C'est bien beau d'annoncer The Witcher 2 "jeu de l'année" dans les podcasts de Gameblog, mais encore faut-il qu'il ne me laisse pas tomber. Ça n'a pas été facile, il a failli ne pas les avoir ses cinq étoiles ! Vous pensez bien qu'il n'y a pas que des bonnes choses à dire sur le nouveau RPG de CD Projekt. Heureusement, tout se termine bien à la fin.
Tiens, un test de The Witcher 2 ! Je parie que vous ne l'attendiez plus. Ou alors vous n'avez même pas remarqué qu'on ne l'avait pas encore sorti. Eh bien le voilà en tout cas ! Il y en a qui se disent peut-être « Ah, Fumble, il a voulu y jouer cinq fois pour être sur de faire du bon travail, c'est pour ça qu'il est en retard. » Euh, non, pas du tout en fait. Il s'avère juste que nous avons subi un véritable festival de lose pour récupérer une version, l'installer, etc. Autant vous dire que j'étais un peu déception. L'avantage étant que si vous n'avez pas pu cliquer pour connaître rapidement l'avis de Gameblog, vous cliquerez pour au moins savoir pourquoi on est autant à la bourre. Bref, j'ai quand même finalement réussi à le lancer et j'ai mis ma haine du système (yo !) de côté pour profiter du RPG de l'année. Place au Witcher.
Ohhhhhhh
Ah Geralt le Sorceleur, comme tu as changé. Plus taciturne, non ? Plus... beau que tu ne l'étais avant ? Les textures, les effets, tout ça ? Un nouveau moteur graphique ? Ah je me disais aussi. Houlala, oui, The Witcher 2 quelle claque visuelle. On va commencer en parlant technique, si ça ne vous dérange pas. Les gros points forts, ce sont les textures et la finesse des détails. Les décors sont magnifiques et le rendu des armures en met plein les yeux. Avec quelques effets en plus, l'immersion dans le monde du Witcher est presque totale. "Presque" parce que le moteur de CD Projekt a ses défauts. Le clonage des personnages est quasiment invisible, mais on le voit encore parfois. Quant aux animations, ce n'est toujours pas au top. Tout ce qui concerne le combat est réussi, mais le reste... Entre la course saccadée de Geralt, ses déplacements brusques qui nous obligent à marcher pour ne pas nous écraser contre les murs et les quelques mouvements de dialogues qui reviennent en boucle, on s'attendait à un peu mieux. À part ça, c'est tout bon, et le jeu ne demande même pas une si grosse config que ça pour tourner. Certes il faudra peut être désactiver quelques options graphiques, rien de bien grave. Tant qu'on peut compter les clous sur le cuir de l'armure de Geralt, le plaisir est là.
Ça commence mal
On va le voir, The Witcher 2 a gagné ses cinq étoiles, et pourtant je lui en ai voulu sur bien des points. On commence par les combats, c'est le moindre problème. Le fait est qu'ils sont aussi bourrins que dans le premier, malgré les efforts de CD Projekt pour le rendre plus fun. On regrettera principalement qu'il y ait peu de différence tactique entre l'attaque légère et la lourde, de même que la visée assez aléatoire lorsqu'on affronte un gros paquet de monstres : on a vite fait de sauter la mauvaise cible et se retrouver en fâcheuse position. On s'habitue à ces défauts et il arrive même qu'on place quelques actions impressionnantes. Dans l'ensemble, les combats s'avèrent très spectaculaires, mais trop faciles, en tout cas en mode normal. Le souci, c'est que le mode difficile est une véritable punition au début du jeu, lorsque Geralt possède peu de compétences (le 1 Vs. 6 de la fin du tutoriel est totalement décourageant). Un retour à une faiblesse générale du personnage principal que les scénaristes ne cherchent même plus à expliquer par une quelconque perte de mémoire, d'ailleurs. Suspension of Disbelief en action ! Pour survivre, il faut donc passer en mode normal. Par la suite, Geralt s'améliore et tout devient aisé : se protéger avec les signes de pouvoir, exécuter trois types d'un coup quand la jauge d'adrénaline est pleine, se blinder d'effets de potions...
Je vous prends tous !
Je ne nie pas que c'est fun, mais le challenge se montre de moins en moins bien équilibré au fur et à mesure que le personnage gagne en puissance. En même temps, c'est la loi du genre, et je vous invite à relire ma chronique sur les mystères du jeu vidéo « la difficulté dans les RPG »... Qu'aurait-il fallu faire ? Déjà mieux travailler les rencontres spéciales et les Boss. Que l'on défonce la piétaille, c'est normal et jouissif. Elle est là pour ça. Malheureusement pour certains affrontements importants, CD Projekt s'est contenté d'interdire les exécutions sommaires (sans explication logique), ce qui offre des combats un peu plus techniques (esquive, parade, contre-attaque), mais qui manquent terriblement de mécanismes spéciaux, de surprises et de mise en scène. Un des derniers gros duels est d'ailleurs particulièrement raté. Enfin bon, ce n'est pas le plus important, heureusement.
