Werewolves Within est une expérience sociale disponible depuis peu sur les trois grands casques de réalité virtuelle du moment, pour un prix avoisinant les 30€, que ce soit sur Steam ou le PSN. Fort d'un concept inspiré d'un des meilleurs jeux de rôles "IRL" de tous les temps, que vaut ce titre sorti tout droit des studios de Red Storm, une des filiales d'Ubisoft ?
Ha ! Le loup Garou de Thiercelieux. La seule évocation de ce jeu, qui à animé maintes et maintes soirées entre amis, depuis mon adolescence jusqu'à nos jours, me donne des frissons et me fait me rappeler de moult parties aussi épiques et emplies de traîtrises que drôles. Et quelle ne fut pas ma surprise, mais aussi ma grande circonspection, lorsque je découvrais que le titre qui nous intéresse aujourd'hui était une adaptation d'un des jeux les plus populaires au monde, avec un aspect très surprenant : jouable uniquement en réalité virtuelle (et en ligne). Mais passés les doutes des débuts, je dois bien avouer que j'ai été conquis par ce Werewolves Within, malgré ses quelques défauts...
La nuit tombe, le village s'endort...
La première chose à savoir, c'est que le jeu ne reprend pas les règles exactes de celui dont il s'inspire. Pas de multiples tours, aucune phase d'endormissement du village où les loups assassins se réveillent pour désigner leur cible... Non. Uniquement la phase des votes, qui suit normalement le réveil du village. Et la partie se jouera sur ce seul et unique vote. Cela peut paraître très suspect au départ quand on connaît bien le principe des loups garous de Thiercelieux. Foireux même.
Mais en vérité, le concept se montre bien plus convainquant que ce que l'on pourrait croire au premier abord, et ce changement de règles est au final parfaitement justifié par le faible nombre de joueurs présents dans chaque partie (entre cinq et huit) et le support "jeux vidéo multijoueur" qui ne permettrait pas de laisser un des participants sur le côté pour le reste de la partie une fois ce dernier assassiné. Les gars des studios d'Ubi ont donc dû adapter les règles à leur nouveau support, un jeu en réalité virtuelle, et force est de constater qu'ils ont plutôt bien réussi leur coup.
Au niveau de l'utilisation du support dédié au VR tout d'abord. Les huit joueurs sont réunis autour d'une table, et dès les rôles attribués, vont pouvoir commencer à débattre de la personne à éliminer pour remporter la partie. La réalité virtuelle tient ici un rôle véritablement très important, puisque vous vous retrouvez immergé dans un monde virtuel avec sept autres personnes, et ces derniers peuvent voir là où vous tournez la tête, vous entendre, les mouvements de votre corps, les "émotes" que vous allez pouvoir effectuer, mais aussi et surtout, sentir leur regard posé sur vous (et inversement). Deux personnes assises à côté vont même pouvoir discuter "en privé", sans que personne ne les entende comploter...
Et vos avatars ont beau être "cartoonesques", on se prend véritablement au jeu, identifiant nos camarades et leur faciès au visage qui leur à été associé. Et avec tous les complots fomentés, les théories émises, les retournements de situation et les longues discutions passionnées, la réalité virtuelle est ici véritablement à son avantage et sert totalement le propos, puisque vous êtes (virtuellement) en présence des autres joueurs, ce qui crée la même intimité que si l'on se trouvait tous dans la même pièce (mais chacun chez soi)... C'est assez simple, le jeu ne fonctionnerait tout simplement pas sans le support VR.
... Les loups s'éveillent !
Mais revenons sur ce qui évolue par rapport au jeu d'origine. Un rôle vous est attribué en début de partie parmi plusieurs disponibles. Le classique villageois, cible facile idéale et champion des rôles usurpés, qui pourra élire un meneur dans l'assemblée pour lui octroyer un double vote, mais aussi le non moins classique Loup-Garou, qui devra persuader le reste de l'assemblée de son innocence, en utilisant son pouvoir qui lui permet de deviner le rôle de ses voisins en discutant en privé avec eux. D'autres plus funs sont bien sur de la partie, et la plupart possèdent des pouvoirs, ce qui permet de décanter la situation et faire avancer les débats vu le faible nombre de joueurs. Le traitre, qui essayera de se faire passer pour un loup et faire gagner ce camp, mais aussi le déviant, qui devra tout faire pour paraître suspect et se faire éliminer afin de gagner la partie.
