Après un premier volet qui sentait bon la démo technique pour la sortie de la PS3 dans nos contrées (mars 2007), une version "number two" grandement améliorée (2008), mais encore perfectible et à la difficulté encore un peu trop élevée bien que mieux dosée, MotorStorm Apocalypse constitue donc sur PS3 le troisième volet de la trilogie "MotorStormienne". Un jeu de course résolument arcade, comme le veut la tradition, et qui se lâche littéralement dans cette ultime version. Alors, avons-nous affaire là à une énième version améliorée, ou à un opus totalement revu et corrigé ? Réponses dans les lignes qui suivent. Normalement.
Conscient des évènements qui touchent actuellement le Japon, nous avons tout de même décidé de rendre public ce Test, pour laisser la liberté à chacun de se faire une opinion sur ce jeu de course au contenu pour le moins explicite. Tout comme chacun est libre de se le procurer, ou non. Merci de votre compréhension.
On ne peut pas raisonnablement se pencher sur MotorStorm Apocalypse, sans revenir quelques instants sur le précédent opus de la série. Sorti en octobre 2008 chez nous, MotorStorm Pacific Rift sentait bon les îles boueuses... du Pacifique et offrait du off-road sur chacun des tracés, déclinés sur le thème des 4 éléments. Un bon défouloir au final donc, même si quelques défauts étaient venus entacher un tableau presque parfait. Parfois fouillis, voire brouillon, il se cherchait encore... Puis vint en 2009, la très jolie version portable sur PSP (et PS2) Arctic Edge, qui fut une très belle réussite technique et ludique (sur PSP du moins) développée par Bigbig Studios. Apocalypse reprend donc le principe d'une terre désertée, laissée à l'abandon, ou presque, où des malades motorisés débarque, prenant possession des lieux pour mesurer la taille de leur appendice reproducteur. Le hic, c'est que le lieu en question, une zone totalement urbaine qui change radicalement avec les précédents opus, subit des catastrophes naturelles sans précédent. C'est autour de ce postulat post-apocalyptique que le titre est construit, ce qui va, de fait, totalement semer la pagaille durant vos courses. Ce sera même un facteur important, voire déterminant pour appréhender ce nouveau gameplay voulu par les développeurs d'Evolution Studios.
Une histoire de comics
La trame scénaristique, car oui, il y en a une dans le fameux mode Festival (que l'on assimile à juste titre au mode Histoire ici), est racontée sous forme de BD typées comics. Ces dernières ne sont pas statiques mais presque, avec un rendu plutôt sympa au final... même si, je vous l'accorde, il faut aimer le style "slide show" et les doublages parfois étranges. Mais entre deux courses, ça a toujours le mérite de reposer vos doigts boudinés. Bref. Contrairement aux précédent opus, le mode Festival comporte trois niveaux de difficulté, représentant chacun une des trois sections de ce mode de jeu, qu'on parcourra dans la peau de l'un des trois pilotes de la bande. Mash pour le niveau Débutant, Tyler pour le niveau Pro et enfin Big Dog le chef, pour le niveau Expert. Une quinzaine de courses est proposée pour chacune de ces sections, constituées soit d'épreuves classiques où il faut terminer dans les 3 premiers pour débloquer la suivante (dans les 5 premiers en Débutant), soit en d'épreuves "Eliminator" (le dernier pilote en tête l'emporte), ou bien alors, mais c'est plus rare, d'épreuves Poursuite (Duel) face à un personnage particulier comme le dénommé Muerte par exemple...
Une physique revue, enfin
Si les premiers opus de la série nous avaient quelque peu laissés sur notre faim en ce qui concerne la physique des véhicules jugée beaucoup trop légère, qu'ils soient sur 2 ou 4 roues, dans MotorStorm Apocalypse, les développeurs ont enfin revu leur copie. On a en effet quelque chose de bien plus agréable et "facile" à piloter : on sent du poids sur chacun d'entre eux, ce qui permet paradoxalement une plus grande maniabilité, avec un meilleur dosage du frein et de l'accélération. Quant au frein à main, j'avoue ne m'en être jamais servi... En outre, les dérives sont beaucoup plus contrôlables. Il est ainsi plus aisé de partir en dérapage et de remettre les gaz dans la foulée, à l'aide du fameux Boost, toujours présent dans cet épisode. La liberté vous est également laissée de "cogner" vos adversaires à coups de poings lorsque vous êtes à moto (c'était déjà le cas avant), mais aussi à coup de carrosserie lorsque vous pilotez une des caisses. Idéal pour envoyer vos ennemis contre les pylônes et autres murs en béton armé ! Cela vous coûtera cependant systématiquement un peu de boost. Evidemment, la conduite reste très "Arcade", puisque c'est l'ADN même de la série, mais elle est tellement plus plaisante désormais qu'on peut enfin parler de "conduite", même si ça reste basique vu le type de jeu. Vous l'aurez compris, le fameux "Boost" est toujours d'actualité, mais il peut être déclenché désormais presque dès le départ de la course. A consommer avec modération, comme toujours, et à refroidir soit dans les airs lors d'un saut de cabri géant (il faut relâcher le boost ET l'accélération pour le refroidir encore plus vite), soit dans les flaques d'eau qui parsèment les environnements totalement détruits...
