The Legend of Zelda : Breath of The Wild est entre nos mains depuis quelques jours sur Nintendo Switch, mais n'oublions pas qu'il est également disponible sur Wii U ! Et faute de pouvoir craquer tout de suite pour la dernière console de Nintendo, pas mal de joueurs comptent peut-être y jouer sur l'ancienne... Alors que vaut Breath of the Wild sur Wii U ? Est-ce une catastrophe technique qui ruine l'expérience de jeu, ou simplement une version au rabais qui n'altère que peu l'immense plaisir de l'aventure ? Réponse tout de suite !
Que vaut vraiment cette version Wii U ?
La version Wii U de The Legend of Zelda : Breath of The Wild est globalement la même que celle de la Switch, avec une très belle direction artistique et un titre d'une profondeur incroyable. La seule différence réside dans l'aspect technique, qui est forcément légèrement inférieur à celui de la Switch. On note en effet des chutes de framerate plus marquées (mais il en existait déjà sur Switch, surtout en mode TV), notamment dans les lieux plus denses comme les villages ou les forêts, ainsi qu'un aliasing un peu plus prononcé que sur la dernière console de Nintendo. On peut également ajouter que les couleurs sont moins chatoyantes sur Wii U, mais encore un fois les différences visuelles ne remettent pas non plus en cause le coeur de l'expérience, et c'est ce qui nous intéresse sur Gameblog. Notez enfin que contrairement à ce qui était prévu au départ, lorsqu'on joue sur la TV, le GamePad n'affiche pas de carte ou d'inventaire, et c'est vraiment dommage. Malgré une technique un peu moins bonne que sur Nintendo Switch, étant donné que l'expérience de jeu n'est pas profondément altérée sur cette version Wii U gardant les mêmes qualités et défauts, notre note reste donc la même.
Ci-dessous, retrouvez notre test initial de la version Switch,
remanié pour la version Wii U.
Tout commence au coeur du plateau du Prélude, le berceau du Royaume d'Hyrule selon les légendes anciennes. Link, vidé de tout souvenir lié à ces contrées, s'éveille dans une grotte, perdu... Rapidement, il trouve un artefact Sheikah, une tablette mystérieuse. Celle-ci semble détenir un pouvoir mystique. Alors qu'il sort et découvre un panorama qui ravira le coeur des fans du premier opus, notre héros qui ne porte plus de tunique verte, rencontre un vieil homme. Ce dernier lui conte l'histoire du Fléau qui s'est abattu sur Hyrule 100 ans plus tôt, semant terreur et désolation... Link ne se souvient pas. Comment croire qu'il a été l'élu ? Son coeur est cependant resté celui d'un héros. Et avec vous, il va braver tous les dangers afin de rendre son visage d'antan à Hyrule tout en recouvrant la mémoire.
La Légende de Zelda
Depuis 1986, le héros à la tunique verte nous offre de grands moments de jeu vidéo, inoubliables pour beaucoup. Du tout premier épisode en passant par Link to The Past ou encore Ocarina of Time, The Legend of Zelda a marqué l'histoire du jeu vidéo, et il faut reconnaître qu'elle porte bien son nom : c'est une légende. Avec ce nouvel épisode arrive le changement. Et celui-ci est d'envergure.
En dehors des nouveautés concernant le gameplay, sur lesquelles je reviendrai plus bas, cet opus offre un univers et une liberté incommensurables. Qu'importe ce que vous avez vu avant, qu'importe les jeux auxquels vous aurez joué, vos arguments ploieront devant l'une des plus grandes aventures qu'il m'ait été donné de vivre dans ma vie de joueuse. Alors oui, j'ai vu plus beau, je n'ai d'ailleurs pas caché ma déception relative à l'aspect technique de Breath of The Wild. Et comme je préfère parler des mauvaises nouvelles avant d'évoquer les bonnes, autant mettre les choses au clair tout de suite : le titre n'est pas à la hauteur de nos attentes sur ce point. Aliasing tenace, ralentissements notables (encore plus sur Wii U que sur Switch), textures pauvres, sans parler des couleurs délavées... la liste est longue. J'imagine votre réaction : "C'est Zelda, l'important c'est pas les graphismes !", et je partage votre avis, d'autant que la direction artistique est à couper le souffle. Mais sachez que ma déception cache surtout une envie de voir cette incroyable série s'aligner techniquement en face de ce qui se fait de mieux ces dernières années.