D'autres sont bien sur disponibles, comme le pisteur, qui peut savoir de quel côté de l'assemblée se trouvent les loups, le limier, qui, à l'instar des loups, peut deviner le rôle de ses deux voisins de table, la commère, qui disposera de deux indices sur les autres joueurs, l'astrologue, qui cherchera des réponses dans les étoiles, mais aussi et surtout l'élu, pièce maîtresse du clan des villageois, qui peut deviner l'identité d'un des loups en regardant longuement le sol, mais qui pourra aisément se faire griller en le faisant, et si un seul des loups vote pour lui, c'est la fin pour les villageois, même s'ils arrivent à débusquer l'un des lycanthropes...
A partir de là, les joueurs mentent, se révèlent, bluffent, complotent, créent des alliances, et malgré le fait qu'une partie ne durera que le temps d'un seul vote, on ressent véritablement tout le feu, la passion et le fun qu'aurait pu nous transmettre une manche du véritable Loup-Garou de Thiercelieux. Les parties s'enchaînent alors et sont toutes très différentes les unes des autres, avec une redistribution des rôles constante, certains étant absents d'une manche à l'autre ce qui peut donner lieu à des situations ubuesques ou pas moins de trois loups sur huit joueurs sont présents ! Une vraie réussite, un véritable concentré de délires et ce malgré les changements apportés aux règles du jeu, qui pourrait même devenir une alternative viable "IRL".
Petits meurtres entre amis !
Mais nous sommes ici sur un jeu qui se joue via internet. Avec les quelques problèmes que cela peut entraîner. Et le premier que je citerais sera autant un avantage qu'un inconvénient : la toute petite communauté qui utilise le jeu actuellement ! Bien que bénéficiant de fonctions cross-plates-formes (Les joueurs PSVR, HTC VIVE et Oculus RIFT peuvent donc prendre part à la même partie), il ne sera pas possible de trouver une partie à n'importe quelle heure. Le jeu étant réglé pour trouver des joueurs français, table plutôt sur une période allant de 17h à 5h du matin pour trouver une salle de jeu.
Mais passé ce point de détail, ce n'est plus que du bonheur. Cette petite communauté de joyeux drilles, qui a vu passer des testeurs d'autres sites avant moi (JVC en tête !) est une véritable bande d'heureux camarades. Pour tout vous dire, je pense que sur toute ma session test, en vérité, j'ai dû passer au moins un quart de mon temps non pas à jouer, mais bel et bien à discuter de tout et de rien, refaire le monde entre deux parties. Et c'est vraiment cool ! On lie véritablement des liens avec les autres joueurs présents, on donne des conseils à un autre joueur sur la nourriture qu'il va se commander en livraison, on se lève pour chanter une marseillaise au milieu de son salon à quatre heures du mat', et tout autant de délires inoubliables, puis on se donne rendez-vous pour une autre session le lendemain, puis, alors même qu'il est cinq heures du matin, on se lance dans une nouvelle partie en se disant qu'elle sera la dernière.. Totalement addictif !
La difficulté du titre se fera aussi en fonction des joueurs présents sur le terrain de jeu, certains étant plus aguerris que d'autres dans l'art de la dissimulation, de la manipulation et du mensonge ou tout simplement de la logique. Les heures passent, les parties s'enchaînent et on ne voit pas le temps passer. On regrette juste l'absence de classement ou un récapitulatif des parties qui permettrais de savoir combien de fois on à joué tel ou tel rôle, combien de victoires nous avons récoltées, mais en fait, au final, on s'en fiche : seul compte le plaisir du jeu !