Le nombre de véhicules a également été revu à la hausse, avec cette fois pas moins de 13 types de bolides distincts aussi bien au niveau de la conduite que de la physique. Vous avez ainsi le choix entre piloter la Dirt Bike (motocross), le Quad, la Buggy, la Voiture de Rallye, la Camionnette, le 4x4, le Semi-remorque, le Muscle Car, le Supercar, le Supermini, le Chopper, le Superbike et le Monster Truck. Des bolides qui se déclinent d'ailleurs en trois versions chacun, à débloquer au fur et à mesure de votre avancée dans le jeu. Trois vues sont disponibles pour chacun des bolides, avec une vue "capot" pour les "4 roues". Si pour ma part, je privilégie toujours cette dernière, toutes sont jouables sans aucun problème, même si en moto il faut avouer que c'est un petit peu plus chaud.
De la destruction naîtra le chaos... technique
Parlons-en, justement, de la destruction massive. Ici, c'est l'essence même du jeu et tout simplement la promesse faite par ce titre. En effet, les courses (au nombre de 40, sur 12 tracés différents au total) tiennent place dans des environnements totalement ravagés par les éléments déchaînés. Tsunami, tornades, pluie... mais aussi par des éléments extérieurs tels que des avions de chasse qui vous tirent dessus (le niveau avec le fameux avion Harrier est fantastique), des Rebelles à pieds qui vous caillassent et vous mitraillent (vous pouvez d'ailleurs les écraser au passage)... Mais ce n'est rien à côté des destructions en temps réel qui vous attendent au tournant. Au fil des tours, les paysages se modèlent concrètement sous vos yeux à vitesse grand V, au gré, par exemple, d'un tremblement de terre qui ouvre littéralement le sol, vous faisant irrémédiablement "chuter" dans un tout nouveau tronçon créé en conséquence (métro ou autre), ou bien foncer vers une rampe à emprunter au dernier moment pour ne pas sombrer dans le trou béant qui vient de s'ouvrir ! On n'oubliera pas non plus les immeubles qui s'écroulent et ferment les passages qui étaient précédemment ouverts, les ponts complètement tordus qui se dérobent sous vos roues, les ruines et divers obstacles qui vous bloquent à chaque passage, la pluie qui redouble d'intensité, les éclairs au loin qui frappent les immeubles, la poussière qui se soulève et vous empêche de voir la route... Bref, la liste des éléments déchaînés est longue ! Et contribue grandement à modifier votre approche de la course, qui évolue donc au fil des tours. En réalité, même si ces déclenchements de catastrophes sont scriptés et se déclenchent automatiquement (contrairement à Split/ Second), les parcours sont suffisamment tarabiscotés et bien agencés pour vous surprendre à chaque passage sur la ligne d'arrivée. Vous avez cru voir un chemin ici au tour précédent ? Perdu, il n'y en a plus. Disparu. Adieu.
Furieusement furieux
L'ambiance apocalyptique recherchée par les développeurs est donc largement atteinte et avouons-le, est l'essence même de ce gameplay renouvelé dans MotorStorm Apocalypse. Les configurations des circuits y changent d'ailleurs un point tel qu'il faut sans cesse rechercher le meilleur chemin possible pour gagner du temps. Il n'est ainsi pas rare de se retrouver embarqué dans un raccourci, emprunté par la force des choses, sans presque le vouloir. Il faut dire que les éléments se déchaînent tellement autour de vous, que ces derniers vous poussent au crash plus souvent qu'à votre tour. Des piliers, des arbres, des poteaux, des concurrents, vous allez vous en manger un sacré paquet ! Et même si cela peut être rageant, voire casser quelque peu votre rythme de course, mais aussi et surtout vous faire perdre la première place pour quelques centièmes, cela contribue grandement à faire monter l'adrénaline. D'autant plus que l'I.A. des concurrents est réussie : on les voit se battre entre eux, ils sont raisonnablement coriaces et accrocheurs (un peu moins en fin de course), explosent littéralement sous vos yeux, empruntent des chemins cachés... De quoi renouveler l'expérience, même si le mode "Festival" se terminera en une dizaine d'heures environ. Vous l'aurez compris, même si le titre d'Evolution Studios ne casse pas la baraque esthétiquement parlant (ce n'est pas Uncharted, quoi), les environnements, les dégâts, les véhicules et les déclenchements de catastrophes sont de bonne qualité globalement. Et ce, même si les environnements ne sont pas aussi éclectiques qu'on aurait pu le souhaiter. Ajoutez à cela une fluidité quasi parfaite, à peine entrecoupée de quelques ralentissements rarissimes (en 3D également), et vous avez là un titre qui tient largement la route graphiquement.
