Peu importe que le cadavre soit en état de décomposition avancé, Mega Man n'a jamais semblé aussi actuel que lorsque Capcom décide de rouvrir le cercueil dans lequel le pauvre Blue Bomber croupit depuis bien trop longtemps. Après un Mega Man Legacy Collection compilant les six épisodes sortis sur cette bonne vieille NES, voici qu'un second Best Of vient conclure la longue carrière de celui qui se fera donc toujours berner par le vil Dr Wily.
C'est peu dire que la série commençait gentiment à tourner en rond parvenue au sixième épisode sur une seule et même plate-forme... C'est pourquoi Capcom avait mis son héros de côté pour entamer une toute nouvelle saga grâce à Mega Man X, qui tirait pleinement parti des capacités supérieures de la Super Nintendo. Mais c'était sans compter sur l'amour inconditionnel des fans de la première heure qui espéraient malgré tout revoir un jour leur amour de jeunesse sur le devant de la scène...
Méga manne, les gars scient
C'est ainsi que Mega Man 7 fut quelque peu rushé par l'équipe dirigée par l'infatigable Keiji Inafune pour satisfaire un parterre d'aficionados en délire. Malheureusement, on comprend manette en mains pourquoi le Blue Bomber avait été bien inspiré de laisser la place à X et ses airs électro-rock détonants : malgré une incroyable palette de couleurs et des sprites dopés à l'EPO, la passion des débuts semble s'être définitivement envolée... Et ce n'est certainement pas le huitième épisode qui nous rassurera sur l'état du patient : avec son doublage et son design abominables, Mega Man 8 joue les rockstars en plein déclin, obligées de sombrer dans la poudre. Clown Man et Search Man, quoi...
La neuvième symphonie d'Asimov
Et pendant longtemps, on n'entendit plus parler du plus célèbre robot des années 80. Jusqu'à ce beau jour de septembre 2008, où Mega Man 9 déboula sur les plate-formes de téléchargement de l'époque pour jouer la carte du fat come back rétro, et mettre un terme à sa traversée du désert. Visuellement calqué sur les six premiers épisodes, le retour en grâce passera donc par un trip nostalgique qui fonctionne à merveille : nerveux, précis, intelligent, corsé, Mega Man 9 se paye en plus le luxe de proposer une bande-son qui tutoie l'excellence du second épisode qui fait toujours office de référence pour la saga. Au vu du succès critique de ce retour en grâce, Capcom mit en chantier un ultime Mega Man 10 dans le même esprit, avec en prime l'ami Proto Man jouable d'entrée de jeu. Miam.
Funeral for a friend
Si cette compilation aura le mérite de mettre en lumière les errements post-8 bits de la série, elle laisse néanmoins dubitative sur sa pertinence, sans même parler de sa cohérence. Deux jeux bancals (pour ne pas être vulgaire), et deux pépites rétro disponibles sur la génération de consoles précédente, c'est bien peu si l'on compare les deux Best Of. Sachant que Mega Man 7 et Mega Man 8 introduisent et développent le personnage de Forte (Bass dans sa version anglophone), il eût été fort bienvenu de proposer en bonus l'incroyable Rockman & Forte (Mega Man & Bass, donc) sorti en 1998 sur Super Famicom et qui aurait aidé à faire passer la pilule sans se poser de question. Là, c'est un peu plus compliqué.
Bon d'accord, Mega Man Legacy Collection 2 propose comme son prédécesseur une série de bonus assez plaisants à travers ses menus rudimentaires. En plus des quatre OST intégralement disponibles d'emblée, le Museum offre une galerie assez fournie en croquis et artworks divers et variés, sachant que ceux des robots du Dr Wily permettent de les affronter à coup de blaster dans la seconde, c'est quand même plutôt cool. Pour les vrais acharnés, ceux qui en veulent toujours plus, une série de défis et de stages remixés toujours plus hardcore comme le nord sauront avoir raison de votre insatiable appétit.
Easy listening
Du côté des ajouts in game, Capcom a fait quelques concessions en ajoutant un système de check points automatiques ou configurables manuellement. Que l'on se comprenne bien, cette option ne saurait être un blanc-sein vous autorisant à spammer les save states opportunistes. Tut tut tut : les points de respawn ont été définis d'avance, et si on pourra économiser quelques vies en gérant bien la feature, il faudra toujours s'accrocher pour aller dézinguer les sbires du Dr Arnold & Wily. Les puristes sortiront les fourches, les autres le désactiveront, mais, à un moment donné, ce sera un deal entre votre vous et votre conscience dans l'intimité de votre canapé. Et, très franchement, ça ne nous regarde alors plus du tout.