Avant Red Dead Redemption, je n'étais pas un grand grand fan de westerns. Et pourtant, j'ai bien entendu pris un pied colossal à incarner John Marston à la découverte de son histoire et de cet univers. Je ne suis pas un grand grand fan de zombies et de films d'horreur gore non plus. Serait-il possible pour Rockstar de me conquérir à nouveau ? Undead Nightmare est en tout cas une première "grosse" extension, portée sur le solo, qui tape dans un registre bien différent du réalisme de l'original. Et ça fonctionne curieusement bien.
Les versions étant similaires, les tests le sont également.
Déjà, autant être clair : même si on a l'habitude avec Rockstar, on ne se fout pas de notre gueule avec ce DLC. Pour 800 Microsoft points, ou 9,99€ sur PSN, c'est un bon gros morceau d'histoire solo qui s'offre à vous, ainsi que deux "modes" multi : Undead Nightmare n'a certainement pas la dimension des extensions de Grand Theft Auto IV, mais pour son prix, c'est un DLC qui en a grave dans le ventre.
La dimension WTF
Il y en a sans doute qui se disent : "mouais, tout le monde fait dans le zombie en ce moment, c'est un peu un effet de mode". Difficile à réfuter, mais dès l'intro, lorsque John Marston se retrouve avec sa femme et son fils zombifiés dans un cauchemar qu'il ne comprend pas plus que nous, impossible de ne pas plonger devant la maestria de l'exécution - d'autant qu'en réalité, les jeux de zombie en espaces ouverts ne sont pas légion. Sûr, l'histoire paraît un peu cheesy, mais c'est tout l'univers du jeu qui s'est vu agréablement repeint de nouvelles teintes. Pas seulement visuelles, avec ses crépuscules verdâtres et ses intempéries cauchemardesques, mais aussi du point de vue sonore, avec de nouvelles musiques, des ambiances subtilement retravaillées, et une horde d'ennemis morts-vivants qui changent profondément le gameplay. Car l'épidémie a frappé partout, y compris les bestioles. Et tout le monde le sait : tant qu'on ne lui a pas explosé le crâne, un zombie continue de se relever sur deux comme sur quatre pattes. Du coup, sans visée assistée, les amateurs auront fort à faire pour nettoyer le grand ouest de ces nouvelles horreurs.
Le grand nettoyage
Ainsi, Marston s'improvise fée du logis, même s'il ne troquera pas ses armes à feu pour des plumeaux. Mais la menace à laquelle il fera face n'a plus grand chose à voir avec celle de RDR. Un zombie ne cherche pas de couverture, il vous fonce dessus. Quand ils sont plusieurs dizaines, croyez-moi, ça change du tout au tout ce qu'on a connu auparavant. Petit à petit, à force de chercher l'origine du mal et son remède, Marston croisera à nouveau la route des personnages phares de la campagne originale, avec des cinématiques et des dialogues aussi affûtés que jamais. L'humour omniprésent ne se trouve qu'enrichi par le surréalisme ambiant, et côté gameplay, entre les villes à sauver de la horde, les personnes disparues, les nouveaux défis à compléter, les quêtes secondaires et celles de l'histoire principale, les agressions aléatoires dont on peut être témoins sans trop savoir si le survivant appelant à l'aide a déjà été mordu ou pas, on ne s'ennuie pas. Il faudra élaborer de nouvelles tactiques pour survivre, comme sauter par dessus les murs ou grimper sur les toits, et surtout faire attention à ses munitions, qui auront tendance à s'épuiser bien vite. Heureusement, les anciens alliés de Marston, comme les nouveaux auront parfois de bonne idées pour renforcer son arsenal, car s'il faudra souvent savoir fuir pour survivre, il sera tout aussi courant de devoir se livrer à de véritables massacres, lesquels sont toujours particulièrement jouissifs.
