Quand on est joueur, habitué aux suites à répétition, qu'est-on en droit d'attendre d'un nouvel épisode de sa série favorite ? Dans la plupart des cas, et en ce qui concerne le jeu le plus vendu de tous les temps sur PC, Les Sims, on peut envisager des améliorations graphiques, d'interface, de prise en main... et du contenu supplémentaire. La qualité majeure des Sims 4, c'est qu'il apporte bien les premières innovations, mais il ampute dans le même temps une partie du contenu des jeux précédents, afin de répondre à une politique mercantile dans l'ère du temps assez honteuse.
Comme d'habitude dans Les Sims, le premier contact se fait avec les petits êtres que l'on va créer et lancer dans le grand bain de la vie... virtuelle. Enfant, ado, homme ou femme dans la force de l'âge ou avec des cheveux déjà blancs, le jeu Maxis propose tous les profils pour jouer à la poupée. Dans Les Sims 4, fini les réglettes : la création de ses personnages se fait de manière ultra intuitive, en cliquant directement sur les zones du corps que l'on veut modifier, étirer, rétrécir, agrandir. On pourra toujours habiller ses Sims selon ses goûts, les maquiller, les coiffer, choisir leurs habits de sport ou leur pyjama, mais cette fois on pourra aussi déterminer leur démarche, afin de leur donner encore un peu plus de personnalité. Cependant, fini les signes astrologiques ou les préférences culinaires. Ce que Les Sims 4 nous offre d'un côté, il nous le reprend de l'autre. Ce qui malheureusement est clairement le leitmotiv du nouveau titre EA.
Les Mariés de l'an II
Ainsi, les traits de personnalités sont désormais limités à trois par Sim, un quatrième faisant son apparition dès lors que des aspirations sont comblées. C'est un nouveau système basé sur les émotions qui est censé donner plus de personnalité à nos Sims, et surtout plus de variété dans les différentes étapes de sociabiliasation. Une nouveauté qui fonctionne plutôt bien, même si on s'interroge parfois sur l'intelligence de nos Sims et de leurs congénères, dès lors qu'ils ont une liste d'actions précises à réaliser... Mais c'est peut-être aussi le charme de la chose et du système d'émotions : être spectateur de l'existence de ses créatures plutôt que marionnetiste, les postures et les réactions de ses Sims les rendant plus vivants. Il n'empêche que ça fait souvent pester, mais pas autant que la disparition des bambins, qui amenaient plus de diversité dans les familles.
Le Roi des bricoleurs
Le mode construction souffre lui aussi du même problème : une interface mieux pensée mais beaucoup moins de contenu. Si pour se simplifier la vie, on peut désormais juxtaposer des pièces toutes faites sur notre terrain, ajuster la hauteur des murs, des fondations, créer plus facilement des étages à nos maisons de rêve, impossible désormais de s'acheter une piscine, cet élément ayant complètement disparu ! Vous la sentez venir l'extension spécial piscines dans quelques mois ? Mais ce n'est pas tout : le relief ne peut plus être modifié, impossible de définir de nouveaux lieux de constructions (seulement deux terrrains sont disponibles en début de partie), les terrains sont plus petits, les habitations sont limitées à trois étages (cinq dans Les Sims 3), les sous-sol, lave-vaisselle ou encore tables à langer ont disparus... tout cela pour, on l'imagine encore une fois, permettre plus de micro-payements, plus de DLC... Si l'on peut concevoir que des élements spéciaux, en bonus, viennent compléter le jeu plus tard, la disparition de fonctionnalités bien présentes dans les précédents jeux relève d'une politique bien difficile à accepter, surtout quand, comme beaucoup de joueurs, on s'est énormément impliqué dans les jeux précédents, avec l'achat d'extensions en tous genres. Sur ce point, EA va trop loin, et évidemment l'intérêt du jeu en souffre. Fini aussi la personnalition des couleurs et des motifs des objets, pourtant disponible dans Les Sims 3. Gloups.
Où est ma ch'mise grise ?
Malheureusement, l'énumération de ce qui manque ne s'arrête pas là. La régression sur de nombreux points de la vie sociale des Sims tiendrait presque du sabotage. Les carrières de médecins, de policiers, d'affaires et d'enseignement passent à la trappe, tout comme l'arbre généalogique, la nounou, le voleur et le fantôme (ma raison préférée de faire mourir un Sim d'épuisement dans la piscine !). Plus moyen non plus de suivre son Sim au travail et à l'école, dans des quartiers de nouveaux restreints, comme dans Les Sims 2, un titre sorti il y a 10 ans... La "ville" réduite à quelques lieux d'interactions comme la discothèque ou la bibliothèque fait peine à voir... Le joueur novice y trouvera peut-être son compte, ne sachant pas ce qu'il perd, mais dans tous les cas, même si le concept premier de cette série demeure très accrocheur, il se dilue dans cette volonté affligeante de calibrer un jeu essentiellement pour un profit maximal. Une manière de faire qui rappelle évidemment le conte de la poule aux oeufs d'or, une histoire dont on connait la morale...