Inutilement complexe
L'équipement fait aussi partie de ces pseudo améliorations par rapport à The Witcher qui s'embourbent dans un gameplay inutile. Qu'ils aient rajouté des gants, un pantalon et des bottes, c'est cool, mais ça ne sert à rien. Qu'ils aient développé l'artisanat, c'est super, mais ça ne sert quasiment pas plus. Ou peut-être en mode difficile, pour gratter quelques pourcentages de protection ou de dégâts. Mais jongler entre les objets d'artisanats qui encombrent un inventaire limité et la poignée de schéma qui servent à produire des pièces d'équipement souvent dépassées, ce n'est simplement pas amusant. Et je ne parle pas des mutagènes que l'on récolte sur les monstres et qui sont sensés améliorer les talents de Geralt. Vous en trouvez trois tonnes, et vous ne pouvez muter qu'une demi-douzaine de compétences. On ne peut même pas changer une mutation par une plus puissante ensuite... Mais qui a conçu ce mécanisme de daube ?
Fermé pour inventaire
Probablement le mec qui a mis au point l'interface, qui se révèle peu pratique et illisible à la fois. Et notamment l'inventaire : on nous propose plusieurs filtres pour les matos (armes, armures, équipement), mais rien pour les objets inutiles que l'on ramasse pour la revente (camelote, babioles). Du coup il faut se chercher dans le filtre « tout » quand on est chez le vendeur pour retrouver et se débarrasser de tout ce bordel contre quelques pièces. Franchement, en fin de jeu, on a surtout envie de tout bazarder, mutagènes, artisanat, appeaux qui ne servent à rien, schéma, etc., et de partir les poches vides et l'âme apaisée. Les tentatives de CD Projekt de rajouter des éléments de gestion à un RPG qui n'en a pas besoin font vraiment un flop. Heureusement, ils sont quand super forts pour ce qui est du roleplay.
Connectez les neurones
The Witcher 2 débute peu de temps après la fin du premier, et propose un scénario (que je ne divulguerai pas) extrêmement complexe. La politique y tient un rôle important, et on est vite perdu si on ne connaît pas un poil l'univers inventé par l'auteur Sapkowski. Avoir lu les livres et jouer au premier opus n'est pas obligatoire, mais ça aide pas mal. Au final, vous aurez les réponses à vos questions, mais naviguer ainsi en eaux troubles n'est pas forcément toujours agréable. On a un peu tendance à baisser les bras et ne plus trop réfléchir aux événements. Je vous conseille tout de même de persévérer et de prendre votre temps pour analyser chaque élément du scénario principal, car une des vraies victoires que l'ont peut avoir sur The Witcher 2, c'est de comprendre de quoi il retourne avant même les explications finales. Attention cependant, vous n'aurez pas toutes les réponses que vous attendez : pour cela il faudra jouer à The Witcher 3, qui est très clairement prévu.
Qu'est-ce qui se trame ?
Rentrons un peu dans les détails (et toujours sans spoiler !) L'action se déroule sur trois chapitres, un prologue et un épilogue. Le prologue sert à poser les bases de l'histoire et de tutoriel. On peut en jouer une partie dans le désordre, quoique je ne vois pas trop à quoi ça peut servir. Le premier chapitre présente de nombreux personnages importants à la trame générale. Il donne aussi le ton en ce qui concerne les relations entre les races humaines et non humaines. Il se termine par un choix très important qui impacte énormément le deuxième chapitre. Celui-ci est en effet divisé en deux, et vous n'en apercevrez donc qu'une moitié, selon que vous ayez choisi un camp et pas l'autre. Du coup, il y a déjà moins de quêtes annexes, ce qui est contrebalancé par la certitude que vous rejouerez à The Witcher 2 pour voir la deuxième facette de l'histoire. Le troisième chapitre est un peu le Fail qui sent la fin de développement. Quasiment pas de quêtes annexes, un environnement assez petit et fermé. En revanche il propose de nombreux choix importants et décisifs, ce qui compense en drama ce qu'il perd en exploration. Reste enfin l'épilogue, qui offre des réponses et conclut le jeu par un choix que je n'ai quasiment jamais vu dans un RPG. C'est grandiose. C'est l'Empire Contre Attaque du jeu vidéo.
C'est fou, quand j'y repense, comme The Witcher 2 ressemble au premier. Mêmes défauts, mêmes qualités. À cause des premiers, il aurait pu perdre une étoile, mais bon sang, quel autre jeu offre un scénario de cette envergure ? Des dialogues aussi percutants ? Des personnages si intéressants ? Une ambiance si mature ? CD Projekt nous propose un jeu qui, selon les normes du marché, ne devrait pas exister. Même en film on ne voit plus de la fantasy de cette qualité. Alors tu m'étonnes que je vais leur pardonner des prétentions mal abouties et quelques défauts techniques. The Witcher 2, RPG de l'année, est dispo sur PC, PC et PC depuis une semaine. Sur console un jour, et je ne peux que le souhaiter aux adeptes du pad.