Troisième épisode d'une série qui a eu du mal à décoller, Sniper Ghost Warrior 3 tente de rattraper le coup en s'offrant un vaste monde ouvert, histoire de métamorphoser son visage et de charmer les nouveaux arrivants. Le studio CI Games réussi t-il toutefois à rendre son jeu de tir et d'infiltration intéressant ? C'est ce que nous allons voir ensemble dans ce test.
Sniper Ghost Warrior 3 est un jeu qui met en avant plusieurs types de gameplay différents : du tir longue distance (le mot "sniper" n'est pas là pour rien), de l'infiltration façon Splinter Cell et des approches un poil plus violentes et moins dans la dentelle quand un gun-fight s'engage. De fait, le monde ouvert s'adapte parfaitement à chaque type de gameplay et chaque type de joueur y trouve son compte. Libre à vous de jongler avec l'une ou l'autre des différentes approches au cours d'une seule et même mission. C'est d'ailleurs le premier point positif à retenir : la liberté d'action.
Liberté, égalité, fraternité !
Le monde qui s'offre à nous est découpé en trois zone distinctes. Le jeu se situe en Georgie, il ne faut donc pas s'attendre à beaucoup d'exotisme dans les paysages. Le décor est fidèle à lui même : celui d'un pays de l'ex-Union Soviétique. Montagne enneigée, forêt typique de l'est européen, petits villages traditionnels... On a surtout l'occasion de traverser la campagne, et c'est de toute façon ce qui se prête le mieux au gameplay et qui permet à Jon North, notre héros, d'utiliser toutes ses compétences sur le terrain. Très clairement, le scénario timbre-poste n'est qu'une manière de justifier la présence d'un soldat américain dans ce pays et ne brille pas par son originalité. Rien n'est vraiment original et on a l'impression d'avoir vu 100 fois les mêmes choses. D'autant que le jeu ne cache même pas son inspiration de la saga Far Cry : on y retrouve exactement la même recette, il suffit d'ouvrir la map pour s'en rendre compte.
"On me voit, on me voit plus, là on me voit, là on me voit plus"
Une grande map en monde ouvert avec des véhicules, des points d'intérêts tout les 100 mètres, du fast-travel... On secoue le tout avec une pointe de sel et on obtient un Far Cry version URSS qui donne l'impression d'avoir déjà été joué. Heureusement, Far Cry reste une bonne série et on trouve quand même ici matière à s'amuser, mais disons qu'il n'y a rien n'est neuf qui puisse lui permettre de véritablement sortir du lot. Pire encore, le jeu souffre de tous les problèmes techniques que l'on peut imaginer, et ce malgré un PC équipé d'un i7 et d'une GTX 1080 ti. Sur PS4, ce n'est forcément mieux, et c'est même pire à certains niveaux. Chargements interminables, chutes de framerate , textures fades, problèmes de collision... Sans parler de l'IA, aux fraises, qui soit vous repère à 200 mètres derrière un mur dans l'obscurité, soit ne réagit pas du tout quand un camarade meurt à 15 mètres en poussant un cri. En lisant ce paragraphe, on pourrait penser que le jeu est un ratage total, mais ce n'est pourtant pas le cas. Les divers bugs devraient être résolus via des patchs et, comme expliqué plus haut, le jeu a d'autres qualités et n'en reste pas moins fun à jouer.
De très bonnes sensations de tir
Déjà, et il faut saluer les développeurs pour le formidable travail qui a été effectué sur les armes. Le sound design est de qualité et l'on a tout sauf l'impression d'avoir un paint-ball entre entre les mains. Le recul est là, la balistique est globalement intelligente et chaque arme a vraiment son propre caractère. L'équipement, de manière générale, est bien pensé. On a par exemple en notre possession un drone, qui permet de jouer éclaireur sans risquer sa vie, un peu à la manière d'un Ghost Recon Wildlands. Avec le fusil sniper, on peut retenir sa respiration, régler sa lunette, et on a même droit à une "kill-cam". Evidemment, on a à notre disposition tout un tas d'accessoires pour nos armes et l'on peut même personnaliser nos balles. Pour cela, il faudra passer par la case "planque", où l'on prendra plaisir à modifier tout son matériel.
On peut choisir son arsenal pour s'adapter aux différentes missions, et ça donne l'impression de jouer un véritable commando. Envie d'un peu d'infiltration ? Ajoutez des silencieux à vos armes et choisissez des petits calibres. Au contraire, si vous voulez une approche plus violente, équipez vos d'une mitrailleuse légère pour jouer les Rambo.
Un manque de budget ?
Malgré les défauts, l'atmosphère reste très bonne et a beaucoup de charme. En pleine nuit quand on est à l'affût d'un ennemi, que l'on attend patiemment au milieu des grillons et que soudainement la cible apparaît dans notre viseur, le plaisir et bel et bien là. Ce qui est dommage, c'est qu'on ressente trop souvent le manque de budget du jeu. Le savoir-faire est présent, mais quelque chose comme un arrière goût amer d'inachevé laisse à penser que le développement fut soit trop rapide, soit bâclé par manque de fonds. Notez d'ailleurs que les développeurs ont décidé de lancer le jeu sans mode multi pour se concentrer sur la finalisation du solo. Il faudra attendre une future mise à jour pour s'adonner aux joies de la guerre à plusieurs. Ça fait presque de la peine, quand on voit la façon passionnée dont les développeurs parlent de leur jeu. Ce n'est clairement pas la motivation ou le talent qui manquent au rendez-vous, soyons en certains.