Jeux de niche chez nous - qui par définition se font rares - les RPG tactiques ont toujours eu ma sympathie. Alors en grand fan de Fire Emblem, Advance Wars, Final Fantasy Tactics, quand un nouveau venu se pointe, mes vibrisses sont bien écartées, mes pupilles se contractent et mes griffes sont rentrées... Pas de chance, Natural Doctrine va tout de même se faire déchirer.
Il faut dire qu'il l'aura bien cherché. Avant de lui trouver une beauté intérieure, si jamais elle existe, voyons déjà ce que Natural Doctrine dégage sur le plan visuel. Si on peut pardonner à un T-RPG des graphismes moyens (l'essentiel n'étant pas là, ambiance travaillée et système de jeu sont les points les plus importants à mon sens), avec lui on fait un bond dans le temps d'à peu près 15 ans. Disponible également sur PS Vita et PS3, Natural Doctrine sur PS4 ne serait même pas agréable à regarder sur PS2. Et il ne s'agit pas seulement de juger un jeu à l'orée de sa résolution et de la finesse de ses textures, mais plutôt au design de ses personages, à la sophistication de ses décors... Ici, on a l'impression que Kadokawa Games a mis des murs parce qu'il fallait bien en mettre pour définir des zones. Ainsi, n'importe quelle forteresse ou grotte où l'on livrera combat a autant d'intérêt que les murs de mon vide-ordure. Difficile également de produire des personnages au look aussi générique, avec monsieur cheveux bleus/costume bleu/bouclier bleu, accompagné de la même version au féminin (en rose, évidemment). Charisme des héros : zéro. Ambiance de l'univers : zéro. Récit : inexistant. Quant aux petits trolls ennemis et consorts, le design est tellement navrant, générique, que je vais les laisser tranquille...
"Mettre fin au tour ?"
Alors que reste-t-il à Natural Doctrine pour ne pas se manger un bon vieux zéro pointé des familles ? Eh bien, sans faire de miracle, son sytème de jeu, bien que peu poussé, peu faire illusion quelques temps pour les morts de faim du genre, qui pourront par ailleurs jouer à deux en réseau. L'accent est mis sur les attaques combinées. Ainsi, du placement de vos personnages et de leurs associations dépendront vos victoires. Un principe bien entendu déjà vu mille fois ailleurs, mais qui s'avère agréable à mettre en place ici. L'idée de pouvoir détruire certaines parties de l'environnement pour progresser ou avoir l'ennemi dans la mire est également une bonne idée. Malheureusement, ce genre d'action est très déterminé. Il n'empêche qu'avec des ennemis souvent bien plus nombreux, le challenge est bien là pour faire progresser ces zones d'action en lieu et place de celles de l'ennemi. Les différents points de vue sont d'ailleurs bien utiles sur l'aspect tactique, avec une vue de haut, mais aussi une caméra que l'on peut placer derrière le personnage, afin de dynamiser l'action. Des petites idées qui, malheureusement, ne suffisent pas à faire de Natural Doctrine ne serait-ce qu'un jeu moyen. D'autant que dans l'interface, en plus de l'aspect visuel assez lamentable déjà évoqué, on a parfois l'impression de ne pas être face à un jeu professionel, mais plutôt en face d'un projet étudiant ou d'un kickstarter sorti à l'arrache. Un manque de finition dans les menus, dans l'interface générale, qui, cumulé au reste, forme une énorme tâche.