Yoshi s'était pointé en plein été, tout de laine vêtu sur Wii U. Le revoilà sur 3DS pour cet hiver, histoire de la rhabiller de mohair. Et avec Poochy tout contre lui, l'aventure s'annonce encore plus chaleureuse. Reste à voir si dans ces jolis habits, cette déclinaison de Woolly World se montre aussi duveteuse. Car d'une étoffe vite reprisée, on pouvait éventuellement s'inquiéter...
D'un coup de sa baguette magique, Kamek tisse la même intrigue - un kidnapping de Yoshis détricotés - sans ajouter la moindre trame pour rattacher la poche dont Poochy sort cette fois plus souvent. Les toutes nouvelles séquences en stop motion, dévoilées une à une, jour après jour, ne visent d'ailleurs qu'à raconter les péripéties du quotidien de notre cabot avec la famille Yoshi. Ces saynètes sont hélas assez inégales en matière d'inspiration et d'humour, que l'on ait sept ou soixante-dix-sept ans. Néanmoins leur réalisation se révèle d'une étonnante qualité, nonobstant l'absence de 3D auto stéréoscopique au cours du visionnage. De quoi suggérer que Poochy & Yoshi's Woolly World ne se résume pas à un portage bête et méchant de la part du studio Good-Feel. Ainsi l'animation en volume s'illustre parallèlement à travers l'ensemble du jeu, effet de profondeur à l'appui, quoique la carte de Tricot'île se présente dorénavant de profil, au lieu du point de vue aérien de la version Wii U.
Tricotage en relief
La perspective se montre aussi plus rapprochée dans les niveaux, aux décors parfois délicatement redessinés afin de s'adapter au format réduit de l'écran. S'ils perdent naturellement, pour ne pas dire nativement en piqué, leur rendu demeure fort soyeux, jusqu'à s'imposer parmi les plus beaux de la portable. En outre les environnements prennent de l'épaisseur grâce à l'affichage en relief, exploité à la fois pour ces vertus esthétiques et ludiques. Au delà du rehaussement de détails jadis invisibles sur le téléviseur ou le GamePad, les architectures sur plusieurs plans donnent l'illusion d'atteindre la quatrième dimension. Le level design et les mécaniques de gameplay n'ont pourtant rien de révolutionnaire, mais cette aventure les tresse à sa manière, histoire d'offrir une panoplie complète des techniques de la plateforme tout en constituant une excellente initiation à la discipline. D'autant que cette douceur pour la rétine s'applique également au challenge, d'une rare progressivité.
Plateforme douillette
La possibilité de passer à tout moment en mode relax pour voler indéfiniment facilitait déjà la tâche, en sus des autres aides, toutefois cet opus permet d'appeler en renfort les Tipoochys qui remplacent alors les pelotes de laine pondues par Yoshi. Les munitions deviennent par conséquent infinies, bien qu'il faille leur laisser le temps de revenir après un lancer. Car ces petits toutous farfouillent en permanence aux alentours, reniflant les passages ou les items cachés. L'épopée ressemble donc encore davantage à une promenade de santé, à moins de s'affranchir de ces coups de pattes, auquel cas la traque des objets s'avère autrement plus ardue, en particulier dans les niveaux spéciaux. De toute façon, les badges sont toujours disponibles en cas de pépin, une fois ces pouvoirs obtenus au fil de l'avancée, y compris Poochy. Son rôle reste limité, qu'il s'agisse de ses quelques apparitions durant le périple ou de ses capacités décidément peu adéquates dans le domaine de la verticalité.
Poochy, à la niche !
En revanche, son caractère fonceur s'exprime parfaitement dans les stages inédits de sa niche, où l'on se contente de sauter et glisser aux commandes de notre fidèle compagnon propulsé ventre à terre. Si ces épreuves trépidantes s'apparentent à des séances de runner, elles disposent de subtilités qui requièrent à la fois dextérité et réflexion. Surtout que des objectifs encouragent à glaner un maximum de perles, sans compter les modes bonus tels que la "Ruée vers l'Or". Dommage que les rallyes ne soient pas plus nombreux, à raison d'un déverrouillé par monde, et que le "Contre-la-Montre" nécessite l'amiibo Poochy, qui octroie en prime le privilège de le siffler n'importe quand, sans se délester de joyaux. Heureusement, les figurines Yoshi servent de nouveau à s'adjoindre un dino supplémentaire, une assistance quelquefois utile et globalement plus pratique que celle d'un second joueur. Le retrait de la facette coopérative n'est de fait guère regrettable, la convivialité se trouvant ailleurs.
Un travail de petites mains ?
En l'occurrence, la myriade de motifs à rassembler n'a pas que la collectionnite pour vocation, puisque Poochy & Yoshi's Woolly World introduit un éditeur de patrons partageables ensuite via StreetPass, en plus de ceux récupérés par le biais des autres amiibos compatibles. Deux méthodes de création plus ou moins élaborées sont proposées, de sorte que les plus pressés personnalisent leur héros en trois touches de stylet. Évidemment les Yoshis retricotés représentaient déjà une belle garde robe, d'aucuns considèreront donc ce salon de haute couture comme un luxe superflu. Cette activité sans prétention ne manque cependant pas d'intérêt, notamment auprès des enfants, et s'inscrit finalement à merveille dans la philosophie de cette oeuvre. A l'image de son univers, elle semble façonnée à la main, son fignolage transparaissant à mesure qu'on l'essore. La fibre si moelleuse se mue dès lors en lainage plus revêche porté par une maniabilité impeccable, gage de sa fabrication artisanale. Un soin qui fait chaud au coeur, quelle que soit la saison.