Connaissez-vous ce que l'on appelle l'effet underdog ? Il s'agit en sport ou en politique de prendre le parti de celui dont la défaite, à un moment donné, ne fait quasiment plus aucun doute. Parce que l'on aime croire aux miracles ? Parce que le valeureux perdant est toujours plus émouvant et sympathique que l'écrasant vainqueur ? Vaste question. Et pourquoi je vous parle de ça ? Parce que j'ai galéré à trouver une intro digne de ce nom pour ce test ? Oui, mais aussi parce que dans un duel avec Diablo, Dungeon Siege bénéficierait sans doute de cet effet underdog, comme le confirme ce troisième épisode...
Contrairement à ce que vous pourriez penser, mon introduction ne sort pas tant que ça du diable vauvert : en 2002, alors que le diabolique Diablo II sapait toute l'énergie des joueurs PC depuis deux ans, un certain Chris Taylor débarqua avec Dungeon Siege, Le titre outsider, plut à bon nombre de joueurs et offrait un univers en 3D pour alternative aux graphismes 2D de la série de Blizzard. En 2005, second épisode et là, le charme n'opère déjà plus comme avec le premier volet. Aujourd'hui, alors que tous les tripoteurs de souris amateurs de hack'n slash attendent Diablo III comme le messie, c'est Dungeon Siege III qui cette fois, entre les mains d'Obsidian et édité par Square Enix, débarque déjà perdant avant l'arrivée de l'ogre Blizzard, façonné pour répondre aux attentes des consoleux, mais tout de même assez sympathique au demeurant pour qu'on ne le casse pas en deux...
Siège en carton
Bon déjà, même si on ne peut pas comparer un mulet avec un étalon, j'ai découvert il y a peu, la formidable intrigue du Trône de Fer (dans toutes les bonnes librairies et en ce qui me concerne, la série est en cours de diffusion sur le satellite). Alors autant vous dire que l'intrigue de Dungeon Siege III, même si elle inclut moult magies et créatures fantastiques, n'a rien de bien transcendante et c'est certainement exclusivement la course au loot qui vous animera pour avancer dans le jeu. Cependant, dans ce hack'n slash des familles, vous aurez le choix entre quatre personnages aux dégaines plutôt réussies (surtout les femmes) qui sont autant de manières de jouer, le mage et l'archonte offrant en plus un gameplay hybride.
Les Quatre Fantastiques
Donc les héritiers de la 10e Légion, entité mythique et valeureuse, dépouillée et pourchassée à travers le royaume d'Ehb par la foldingue (et surpuissante) Jeyne Kassynder, sont : Lucas, le gus à l'épée, expert du corps à corps, qui jonglera entre épée à une et deux mains pour asséner des coups plus puissants, Katarina, la sorcière aux flingues, plus efficace à longue portée, Anjali, maniant le baton aussi bien qu'une tortue ninja, mais plus efficace à balancer des boules de feu de loin une fois transformée en torche humaine et enfin, Reinhart, le mage, qui envoie des sorts avec sa boule magique ou qui va directement taper sur les méchants avec son gant mécanique. Vous l'aurez compris, chaque personnage répond à un stéréotype du hack'n slash et selon la manière dont vous préférez jouer, vous choisirez avec attention votre héros. Si vous êtes à la fois fonceur mais que vous aimez bien fataliser les vilains de loin par moments, vous opterez pour Anjali ou Reinhart, des choix moins tranchés que Lucas le tank ou Katarina la bimbo.
Fade Ehb
Bon, ces personnages ne brilleront certes pas par leur plastique mais bien par leur chara design, le titre étant assez fade graphiquement, malgré une aventure qui vous mènera dans des manoirs hantés, des forêts verdoyantes, des grottes sinistres, des villages plus ou moins accueillants. Pas tops en termes graphiques, ces environnements sont quand même assez travaillés pour que l'on prenne du plaisir à les parcourir et finalement, ce niveau visuel moyen assure au jeu, en contrepartie, une certaine fluidité, sans temps de chargement entre les zones. Et sauvegarder prend littéralement deux secondes.
L'aventure ? C'est tout droit !