Bonus, 3D et jeu Multi
MotorStorm Apocalypse sait aussi manier la carotte comme jamais, en vous faisant gagner par exemple des dizaines de cartes (150 en tout), bien cachées dans les parcours, que les collectionneurs en herbe pourront récupérer. Mais pas seulement. En effet, ces cartes permettront d'en apprendre plus sur l'histoire du jeu, sur les personnages ou encore le folklore apocalyptique assez tarabiscoté, il faut bien l'avouer. Ce n'est évidemment pas tout, puisqu'au fil de vos courses et de vos bonus glanés ici et là durant le mode Festival, vous débloquerez, en cas de victoire uniquement, la possibilité d'utiliser les 33 courses dans le mode "Pour le Fun". Ce mode propose ainsi des courses rapides qui sont répertoriées dans 4 catégories : Festival, Courses, Elimination et Poursuite. A vous de choisir d'y inclure ou non les fameuses catastrophes scriptées, le nombre de concurrents, de tours à effectuer, etc., bref, de concocter vos épreuves comme vous l'entendez. C'est dans ce même mode "Pour le Fun" qu'on trouve le jeu en ligne, qui cette fois propose des parties jusqu'à 16 joueurs (contre 12 dans le précédent volet), avec la possibilité d'être à 2 en écran splité face à 14 autres joueurs en ligne si vous le voulez. Idem pour le jeu local, avec du jeu Multi jusqu'à 4 joueurs en écran partagé qui courent avec les IA, pour un total de 16 compétiteurs. Dans l'ensemble c'est plutôt réussi, même si je ne suis pas forcément un adepte du jeu à écran partagé (split vertical ou horizontal au choix lorsqu'on joue à 2). On n'oubliera pas non plus les "Epreuves Spéciales", avec différents types d'épreuve encore, comme un objectif de temps total à battre sur plusieurs tours, ou encore un simple "Contre la Montre", pour défier vos amis ou des inconnus sur l'internet du web. Quant à la galerie Photo et aux icônes de joueur à récupérer en fonction de votre rang dans le jeu...
Vous le savez, MotorStorm Apocalypse est compatible 3D stéréoscopique. Autant l'avouer, pour l'avoir testé durant une grosse demi-heure, c'est tout simplement magnifique ! A croire que le titre a été essentiellement conçu pour mettre en valeur cette option. A tel point que ce n'est plus du tout un gadget à mes yeux (si je puis dire). Au contraire, il ajoute encore plus de profondeur et d'immersion au titre. Et les quelques ralentissements subis durant ce laps de temps ne me feront pas changer d'avis. Que les mieux équipés d'entre vous ne se privent pas, donc.
Mon MotorStorm à moi
L'un des gros "plus" de ce volet, c'est indéniablement la fonction customisation améliorée de vos véhicules. Outre le fait de pouvoir débloquer 33 pilotes au fil de votre avancée dans le jeu, il est également possible de personnaliser vos bolides et les pilotes selon 15 critères "esthétiques" (usure, coloris, autocollants, dégâts, crasse, égratignure, kits...), pour chacun des 11 éléments des voitures (roues, le châssis, les phares, le guidon, le moteur, le repose-pieds etc). Dans la fonction "Atouts", c'est encore mieux puisque là, vous allez directement influer sur les qualités intrinsèques de votre bolide. En effet, 21 bonus en tout seront déblocables et donc utilisables sur votre moto ou voiture (mais seulement 3 maximum à sélectionner à la fois) : adhérence améliorée, durée de boost accrue avant explosion, onde de choc générée à chaque casse, moins de boost utilisé pour l'éperonnage, etc. Bref, les fans de bidouillage et de personnalisation à tout va vont s'en donner à coeur joie.
Si MotorStorm Apocalypse propose dans sa partie solo du mode Festival une superbe occasion de s'éclater immédiatement sans se prendre la tête avec du grand spectacle, du fun et de l'adrénaline à son paroxysme, c'est en vérité l'ensemble du titre qu'il faut saluer bien bas pour ses options, ses modes de jeu et son Multi. Largement au-dessus du précédent volet, cet opus est enfin équilibré, agréable à prendre en mains, sans être trop bourrin... mais également complètement barré ! Bref, un défouloir de grande qualité, à conseiller aux fans de course !