Il ne faut d'ailleurs pas oublier que les Zelda ont été pendant longtemps un exemple en termes de révolution technique. Je pense notamment à Link to the Past, mais surtout à Ocarina of Time, arrivé en 1998 sur Nintendo 64. Quelle claque magistrale pour l'époque ! Sans parler de l'aventure en elle-même... J'aurais donc préféré écrire que ce nouveau Zelda est, comme ses illustres prédécesseurs, un fer de lance en termes de technologie, mais ce n'est malheureusement pas le cas. Fort heureusement, comme nous le pensons tous, il n'y a pas que la technique dans un jeu, surtout entre les mains des équipes d'Eiji Aonuma...
Un Zelda qui se mérite
Face à vous l'aventure, immense et gardienne de promesses alléchantes. Mais bien plus que ce plateau qui ne dévoile en réalité qu'une infime partie du périple colossal qui vous attend, la liberté vous attend. Soyons honnêtes : il faut une bonne heure pour que la magie commence à opérer, précisément lorsque vous quitterez le Prélude, accroché à votre "Paravoile", un élément clef de ce volet. Cette dernière vous permettra en effet de vous déplacer facilement sur tout le territoire... Par delà les vallées et les montagnes provocantes, au dessus des forêts mystérieuses et des étendus d'eau cristalline, non loin des villages et des plaines verdoyantes, vous découvrirez ce monde immense avec un oeil émerveillé, avide de découvertes, heureux.
Désormais, en plus de pouvoir voler, Link peut escalader les monts les plus abrupts, sauter, glisser sur son bouclier... si tant est qu'il possède l'endurance adéquate pour le faire, certaines distances nécessitant d'améliorer cette nouvelle "capacité". Car oui, le jeu d'aventure que nous connaissons bien s'offre ici à nous dans toute sa splendeur en y ajoutant un aspect RPG, qui enrichit considérablement la formule. L'Hylien pourra se servir de sa tablette Sheikah, celle-ci renfermant des pouvoirs améliorables comme celui du "Cinetis", qui permet de figer le temps, ou encore du "Cryonis", qui donne la possibilité de former des blocs de glace. Pratique : elle se transforme également en longue-vue, permettant baliser les lieux souhaités. Mais si les pouvoirs de la tablette seront essentiels à sa quête, Link trouvera également une myriade d'armes, chacune apportant puissance et solidité différentes.
Et comme vous le constaterez rapidement, certaines s'abîment et se cassent excessivement vite, notamment au début du jeu. Bouts de bois, os, torches, épées, haches, lances, battes, marteaux, arcs de toutes sortes... la liste est longue, mais aucune de ces armes ne tiendra bien longtemps, ce qui peut constituer un véritable problème, surtout pendant les combats importants. Beaucoup de joueurs risquent d'être surpris, mais dans son approche des combats, ce Zelda tient beaucoup plus du Dark Souls que de la licence éponyme. Les ennemis, allant du Bokoblin ou Moblin classique à l'impressionnant Hinox, en passant par de nouveaux et surprenants types d'ennemis, ne vous feront aucun cadeau. Certains d'entre eux vous élimineront en un claquement de doigt ! D'ailleurs, ceux qui pensait se balader en face de traditionnels boss négociables en trois coups vont être surpris. Ces derniers mettront vos nerfs à rude épreuves et ce n'est que lorsque vous maîtriserez le gameplay, arriverez stuffé comme un tank et aurez digéré leurs paterns à la perfection, que vous en arriverez à bout. Cet aspect beaucoup plus "hardcore" que par le passé pourrait bien décourager certains habitués de la série, mais il offre un vrai challenge, qui fait du titre une véritable Master Quest...
Au coeur de l'aventure
Au rang des principaux bouleversements, vous constaterez aussi que les habituels temples ont été remplacés par des donjons très particuliers, proposant des énigmes aux mécaniques pensées brillamment. Et même si je regrette personnellement ce choix, je ne peux que saluer l'incroyable expérience vécue en ces lieux à la nette inspiration Shadow of the Colossus et Miyazaki. Enfin, les terres de cet Hyrule en perdition abritent une centaines de sanctuaires, chacun vous confrontant à des énigmes différentes et encore une fois très bien imaginées, où l'utilisation de votre tablette (et parfois son gyroscope) sera au coeur du gameplay. Chacun de ces mini-donjons vous octroiera un Symbole de Triomphe si vous réussissez l'épreuve. Quatre symboles permettent d'aller prier auprès de statues sacrées, celles-ci offrant un réceptacle de vie ou d'endurance, au choix. Il est donc vivement conseillé de rechercher un maximum de sanctuaires (la tablette permet de les localiser) afin d'améliorer Link. Mais si quelques-uns de ces lieux où l'on teste sa force et sa patience seront une vraie promenade de santé, d'autres vous rendront à moitié fou...
