Depuis son premier épisode sorti en 2001, Ghost Recon a fait son petit bonhomme de chemin et la série est très appréciée des joueurs. Avec Ghost Recon Wildlands, jamais celle-ci n'aura connu pareille ampleur. Le titre d'Ubisoft offre en effet un terrain de jeu gigantesque, et somptueux qui plus est, mais à force de recycler des formules, cet épisode ne manque-t-il pas un peu de personnalité ? Réponse depuis ma base en Bolivie.
Le paysage sauvage et coloré de la Bolivie cache un sombre spectacle. Celui du Cartel de la Santa Blanca, dirigé d'une main de maître par le ténébreux El Sueño, une réplique parfaite de Vin Diesel qui entend bien vivre son rêve à fond : celui de dominer tout le pays en produisant et en vendant tranquillement sa drogue à qui en veux. Politiques, forces de l'ordre, rien de l'arrête puisque tout ce petit monde est à sa botte. La seule chance de mettre fin au règne du Cartel, c'est vous et votre escouade. Il va donc vous falloir remonter les filières de ce groupe de trafiquants sans vergogne, qui compte pas moins de 26 acteurs, sous-fifres, chefs de secteur, boss, pour le démanteler... à la cool. Un scénario qui tient sur un ticket de métro, mais finalement ça représente surtout une belle occasion de visiter 21 provinces Boliviennes hautes en couleurs, où la beauté des paysages est à couper le souffle.
Libertad !
La liberté est la pièce maîtresse de ce nouvel épisode de la licence, et pour cause : à aucun moment on ne vous imposera quoi que ce soit. Vous aurez la possibilité d'explorer un vaste univers à votre guise, en alignant les missions, qu'il s'agisse de la quête principale ou des missions annexes, dans l'ordre qui vous convient. Ainsi, au gré de votre progression, mais surtout de vos envies, vous découvrirez des paysages variés allant de la jungle bolivienne luxuriante et sauvage aux favelas, en passant par des coins plus forestiers, des monts enneigés ou encore des décors où l'homme a pris le contrôle de la nature et où les superbes villas remplacent la végétation dense... Et quel que soit l'endroit où vous évoluerez, à chaque fois le constat sera sans appel : c'est tout simplement somptueux !
Ghost Recon Wildlands est une véritable claque graphique, offrant un tableau soigné aux effets bluffants. Un orage éclatera au loin et vous vous surprendrez à admirer les éclairs zébrant le ciel, un coucher de soleil vous scotchera à l'écran pendant de nombreuses minutes tandis que les reflets sur l'eau vous feront baver... Oui, c'est très, très beau. De plus, ces régions aux 11 écosystèmes différents offrent un terrain de jeu gigantesque. Ici, il faut un temps fou pour traverser la carte de bout en bout, même par la voie des airs. De ce fait, une multitude de moyens de locomotion sont à votre disposition : voitures de courses, jeeps, tanks, motos, tracteurs, bateaux, avions, hélicoptères... pas moins de 60 véhicules sont de la partie, vous n'aurez donc pas à vous tracasser de ce point de vue. Même si certains auront un peu de mal à prendre la conduite en mains, celle-ci reste agréable, surtout en hélico ou à moto, cette seconde option offrant une liberté à toute épreuve, même sur les pentes les plus abruptes. Je le disais plus haut, un peu moins d'une trentaine d'acteurs se dressera sur votre route, et chacun de ces derniers tient un rôle bien défini au coeur du Cartel, il s'agira donc de rechercher des cibles pour remonter jusqu'au boss final, El Sueño.Ca se fera soit en les éliminant purement et simplement, soit en les interrogeant, que ce soit sur le terrain où dans l'une de vos bases. Enfin, si la totalité de cette aventure est jouable en solo (le joueur est alors accompagné de 4 autres "Ghosts"), il est évident qu'elle a été totalement pensée pour la coop'. Si vous optez pour ce choix (jusqu'à 4 joueurs), votre expérience sera fun à souhait et pleine de rebondissements.
Cartel et Rebelles
Ghost Recon Wildlands est un titre clairement imaginé pour être joué entre amis. Alors que l'on est accompagné par 3 Ghosts gérés par une IA très bien calibrée lorsqu'on est en solo, ce sont trois joueurs qui peuvent prendre le relais en coop, ce qui donne évidemment plus de sel à l'expérience. En solo, vous pourrez donner plusieurs ordres classiques à vos soldats : faire feu, tenir sa position, se regrouper ou encore se rendre à un point précis, sans compter qu'en réalisant des missions spéciales, vous pourrez débloquer une roue d'ordres destinées à s'offrir les services du groupe de Rebelles Kataris 26, ces derniers étant des alliés précieux pour combattre la Santa Blanca ou encore Unidad, une armée privée qui vous posera plus de problème encore que les potes d'El Sueño, puisque les soldats qui forment ses rangs sont beaucoup mieux armés que ceux du Cartel. Néanmoins, les forces de Unidad et la Santa Blanca se tolérant plus qu'ils ne s'apprécient, les rixes entre les deux factions ne sont pas rares et seront pour vous une bonne occasion de filer en douce... Notez que de nombreux prisonniers de Kataris 26 sont retenus à l'intérieur des bases tenues par la Santa Blanca, et il ne faudra pas hésiter à les libérer systématiquement pour qu'ils vous prêtent main forte.
