Conclure un arc scénaristique n'est pas forcément un exercice évident. Mais si Telltale a réussi à proposer un final choc à The Walking Dead, achevant d'en faire une oeuvre culte, peut-être peuvent-ils réitérer l'exploit avec The Wolf Among Us ? Le dernier chapitre de l'enquête menée par le Grand Méchant Loup vient-il terminer une saison d'une qualité remarquable ? J'aimerais bien répondre immédiatement. Mais "ces lèvres sont scellées".
Rappel important : si vous n'avez pas joué aux précédents épisodes, ça craint. Parce que, forcément, ce test va en parler et du coup vous spoiler. Vous êtes prévenus.
Voilà. Bigby y est. Le grand vilain de l'histoire est face à lui. Sans détour, sans grandiloquence, il apprend qui a perpétré les meurtres de deux malheureuses résidentes de Fabletown, qui a tiré les ficelles de cette mascarade impliquant nombre de personnages désireux de se tirer de la mouise. Les questions semblent trouver des réponses. Mais celles-ci ne sont-elles pas trop évidentes ? N'y a-t-il pas plus que ce qu'on veut bien avouer au velu shérif ? Et surtout : quel type de justice faut-il appliquer ? A l'ancienne ou en restant dans les clous ? En montrant qu'on a changé ou en continuant d'inspirer une crainte qui a, probablement, rendu toute confiance impossible de la part de certaines victimes ? Faut-il négocier ou se montrer indulgent envers ceux qui ont défié votre autorité ? Que de choix, mes aïeux, que de choix.
...And Justice For All
Si on sait - plus ou moins - "qui", reste à découvrir "pourquoi" et "comment". Pour y parvenir, il va bien entendu falloir passer par toutes sortes d'épreuves : se farcir des créatures de contes belliqueuses, procéder à une course-poursuite musclée et savamment mise en scène (avec une mécanique de barre de vie/temps intéressante), avoir quelques échanges avec l'incroyablement flippante Bloody Mary, montrer son véritable potentiel et provoquer l'extase chez celle ou celui qui tient le(s) périphérique(s) de commande. Sans oublier de prendre les décisions qui paraissent s'imposer, que l'on soit du genre brutal ou diplomate. La torture, c'est qu'il est fort possible que cela mène vers des pistes incomplètes ou fasse louper des indices permettant une meilleure compréhension d'un schmilblick que l'avant-dernière séquence rend presque tangible. Un passage mémorable dans lequel il faut endurer le principe du bilan, comme dans le dernier épisode de la première saison de The Walking Dead, et faire face aux conséquences de ses actes. Et aux démons des gens qui vous entourent et qui ne sortiront pas plus blancs de cette histoire. Tout comme la société mise en place et dont le Loup a la charge. Féroce.
Coup de foudre et conséquences
Y'a-t-il de quoi crier au génie pour ce volet et, dans l'ensemble, la saison complète ? Sans aucun doute. Ne vous attendez pas à verser une larme ni à vous voir récompensé de lourds efforts cérébraux ou moteurs. En revanche, soyez certains que, malgré les défauts habituels et une notion de gameplay toute relative, vous vous retrouvez au coeur d'une histoire incroyable, présentant des personnages que l'on a aimé voir se développer, avec qui les interactions n'ont pas été vaines, et qui se sont exprimés à travers des dialogues coups de poing. Et que l'épilogue, aux premier abord anodin, parviendra, que vous le vouliez ou non, à remettre en cause pas mal de théories que vous pensiez acquises. De manière à ce que certaines idées commencent à mûrir... Vous incitant à recommencer immédiatement, à envisager d'autres chemins en vue de tirer certaines choses au clair. Comme dans une véritable investigation, en somme.
Une fois encore, Telltale parvient à maintenir un niveau de qualité élevé de bout en bout et offre un dénouement habile, punchy et parvenant à soulever autant d'interrogations qu'il n'apporte de réponses. Plutôt court (comptez 1h30) mais très bien rythmé, Cry Wolf donne à toute cette saison une saveur d'excellence. Et, contrairement à une autre fantastique licence du studio, provoque l'envie de replonger immédiatement... en attendant la suite (et la version française), bien sûr.