Des moments difficiles
Par souci de "réalisme", plusieurs choses ont disparu. Pour commencer, la vie : frappé par cette apocalypse, le monde de Red Dead Redemption est bien moins peuplé qu'auparavant (par les vivants, s'entend). Comme en outre, il est devenu impossible de camper (c'est que ce serait profondément débile de se faire bouffer en dormant à la belle étoile), on passe dans Undead Nightmare beaucoup de temps à voyager à cheval d'un point à l'autre. Il devient d'autant plus primordial de sauver les quelques villes, qui deviennent une fois sécurisées les seuls points de sauvegarde et étapes pour voyager rapidement dans le jeu. Du coup, le rythme de l'histoire semble aussi plus lent, et on pourra parfois pester contre les longues chevauchées imposées, surtout si on n'a pas d'autre canasson qu'un cheval zombie qui refuse de filer droit. Heureusement, les quatre Chevaux de l'Apocalypse se laisseront domestiquer et pour Guerre et Mort, qui respectivement enflamment les zombies et leur font exploser la tête (Pestilence et Famine étant immortels), rendront ses voyages plus amusants. Dommage aussi, la variété et l'inventivité des missions de cette nouvelle campagne restent timides : il n'y a pas grand chose qu'on ne répète pas. Du genre nettoyer des cimetières, ramener certaines des 4 variétés ligotées de zombies à des personnages pour qu'ils les étudient, en passant par la cueillette de fleurs pour se faire des balles au phosphore. Ça manque donc un peu de variété, mais à l'image des zombies qui le peuplent, Undead Nightmare n'existe pas pour épater par son inventivité, mais bel et bien pour le massacre, le gore et l'action. De ce point de vue, ce nouvel équilibre ravira les amateurs du genre.
Plus on est de vivants, moins on plie
Personnellement, j'ai trouvé le nouveau mode multi Undead Overrun "délicieux". Après avoir choisi parmi quatre classes aux arsenaux différents conditionnant la portée à laquelle un joueur sera le plus efficace, combattre les vagues de zombie à plusieurs est un passe-temps bourré de fun. On essaie de s'organiser tant bien que mal pour ne jamais récupérer les munitions cachées dans les cercueils apparaissant entre les vagues histoire de ne pas se faire surprendre par la prochaine, et les classes se marient bien. A la fois tactique et effréné, ce nouveau mode propose un gameplay gratifiant et agréable à partager en Coopération. Mais ce n'est pas tout : côté multi, on aura droit aussi à un nouveau mode pour le "free roam", Land Grab. S'il n'est pas basé sur le versant mort-vivant du jeu mais reste ancré dans le free roam classique, il n'en reste pas moins une addition bienvenue. Il s'agit en effet de s'affronter entre joueurs pour la maîtrise de zones à partir des 7 villes du jeu. On peut l'aborder comme un boeuf en tuant les joueurs détenant une zone, ou discrètement, en s'infiltrant dans une zone capturée jusqu'au panneau pour l'activer. On peut bien sûr y jouer en groupe, ce qui s'avère d'autant plus fun, et à la fin du temps imparti pour la partie, et la somme d'XP accumulée est partagée entre les joueurs en fonction de leurs performances. Sachez en outre que si seuls ceux qui possèdent Undead Nightmare peuvent initier une partie de Land Grab, tous les joueurs peuvent y participer : un moyen indirect de goûter à l'exercice sans avoir l'extension, et de jouer avec ses amis même s'ils ne l'ont pas.
Même si cette nouvelle aventure d'Undead Nightmare aurait pu être un peu plus variée, on ne peut une fois de plus que saluer le talent du studio Rockstar. Impeccablement retranscrite et se mariant particulièrement bien avec la thématique western, cette retranscription du classique mythe des morts-vivants est à la fois complète et réussie. Le gameplay s'en trouve profondément changé, et une fois de plus, le rapport qualité / prix de l'ensemble reste son meilleur argument.