Après ne comptez pas entrer dans les maisons des villages, sortir des sentiers battus, l'épopée est sur un rail. Elle est tellement linéaire, même, que vous pourrez zapper les phases de dialogues molassones sans rien perdre. Toujours présentées sur le même et unique plan, il suffira de suivre un chemin de lumière qui vous mènera au prochain objectif de votre quête, et que vous ferez apparaître par une simple pression de la croix directionnelle, plutôt qu'écouter ces salades. En multi en ligne, c'est ce qui se passera une fois sur deux par la faute des autres joueurs... Pas mal quand on n'a pas envie de se prendre la tête à retrouver le chemin vers Ruissecorbeau... mais dommage sl l'on adore les accents venus d'ailleurs, quelque part entre la cagole de Marseille et la fille de l'est, que nous proposent les doubleurs de ce jeu intégralement en VF. C'est déjà un bon point en soi alors si en plus on peut rigoler... Et puis, c'est bien connu, tous les brigands on a un accent russe.
Obscure damnation...
Si vous passerez du temps sur les chemins à castagner (en nombre) araignées, loups, sorcières, hommes-poissons, brigands, squelettes et j'en passe, vous passerez aussi du temps dans les menus. Ceux-ci sont plutôt ergonomiques, ce qui tombe plutôt bien parce que Dungeon Siege III, c'est quand un même un peu la foire au loot. Même si ça manque de raccourcis pratiques pour se débarrasser en un clic de tout le loot dont on se fout comme une sorte de corbeille à butin inutile pour sa classe. Cependant en ce qui concerne l'arbre de compétences et les capacités, ou altérations d'état, que peut vous offrir votre arsenal, c'est une autre histoire. Exemple : j'équipe Ashanti Jena Lee Anjali d'une masse qui me procure +14 en Damnation. Moins expert que MisterP ou RaHaN en magie noire, cheveux longs et réunions où on jette des dés à ouate mille faces, je me réfère à l'aide pour savoir à quoi ça correspond. Ce n'est pas expliqué. Au final, vu que j'ai quand même eu mon bac, j'ai cru comprendre que la damnation équivalait à la sentence, mentionnée dans d'autres parties du menu... Il m'a semblé ensuite que j'étais plus efficace face aux squelettes et autres créatures ectoplasmiques mais je n'en mettrais pas ma main à couper... Bref, c'est plutôt obscur si l'on veut vraiment façonner son perso auquel on devra attribuer neuf skills principales, en favorisant certaines au détriment d'autres. Mais c'est pas grave, vous ferez un peu comme tout le monde : au pif, le nez dans l'incomplet manuel ou à conjecturer avec d'autres dans les forums.
C'est meilleur à plusieurs ?
Mais autant procéder au pif, car l'expérience ne dure qu'une dizaine d'heures et que vous arriverez très bien au bout sans vraiment de peine, même en étant pas très rigoureux dans vos choix de compétences. Car ce Dungeon Siege III manque d'impact, il est mou, trop balisé, le challenge n'y est pas. Quand on se castagne, ça n'est pas très dynamique à l'écran. Deux mots tout de même sur le mode multi qui possède ses qualités et ses défauts : ce qui est cool, c'est de faire l'aventure à quatre, surtout que rejoindre une partie est vraiment très simple, en deux manip', on joue en ligne. Ce qui l'est moins, c'est que si dans le mode solo on n'est accompagné que par un personnage, à quatre, c'est un peu le dawa et on a souvent du mal à se repérer. Rajoutez à ça que vous êtes téléportés en plein milieu des tirs croisés et des épées si vous êtes un peu trop loin de l'action et que par moments, le jeu rame. Petit détail sympa tout de même : vous pouvez jouer à deux joueurs (physiquement, sur le canapé) dans une équipe de quatre en ligne.
Dungeon Siege III est trop linéaire, trop mou, pas assez beau pour être considéré comme un bon jeu. Mais dans le même temps, il permet une course au loot plutôt conséquente, propose quatre persos plutôt sympas, peut être joué à quatre en ligne et se révèle très accessible pour les joueurs console pas vraiment habitués au genre. Si Dungeon Siege III ne marquera donc pas les esprits, il comblera peut-être l'ennui d'un weekend pluvieux... Et je vous assure, tout ce qui peut éviter de se taper Vivement Dimanche est toujours bon à prendre.