Ubisoft livre déjà son premier DLC pour Assassin's Creed Syndicate avec cette petite aventure à part dédiée au criminel mythique de Whipechapel. L'occasion de revenir dans le Londres Victorien de Jacob et Evie Frye avec une nouvelle histoire et quelques autres nouveautés... qui rehaussent le niveau ?
Une fois le DLC installé dans votre bécane, une option "Jack L'éventreur" vient se glisser dans le menu principal, lui permettant d'être joué séparément. Cette aventure bonus se déroule en effet 20 ans après les événements de Syndicate, en 1888, alors que le mystérieux assassin de Whitechapel enchaîne ses infâmes meurtres de prostituées et fait la une de tous les journaux. Sans vous en dévoiler plus que les premières minutes de jeu (vous pouvez dès à présent passer au paragraphe suivant si vous souhaitez éviter ce micro-spoiler), on comprend d'office que ce véritable boucher qu'est Jack - et vous allez pouvoir l'incarner quelques minutes pour vous en rendre compte - est lié à la confrérie des Assassins, puisqu'il semble en maîtriser les arts et souhaite coûte que coûte la mort violente et douloureuse des jumeaux Frye. Mais quel est ce lien ? Quelle est la motivation de Jack alors qu'il fait disparaître Jacob et jouera bientôt avec les nerf d'une Evie aux traits vieillis ? C'est ce que vous découvrirez bientôt en attaquant une nouvelle série de missions principales et annexes.
Hit the road Jack
Côté terrain de jeu, cette première extension d'Assassin's Creed Syndicate reprend deux quartiers du jeu de base (Whitechapel et City), ferme l'accès à tous les autres mais ajoute évidemment quelques nouveaux lieux (de qualité), de nouvelles activités (beaucoup moins), de nouveaux coffres et autres objets à collectionner. Concrètement, l'ensemble ajoutera donc une petite dizaine d'heures de gameplay au jeu de base si vous voulez tout boucler à 100%... mais honnêtement, il est fort probable que vous vous contentiez uniquement des missions scénaristiques, tant le reste fleure bon le remplissage.
Car si l'on retrouve évidemment les fameuses prostituées qu'on peut envoyer "distraire" l'ennemi (elles avaient étrangement disparu de Syndicate), la plupart des missions annexes qui leur sont consacrées sont franchement classiques et répétitives. Délivrer les jeunes-femmes des odieux personnages qui tiennent leur maison close, punir les clients grossiers malveillants, assassiner ceux qui les enlèvent pour en faire un commerce... si le sujet de la prostitution est abordé de manière assez intéressante parfois (on peut coller la honte aux clients violents en leur faisant traverser la foule avant de les livrer, excellente idée !), reste qu'en termes de jeu pur on s'ennuie un peu dans ces missions annexes, tout comme dans celles des "clubs de combat" par exemple, où l'on doit juste bastonner des vagues d'ennemis. Reste enfin les événements de notoriété, puisque les Rooks sont désormais à la botte de Jack L'éventreur et qu'il faudra donc retrouver votre influence dans certains quartiers en commettant quelques assassinats bien sentis... Oui, les Rooks sont à la botte de Jack. Un petit twist scénaristique bien pratique mais pas vraiment très inspiré... heureusement, les missions scénaristiques, elles, relèvent nettement le niveau.
Enquêtes et frayeurs
L'avantage de ces DLC par rapport aux jeux de base, c'est que les choses sont moins diluées. Les développeurs se concentrent sur une histoire plus travaillée, plus courte et plus puissante, plutôt que de traîner en longueur avec des missions de remplissage qui amoindrissent l'intérêt du récit. Ainsi, les quelques missions liées à Jack L'éventreur offrent un scénario de qualité (même si l'on en voit les ficelles un peu trop rapidement) et une atmosphère aussi travaillée que réussie. Elle sont l'occasion également de découvrir quelques nouveautés sympas, comme par exemple ce système de "frayeur". Revenue des Indes, Evie maîtrise désormais cet art subtil permettant de faire paniquer ses adversaires en les clouant littéralement au sol ou en utilisant des bombes fumigènes spéciales. On peut aussi faire certains enchaînements de QTE dans les assassinats, qui auront pour effet de faire fuir tous les ennemis assistant à la scène. Un nouvel arbre de compétence est même dédié à ce système de frayeur, qui finira par vous rendre terrifiante aux yeux de l'ennemi, vous conférant un sentiment de puissance assez nouveau. Un bon ajout, contrairement au système d'enlèvements initié dans le jeu de base et qui était exploité jusqu'à l'écoeurement. Ce n'est plus le cas ici d'ailleurs, idem pour l'utilisation des calèches, qui devient optionnelle ou presque. Que de bons points.
Par ailleurs, les missions scénaristiques elles-mêmes (il y en a une dizaine en tout dans cette extension), offrent un soin de mise en scène intéressant (inscriptions en surimpression sur l'écran notamment) et surtout une vraie variété qui permet de progresser avec plaisir sans jamais s'ennuyer. Concrètement, il y a des assassinats classiques, des enquêtes un peu plus complexes (vous devez par exemple retrouver un objet en analysant une trajectoire et ses rebonds), mais aussi bien sûr les fameux assassinats plus complexes initiés dans Unity avec leurs différentes approches. Et tout cela baignant donc dans une ambiance travaillée, finalement différente de ce qu'on avait dans le jeu de base, plus sale, plus malsaine et inquiétante... Cette atmosphère donne un vrai cachet, une personnalité et un réel intérêt à ce DLC. Bref, du joli boulot qui ne se voit terni que par le classicisme et le manque de valeur ajoutée des missions annexes, mais qui fait presque mieux que le jeu de base pour autant.
Chassez le naturel...
En jouant à Jack L'éventreur, je n'ai pu m'empêcher de me dire que si par miracle un Assassin's Creed tout entier bénéficiait, au niveau de son histoire et de ses missions, d'un soin aussi important, cela suffirait presque à relancer une saga qui manque tellement de renouveau, d'intérêt à long terme, d'originalité... Reste que malgré tout, on est ici rattrapé par des défauts inhérents à la série qu'on voudrait définitivement voir disparaître dans les prochains opus, à savoir les quelques bugs qui vous font alternativement rigoler ou pester, et qui globalement gâchent l'expérience, sans parler des temps de chargement toujours incroyablement longs ou encore des quelques maladresses de mise en scène qui subsistent et sont capables à tout moment de briser un élan positif, voire même une fulgurance.