Pour nos chers lecteurs qui auraient malencontreusement loupé le coche, LocoRoco est un jeu de plate-forme relativement classique de prime abord, à ceci près que l'on n'y contrôle pas directement son personnage. Encore plus dingue : on ne se servira en réalité que des seules gâchettes pour se déplacer ! « Comment diable est-ce possible ?! » me direz-vous. Rangez vos fourches, car l'explication est on ne peut plus simple : dans LocoRoco, vous allez incliner le niveau tout entier pour progresser. Un coup de gâchette gauche, et c'est tout le décor qui bascule, notre héros avec. Hormis cette inclinaison, il vous sera également permis de faire « tilter » le niveau, ce qui revient finalement à faire sauter notre sympathique blob rondouillard.

Roule ma poule

Voilà pour la théorie. En pratique, cela fonctionne plutôt bien : notre petite boule jaune (au départ) épouse parfaitement les contours des nombreux niveaux très colorés qui l'attendent. En bon jeu de plate-forme, LocoRoco Remastered coche religieusement toutes les cases du genre : des collectibles à gogo aux zones cachées, en passant par des ennemis de plus en plus farouches, les amateurs ne sentiront jamais perdus. Chaque niveau amènera son lot de glissades vertigineuses, de sauts millimétrés entre plateformes mouvantes ou d'ennemis affamés qui n'hésiteront pas à dévorer votre avatar plein d'embonpoint. On pourra évidemment se contenter de le trimbaler tranquillement jusqu'à la fin de chaque zone, mais ce serait passer à côté de l'essentiel.

"J'ai une ossature lourde"

En effet, chaque zone mérite largement d'être parcourue plusieurs fois pour en faire décemment le tour. Avec son tableau récapitulatif de fin de niveau, qui vous fera réaliser à quel point vous êtes passés à côté de tellement de choses, LocoRoco Remastered ravira les adeptes du 100%. On aurait tort de les blâmer. Car parvenir avec ses vingt LocoRoco au but est tout sauf évident ! Il faut tout d'abord dénicher les fleurs qui vous permettront de grossir en gardant le sourire, un élément indispensable dans la mesure où certaines séquences optionnelles requerront un nombre minimum de LocoRoco. Sinon, il y a aussi trois MuiMui à dénicher. Mais entre ceux qui se planquent bien comme il faut et les autres qu'il faudra réveiller avec sa mini-chorale, c'est à croire qu'ils ne voulaient pas qu'on les dérange, ces asociaux.

El padre loco

Mis bout à bout, tous ces éléments fonctionnent véritablement bien, d'autant plus que le level design se renouvelle en permanence tout au long des cinq mondes, pour notre plus grand plaisir. Mais malgré toutes ses qualités, LocoRoco Remastered nous ferait presque oublier son statut d'usurpateur ! Parfaitement : aussi sympathique soit elle, cette version n'apporte finalement aucune nouveauté par rapport à l'épisode PSP original, si ce n'est un affichage 4K faisant office de service minimum. Et c'est bien dommage, car LocoRoco Remastered nous prouve - s'il était encore nécessaire de le faire - qu'une direction artistique tranchée et une 2D ingénieuse subissent merveilleusement bien le temps qui passe.

LocoRochorale

Car oui, le jeu est beau. Enchanteur même. Car en plus d'une esthétique ô combien charmante, l'aventure offre une bande-son feel good qui flirte avec la ligne rouge mais ne bascule jamais du côté gnan-gnan. Imaginez une zone entre les thèmes débiles de Rayman Origins/Legends et un épisode assagi de Katamari Damacy, rien que ça. Et comme si ça ne suffisait pas, les petits LocoRoco forment dès que l'occasion se présente une chorale bien sage : c'est d'ailleurs là l'unique intérêt de changer de type de personnage, car chaque skin possède sa propre chanson. Réveiller un MuiMui, redonner le sourire au soleil ou voir s'élever des verges multicolores (je vous jure, jouez-y et vous verrez), il n'y a priori rien que le chant innocent de ces braves petites boules ne puisse accomplir.