Combien de fois ai-je voulu abandonner devant la complexité de la tâche ? Je ne compte plus. Je me revois pester contre le jeu, les combats mal équilibrés car trop punitifs, les énigmes trop corsées, me faisant perdre du temps. Mais au bout d'un moment, qui pourra vous paraître long, vous avancerez de plus en plus vite, vous maîtriserez mieux vos pouvoirs et les subtilités du gameplay. La douleur se transformera alors en plaisir... du Dark Souls, je vous disais !
Je l'avoue, je t'ai parfois détesté, Breath of The Wild... mais ton souffle frais, ton ambiance magique, l'appel de l'aventure et l'envie de me dépasser ont eu raison de mes doutes !
Loot and Cook
Un autre aspect important dans Breath of The Wild est évidemment le craft. Vous allez en effet récolter de nombreuses ressources au gré de votre périple : plantes, matériaux, denrées diverses et variées tapissent le sol de ces contrées sauvages, sans parler de toutes celles que vous allez ramasser sur les ennemis. Cela va vous permettre de vous adonner à un art bien plus savoureux que celui de la guerre : la cuisine. Et vous risquez de très vite vous prendre au jeu : pommes, miel, plantes variées, viandes offertes par les dépouilles des bêtes sauvages, pierres précieuses, légumes, fruits exotiques, insectes... la palette est vaste et gourmande. Partout dans les différents lieux que vous traverserez, de nouveaux types de nourriture seront à votre disposition, permettant ainsi de varier les plaisirs, et Link pourra concocter une centaines de plats et remèdes différents en se servant des marmites disséminées ça et là, pourvu qu'un bon feu crépite dessous.
Si vous pouvez vous laisser tenter par la fraîcheur d'une pomme, essayez donc de la faire griller. Croquez. Il ne manquera que sa saveur sur votre palet sans compter qu'elle restaura davantage de coeurs de vie. Mais l'idéal est évidemment de mélanger les aliments, et là, il s'agira de laisser parler votre créativité ! Chaque plat restaure plus ou moins de coeurs de vie et apporte des avantages plus ou moins puissants, le tout pendant un laps de temps précis. Tout cela sera déterminé par les ingrédients utilisés dans votre recette : résistance aux éléments (certaines régions nécessitant des protections contre des températures extrêmes), attaque, endurance et vitesse améliorées, discrétion augmentée, etc. Idem pour les vêtements, que votre héros pourra changer au gré de vos besoins. Vous constaterez d'ailleurs que vous pouvez améliorer ces derniers auprès des grandes fées, mais c'est un secret... tout comme il sera possible de les personnaliser, je vous laisse la joie de découvrir de quelle manière.
Autre activité plaisante en Hyrule : la chasse. Il ne faut pas hésiter à traquer le gibier, ces terres sacrées regorgent de bêtes fougueuses ! Qu'il s'agisse de sangliers, d'oiseaux variés, d'ours, de loups, de renards ou que sais-je, chacun offrira une viande aux qualités propres, à cuisiner aux petits oignons si le coeur vous en dit. J'aurai consacré énormément d'heures à l'élaboration de plats stratégiques pour préparer mes combats comme il se doit, et cet angle gourmand ajoute du sel (c'est le cas de le dire) et une vraie profondeur à l'aventure. Notez que de nombreux vendeurs proposent également des aliments, mais aussi des flèches de différentes sortes, permettant à notre aventurier de commercer et récolter les précieux rubis, moins faciles à dégoter que dans les épisodes précédents... Car contrairement à ce que laissait croire l'univers de Zelda jusqu'à présent, non, ça ne pousse pas dans les buissons !
Enfin, une multitudes de quêtes annexes vous tendent les bras, allant de la récolte d'aliments à la recherche de trésors, ou encore à des épreuves sur fond de mystérieuses légendes... J'ai ainsi passé bon nombre d'heures à chercher un légendaire cheval blanc... Je ne vous souffle rien de plus. Savourez.