Mais j'insiste, l'aspect le plus intéressant reste la coop', qui ajoute une bonne dose de fun à la partie. Le titre peut parfois tourner en rond, et le fait de jouer à plusieurs change vraiment la donne. Comprenez par là que les nombreuses missions de la quête principale se ressemblent toutes sur la forme, et même si la grandeur et la beauté des paysages sont grisants, on a vite la sensation de toujours faire un peu la même chose... En gros, il faut le plus souvent scanner/pirater des informations ou interroger des ennemis pour dévoiler des points d'intérêts sur la carte (essentiellement des points de compétence à ramasser sur le terrain, des caisses d'armes ou des quêtes annexes pour récupérer des ressources), puis trouver une cible pour l'éliminer (ou l'extraire). Une fois qu'une région est à votre pogne, il faut recommencer avec la suivante, et ainsi de suite. Un brin classique, donc, et vite redondant...
La Bolivie entre amis
Si la quête principale offre un déroulement assez basique, vous trouverez heureusement de nombreuses quêtes annexes très amusantes à faire (surtout avec des potes), même si encore une fois - et contrairement à ce que je pensais après mes premières heures sur le jeu - elles finissent toutes par se ressembler. Arrêter des convois, voler des avions ou des hélicoptères pour les amener à des endroits donnés, protéger une zone pendant un certain laps de temps... on en a vite fait le tour. En réalité, toute la saveur de ce Ghost Recon Wildlands réside dans la manière dont vous allez appréhender vos missions, car vous pourrez les mener de deux manières différentes : soit en fonçant dans le tas, soit en mode "infiltration". Si vous optez pour ce second choix, l'expérience sera beaucoup plus intéressante, notamment en coop'. Il y a d'ailleurs quelques missions à faire impérativement en pantoufles, est elles sont de loin les plus plaisantes à mon sens. En effet, dans ces cas de figure, la communication avec les autres joueurs et l'utilisation d'outils pratiques comme le drone sont impératives et donnent un intérêt supplémentaire au gameplay. On apprécie les missions où, armé d'un bon sniper équipé d'un silencieux, on fait le ménage discrètement tandis que les copains s'infiltrent dans une villa sous haute surveillance... Tout comme on prendra plus de plaisir à faire sauter un convoi ou à éliminer des vagues d'ennemis à plusieurs plutôt que seul. Forcément, à plusieurs, la fête est plus folle et le jeu est, encore une fois, FAIT pour cela.
Notez au passage que vous devrez baliser un maximum de points de ressources au gré de votre mission. Cela servira à deux choses : rallier les rebelles à votre cause, ces ressources leur étant destinées, mais aussi et surtout à récolter ces dernières pour les additionner à vos points de compétences. Ainsi, vous débloquerez de nombreuses capacités et améliorations nécessaires à votre progression, l'arbre de skills proposant de nombreux éléments améliorables et attrayants comme le drone que j'évoquais plus haut (pratique pour scanner le terrain et marquer les ennemis), le parachute ou encore le C4, tout cela sans compter les aptitudes diverses comme l'amélioration de la résistance aux balles ou les dégâts causés aux véhicules... Bref, de ce point de vue il y a tout ce qu'il faut pour s'amuser et s'équiper en bonne et due forme.
Crise d'identité
En réalité, ce nouvel épisode de Ghost Recon offre un joli mélange de toutes les licences d'Ubisoft. On y retrouve essentiellement du Far Cry, ce qui n'est pas pour me déplaire, mais aussi un peu de Watch Dogs ou encore du The Division, le tout dans un monde immense et somptueux... Mais justement, au bout de quelques heures de jeu, qui finissent par toutes se ressembler, on constate que le titre manque clairement de caractère. C'est fort dommage, car il m'aura offert quelques moments très fun, mais il est nécessaire de le confesser... "Classique" et "déjà vu", ce sont les mots qui me viendraient spontanément à l'esprit si l'on me demandait de décrire le jeu brièvement. On aurait aimé un petit "plus", quelque chose qui rende l'expérience particulière, différente, ce à quoi je croyais lors de mes premières sessions sur le jeu.
Ce qu'on pouvait redouter, le fait tourner en rond rapidement, la sensation d'y avoir joué mille fois alors qu'il est "nouveau", les bugs récurrents (des cibles qui disparaissent et réapparaissent 10 mètres plus loin faisant échouer la mission)... est arrivé. Le tableau a beau être séduisant, la liberté grisante, je reste un peu déçue au bout du compte. Oui, Ghost Recon Wildlands est un bon jeu, à plus forte raison lorsqu'on le goûte entre amis, mais non, il ne marquera pas les esprits et je lui préfère de loin un bon Far Cry 3 (pour rester dans la même famille), qui a l'avantage non négligeable d'avoir une identité forte et qui m'aura laissé une marque bien plus profonde. Un grand dommage !