires sur la ligne de départ, non sans balancer depuis votre canapé un rire démoniaque de rigueur.
The Benny Hill
L'aspect légèrement fantaisiste d'Everybody's Golf s'en trouve finalement renforcé : voir s'agiter dans tous les sens une tribu d'avatars aussi pressés que stressés par le temps confère un caractère surréaliste aux affrontements en ligne. On retrouvera avec délice ce pastiche de Benny Hill lors des tournois en solo, puisque vos adversaires seront enfin physiquement présents, de la zone de tee au dernier coup de putter sur le green. Et ils ne vont pas vous attendre les bougres ! Ça tombe bien, vous pourrez profiter de leur empressement pour visualiser l'influence du vent et du relief sur leurs premiers coups de driver.
Pour le reste, la direction artistique de cet épisode s'éloigne malheureusement des standards plus cartoonesques de la série. Pourquoi malheureusement, me direz-vous ? Car l'esthétique d'Everybody's Golf loupe cette fois le coche en tentant une approche un poil plus "réaliste", qui fait franchement tâche au vu de la modélisation faiblarde des personnages comme des différents environnements proposés. Ce n'est pas un reproche si dommageable, mais après tant d'années de développement, Clap Hanz aurait franchement pu rendre une copie bien plus sexy.
Morning Wood
Pour le reste, ce nouveau volet ne s'écarte pas des poncifs qui ont fait la renommée des précédents épisodes, à savoir : une accessibilité hors du commun qui ne laissera personne sans défense au moment où le challenge commencera gentiment à se corser, des compétitions aux trous toujours plus retors et vicelards au fur et à mesure que l'on monte dans le classement, et une bonne humeur inébranlable quoi qu'il advienne. Que ce soit au travers des discussions avec les PNJ, via les affrontements en un contre un ou lors des interminables écrans de chargement, Everybody's Golf ne se montre jamais avare en conseils et en astuces pour devenir le nouveau Tigre des Bois Tiger Woods.
Heureusement, la progression a été complètement remaniée et fera souffler une intéressante brise de nouveauté pour ceux qui commenceraient à trouver que le système tourne en rond. Si les statistiques de votre avatar et de vos différents clubs prendront du galon à chaque victoire bien méritée, le meilleur moyen de booster correctement votre équipement sera de... l'utiliser.
Eh oui, à l'instar ce de bon vieux Final Fantasy II (vous ne vous attendiez pas à le voir cité ici, avouez-le), ce sera en forgeant que vous deviendrez forgeron : chaque coup bien envoyé, chaque approche réussi aura des effets bénéfiques sur le club utilisé, et seulement sur celui-ci. Si vous êtes donc du genre à vous focaliser sur une poignée de Bois et de Fer, vous améliorerez rapidement leur puissance et leur contrôle, au détriment des autres. À l'inverse, équilibrer l'ensemble de son chariot ne fera ressortir aucun club en particulier. Une approche tactique qui permet de définir une stratégie personnelle très plaisante et qui renouvelle enfin la progression.