Le souffle de la nature
Vous voici en haut d'une montage, admirant un panorama sensationnel baigné dans la lumière douce d'un coucher de soleil apaisant. Quelques notes de piano accompagnent votre contemplation. Ces notes, vous les connaissez. Elles ont accompagné toute votre histoire avec Link. De quel opus viennent-elles ? De tous à la fois peut-être, car Breath of The Wild est une douce et impétueuse déclaration d'amour à la série, mélangeant subtilement le meilleur de chacun des volets. La bande-son reste toutefois globalement en retrait. Dommage que les mélodies ne soient pas plus nombreuses et mémorables... elles auraient même tendance à boucler un peu vite. Mais ce qui prédomine, ce sont les sons de la nature. Le chants de oiseaux, le souffle du vent, le bourdonnement d'un insecte...
Au loin, vous identifiez une région que vous connaissez bien. Vous prenez votre élan, sautez dans le vide... La liberté vous happe, telle une force galvanisante, tandis que vous sentez presque le vent frais rebondir sur vos joues ! Au loin, l'océan à perte de vue. Plus bas, une plaine verte dans laquelle des chevaux sauvages semblent vous attendre. Vous descendez près d'eux, vous vous accroupissez pour vous rapprocher furtivement... L'un d'eux semble plus docile que les autres, peut-être arriverez-vous à le dompter ? Car la relation avec vos chevaux (je précise "vos" car vous pourrez en adopter plusieurs) sera primordiale pour les monter. Si vous tombez sur un cheval trop fougueux, il faudra l'apaiser pour arriver à le calmer, ce qui n'est pas une mince affaire selon la bête. Ainsi, il est possible d'enregistrer vos montures auprès des nombreux relais que vous découvrirez au fil de votre découverte de la carte. Dans ces auberges de bon aloi, outre vous reposer et faire du commerce, vous pourrez donc laisser/récupérer vos chevaux et les personnaliser à votre guise, moyennant finance.
L'ultime périple ?
Une fois que vous aurez parcouru les plaines avec votre compagnon, vous apprécierez peut-être d'attendre l'aube près d'un feu de camp. Ou la nuit peut-être, histoire d'habiller votre aventure d'une atmosphère plus mystérieuse... Un loup passera sans doute non loin de là, hurlant à la lune immaculée... ou rouge, signe d'un mauvais présage. Vous repartirez peut-être à pieds, vous arrêterez devant une forêt que vous traverserez pour découvrir à sa lisière un paysage totalement différent de celui dans lequel vous étiez il y a quelques instants. J'ai eu beau jouer une bonne cinquantaine d'heures, je n'ai pas arrêté d'être surprise par des lieux que je n'avais pas encore visités...
N'avions-nous pas rêvé de cette aventure ultime depuis le tout premier jour ? Oui, évidement. Je le confesse, malgré les moments de souffrance et les doutes ressentis, je suis tombée amoureuse de ce Zelda. Non, il ne bouleverse pas le monde ouvert et non, il n'est pas aux normes de la technologie actuelle. Oui, à l'heure où des Horizon Zero Dawn, GTA, ou encore The Witcher offrent des grandes aventures couplées à des débauches visuelles époustouflantes, on aurait aimé voir un Zelda avec son style graphique celshadé, mais plus propre, plus net, l'aliasing abîmant vraiment l'image, atténuant alors quelque peu l'immersion. Maintenant que c'est dit, encore une fois, l'essentiel est (heureusement) ailleurs. Ce Zelda a des défauts, mais il sait les faire oublier tant il est généreux, tant il révolutionne une série qui, malgré ses qualités, se reposait un peu sur ses lauriers depuis de nombreuses années. Aussi magique qu'Ocarina of Time, Breath of the Wild est bien plus exigeant que tous ses grands frères, et son identité est plus forte. Il dessine un univers très adulte, une scénarisation plus mature où l'on retrouve des personnages plus denses, plus attachants, dont les voix françaises lors des cinématiques se révèlent de plutôt bonne facture, sans atteindre le niveau d'un FFXV toutefois.
Alors que retenir ? Une direction artistique à couper le souffle, quelques moments de grâce, de ceux qu'on n'oublie pas, un monde gigantesque et plein de vie. Si vous aviez peur d'être déçu par les nouvelles aventures de Link, rassurez-vous : The Legend of Zelda Breath of the Wild est un vrai Zelda, et sans doute l'un des meilleurs de la saga !
Mise à jour : Après de très longues heures de discussions régulières ces derniers mois, nous avons jugé impossible de ne pas reconnaître à Breath of the Wild un véritable statut de jeu culte. La note a donc été changée en conséquence, passant de 9/10 ("Fantastique") à 10/10 ("Culte"). Explications.