Fated : The Silent Oath est un jeu des studios Frima exclusivement destiné aux casques de réalité virtuelle. C'est avec l'arrivée de la version PS4 que nous avons pu nous pencher sur cette grande promesse d'aventure narrative nordique à la flamme bien moyenâgeuse... Pour le meilleur, mais aussi pour le pire !
Serait-ce le grand froid qui règne à Québec, où se trouvent les locaux de Frima, qui a inspiré les artistes du studio dans leur choix de placer l'intrique de ce Fated : the Silent Oath au temps des Vikings, ces combattants barbares aux longues chevelures blondes et aux noms imprononçables venus du grand nord ? Si seuls les dieux d'Asgard connaissent probablement la réponse, nous voilà bel et bien immergés dans cet univers mystique et magique.
Après avoir pu tester d'autres titres du genre, tels que Batman Arkham VR, Loading Human ou encore The Assembly, le tout avec plus ou moins de réussite et de plaisir de jeu, je dois bien avouer que Fated m'avait bien tapé dans l'oeil et que j'avais hâte qu'il débarque sur le PlaySation Store afin de pouvoir m'adonner une nouvelle fois aux joies si aléatoires des expériences narratives en réalité virtuelle. Et bien malheureusement, si le jeu possède bien des qualités, il souffre aussi de petits défauts...
Winter is coming
Fated nous place donc dans la peau d'un héros muet - comme l'indique le sous titre du jeu - et fait assez amusant, ce mutisme de notre avatar, aspect résolument rétro, est justifié par le scénario : une valkyrie, alors que vous étiez décédé, vous ramène à la vie en échange de votre voix, pour que vous puissiez atteindre votre destinée. Et c'est donc sur un chariot en fuite, avec vos proches à vos côtés, que vous reprenez conscience. Si la parole vous manque, vous pourrez tout de même répondre oui ou non à vos interlocuteurs, d'un simple mouvement de la tête. Si cette fonctionnalité est plutôt bien pensée, elle ne m'a pas donnée l'impression d'influer réellement sur l'histoire, comme lorsque j'ai refusé le deal de la Valkyrie mais que j'ai quand même été ressuscité ! Après un petit temps d'adaptation, vous voilà débarqué dans un camp avec vos compagnons d'infortune, fuyant l'éveil de géants, créatures mythologiques enragées et chassant les humains pour de mystérieuses raisons. Au fil de l'avancée du scénario, vous serez amenés à découvrir votre véritable rôle et la mission qui vous est confiée en ces temps apocalyptiques. Mais malheureusement, format épisodique oblige, la grosse heure qui vous mènera au bout de l'aventure ne fera que poser les bases de cette histoire, et se terminera de façon plus qu'abrupte et frustrante que tout autre chose.
C'est dommage, on aurait aimé en savoir un peu plus et terminer sur vrai cliffhanger scénaristique ou une révélation, plutôt que ce final à l'arrière goût amer et désagréable (celui d'avoir fait tout ça pour absolument rien). La promesse de cette grande aventure épique n'aura finalement pas eu lieu, malgré de très bons prémices. On espère donc un second épisode qui viendra faire avancer l'histoire de façon significative, car l'univers se montre malgré tout très séduisant, nonobstant le moment assez court que l'on y aura passé. En effet, la direction artistique se montre charmante, avec un style "cartoon" qui colle parfaitement aux physiques disproportionnés de nos amis Vikings, un univers travaillé et au lore tout simplement passionnant, fait de géants, de magie et de vieille légendes Nordiques, mais aussi de splendides paysages et décors qui mériteraient tous d'atterrir sur une carte postale, le tout étant soutenu par des doublages Français de très bonne facture.
Valhalla Rising
Cette déception scénaristique est d'autant plus frustrante que les activités que nous proposent les gars de chez Frima lors de l'aventure se montrent assez plaisantes. Si une grande partie du jeu se fera sous la forme de marche forcée - la course ne s'active que lorsque le scénario l'exige - ou nous serons plus spectateurs qu'autre chose, témoin des conversations de nos compagnons, les phases d'action, au nombre de cinq (une par chapitre) sont rafraîchissantes et spectaculaires. Si la partie de chasse à l'arc dans la forêt reste assez classique mais efficace, les autres ne manqueront pas de piment. Il y a notamment une course-poursuite démente dans un canyon, où vous tenterez d'échapper à un géant tout en pilotant votre carriole, mais aussi la visite d'un vieux temple où vous devrez résoudre des énigmes et déjouer de spectaculaires pièges composés de faux géantes qui pendent au plafond. Au bord d'un sinueux chemin, une plateforme a réveillé en moi un fort sentiment de vertige, et même de vraies sensations fortes lors de cette chute mortelle que j'ai faite par erreur. Il y a également eu cette spectaculaire descente dans les rapides d'une rivière déchaînée... Des sensations que la réalité virtuelle ne m'avait que trop rarement proposées jusqu'alors.
Lors de toutes ces phases, les commandes de la manette DualShock 4 se montrent simplistes mais efficaces, et la sensation de nausée induite par les déplacements est minimale, je ne l'ai personnellement pas ressentie du tout, hormis les fortes sensations de vertige lors des chutes. Et pour ceux qui auraient des problèmes à ce niveau là, Frima à bien fait les choses en incluant des repères visuels paramétrables, au sol uniquement, ou dans un espace en 3D, qui peuvent aider le joueur à supporter les déplacements. Côté technique, sur PSVR le jeu tourne bien, mais on n'échappe pas à quelques problèmes comme du popping d'arbres au loin ou des textures pas franchement parmi les plus fines de l'univers. Ajoutez enfin une liste de trophées simpliste au possible, qui ne sanctionnera que votre avancée et affichera un petit 100% au bout de l'aventure.